Le nom de Ben Lamm n'est toujours pas un household name, mais la boîte qu'il dirige fait les grands titres à Maurice et à l'international depuis quelque temps. Colossal, une compagnie spécialisée en ingénierie génétique, a pour projet de ramener à la vie des races éteintes, comme le mammouth laineux ou encore, notre dodo national. Ben Lamm était invité au festival South by Southwest (SXSW) du 10 au 19 mars aux États-Unis et pendant plus d'une heure, il a répondu aux questions sur ce projet. Loïc Forget, Business Development Manager de La Sentinelle, y était.
Le projet de ramener le dodo à la vie a été largement commenté. Avec une multitude de détails techniques qui échappent au commun des mortels, Ben Lamm a expliqué les difficultés auxquelles une entreprise avec de tels projets fait face, mais il a quand même confirmé que son équipe est déjà au stade de la formation d'embryons. Mais ramener les espèces n'est pas la seule ambition de Colossal ; il y a aussi la modification génétique. Il prend l'exemple des éléphants, dont la population est en déclin. Serait-il souhaitable de modifier les espèces pour les rendre plus tolérants au froid, par exemple ? "C'est le type de discussions que nous avons en ce moment avec des groupes d'environnementalistes", avance-t-il.
Mais revenons au dodo. Quand le verra-t-on marcher à nouveau dans nos forêts ? C'est justement un autre point important de tout ce projet. Il faudra, avant tout, avoir des forêts. Puis une étude sur les espèces qui ont décimé l'oiseau. "La provenance de l'ADN est pour le moment secondaire. Il est aussi important d'analyser l'impact de l'espèce sur l'écosystème actuel", avance Ben Lamm, qui ajoute dans la foulée, que l'environnement où évoluera l'oiseau légendaire sera crucial. De ce fait, une collaboration avec les ONG locales est à l'agenda quand ce projet aboutira.
Tout cela pour dire que Colossal n'a pas l'intention d'apporter la solution à la crise de biodiversité qui frappe le monde actuel. "Ce que la compagnie fait, c'est mettre cette crise au centre des débats. Nous développons des outils qui aideront grandement les acteurs de ce secteur, surtout que c'est un domaine qui fonctionne avec très peu de fonds. Ils n'ont même pas les fonds pour financer leurs projets en cours, donc développer la nouvelle technologie pour les aider est impossible. C'est là que nous intervenons", avance le CEO.
Cependant, le développement de la technologie environnementale de Colossal n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière et Ben Lamm est le premier à le reconnaître. La faute à l'humain. "L'humanité détruit constamment son environnement. Donc, nous devons constamment nous adapter et développer les outils appropriés." Mais tout cet argent ne serait-il pas plus approprié s'il était versé directement aux groupes qui oeuvrent sur le terrain ? Il fait ressortir que sur son site, il y a les liens vers les groupes avec lesquels il travaille et qu'il est possible de faire des dons directement. Mais plus important, précise le scientifique, c'est que les fonds qui financent Colossal ne proviennent pas de groupes connus. "Nous n'avons pas approché la Gates Foundation et les autres groupes qui financent les projets de conservation pour nous financer. Leurs fonds pour ces projets environnementaux vont toujours à ces projets. Je n'ai pas, moi, les connaissances pour aider la protection des rhinocéros, par exemple. J'avance dans ce que je sais faire."