Afrique: Au Mali, KotEsope et BiBook valorisent la francophonie

Ce lundi 20 mars est célébrée la Journée internationale de la Francophonie. Pour cette année 2023, le thème retenu par l'Organisation internationale de la Francophonie est " 321 millions de francophones, des milliards de contenus culturels ". Il s'agit de valoriser la création de contenus culturels, et surtout faciliter leur diffusion et leur accès sur internet.

Au Mali, l'association d'artistes Culture en Partage a lancé le projet KotEsope sur le réseau social TikTok et sur YouTube. " KotEsope " est la contraction de " kotéba ", le fameux théâtre traditionnel malien, et d'" Esope ", écrivain du VIe siècle avant JC, considéré comme l'inventeur de la fable, qui inspirera Jean de La Fontaine, Phèdre ou encore Charles Perrault, et à qui l'on prête parfois des origines africaines.

KotEsope, le kotéba en fables

Avec une série de 18 saynètes vidéos de cinq minutes, KotEsope met en scène les fables d'Esope sous la forme d'un kotéba avec deux comédiens, l'un qui parle en bambara, une des langues maliennes, et l'autre lui répondant en français. Depuis leur mise en ligne il y a seulement quelques mois, ces vidéos ont cumulé plus d'un million de vues sur TikTok.

" L'ensemble de la petite histoire contenue dans la fable est ainsi raconté en bambara et en français, donc quelqu'un qui ne connaît pas le français mais connaît le dioula, le bambara, le malinké etc comprend tout, et inversement ", explique Jean-Louis Sagot-Duvauroux.

Cet écrivain et dramaturge français, qui vit entre le Mali et la France, a adapté ces fables d'Esope à la malienne : " Cela permet de voir comment ces deux langues jouent, notamment au Mali où le français est peu à peu devenu une langue d'usage qui se mêle dans la conversation avec les langues locales. "

" KotEsope a également une fonction pédagogique. On est en train de faire un gros travail avec un réseau de treize établissements scolaires de Bamako. Le français est la langue d'enseignement, mais les élèves arrivent souvent sans la comprendre, car on ne la parle pas au sein de leur famille. C'est très difficile d'apprendre l'histoire, le calcul, dans une langue qu'on ne comprend pas. Avec KotEsope, on a un concept qui permet de se familiariser, d'en faire quelque chose qui fait partie de leur imaginaire, de retenir des mots aussi car on termine toutes les saynètes par un mot particulier qu'on met en avant ", poursuit-il.

BiBook, l'application littéraire par et pour l'Afrique

L'application BiBook, mélange de bambara et d'anglais qui peut se traduire par " livre d'aujourd'hui ", propose gratuitement un catalogue d'ouvrages choisis minutieusement, les thèmes abordés étant centrés sur l'Afrique et les histoires qui lui sont liées. Par exemple, sur la vie de l'Américain Frederick Douglass, le célèbre esclave affranchi, ou encore sur Askia Mohammed, souverain de l'ancien empire Songhaï dans l'actuel Mali. Ce dernier est d'ailleurs le livre le plus téléchargé de l'application créée en 2019 et qui enregistre déjà plus de 35 000 téléchargements.

" On fait la promotion de la lecture, du parler en français aussi car la plupart de nos cafés littéraires dans les écoles se déroulent dans cette langue ", détaille Luke Tamou Koné, développeur et directeur de BiBook, pour qui ces contenus culturels sont les meilleurs vecteurs de la langue française.

" On encourage les jeunes à écrire du contenu qui parle de nous, de notre histoire, de notre culture, qui nous encourage à la consommer, à produire autour de ce que nous vivons et à avoir un engagement littéraire. Car si ce que tu écris est de bonne qualité, ça se diffuse au moins dans ta région d'origine. C'est un grand coup de pouce que BiBook donne à la langue française ", reprend-il.

L'application BiBook est actuellement en refondation. Elle devrait être de nouveau disponible au mois d'avril 2023. Forte de son succès, l'équipe va installer une option payante pour diffuser et soutenir les livres d'auteurs africains contemporains.

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