Sénégal: Littérature et édition - Le Salon du livre de Thiès délocalise sa 6ème édition à Saly

19 Mars 2023

Le Salon international du livre de Thiès (Silt) installe ses quartiers à Saly-Portudal pour sa 6ème édition. Quatre jours durant, cette activité se veut un rendez-vous d'échanges entre écrivains, éditeurs et lecteurs. La réflexion sur le devenir de l'Afrique sera au coeur des discussions.

MBOUR - La ville de Saly abrite, depuis jeudi et pour quatre jours, la 6ème édition du Salon international du Livre de Thiès. Un rendez-vous culturel à l'initiative de Fama Editions qui y a convié auteurs, éditeurs, lecteurs, entre autres, pour des échanges. "Les écrivains travaillent dans la solitude et semblent se replier sur eux-mêmes. Ils ont besoin de réfléchir sur ce qu'ils font, si bien qu'ils sont caractérisés par leur solitude. Mais après, on a besoin d'une sorte de service après-vente, de rencontrer le public, d'échanger", a soutenu Moustapha Ndéné Ndiaye, directeur de la structure et président du Salon. Selon lui, une idée n'a d'importance que parce qu'elle est partagée et le rendez-vous est l'occasion de mettre en relation les acteurs du livre. "Les idées qui sont véhiculées, écrites, produites par des personnes et qui, dans la logique du partage, se retrouvent dans des salons, dans des émissions, etc. Donc le Salon du Livre de Thiès, comme tous les grands rendez-vous littéraires, a la vocation de mettre en relation écrivains, éditeurs mais aussi élèves ainsi que tous ceux qui s'intéressent à la littérature. C'est une plateforme d'échanges avec tout le monde", a-t-il ajouté.

Sur le choix de Saly-Portudal après Thiès, il a fait noter que la cité balnéaire "offre une plateforme internationale où le Silt trouve une terre de prédilection. Elle offre une ouverture sur le monde dans un contexte où plusieurs visiteurs arrivent avec des idées autres que les nôtres. Le Salon est l'occasion d'échanger avec eux".

Parrain de cette édition et succédant ainsi à d'illustres collègues comme Ken Bugul, Andrée Marie Diagne ou encore Mbaye Gana Kébé, Boubacar Boris Diop s'est félicité du choix porté sur lui. L'auteur, entre autres, de "Murambi ou le livre des ossements" s'est réjoui du dynamisme du secteur qui s'enrichit d'évènements qui mettent en relation divers acteurs du monde littéraire. "En matière de littérature, le Sénégal se porte bien parce qu'il y a beaucoup d'évènements : il y a non seulement la Fildak qui va renaître après une éclipse relativement longue, mais également ces petits évènements (Filid, Silt, etc.), sans parler du Salon du livre organisé par le Ministère de la Culture ", a-t-il apprécié.

L'écrivain, en se livrant à son exercice favori, plonge dans la solitude, dans l'incertitude, a estimé Boubacar Boris Diop. Il a ajouté : "Au fond, on écrit sans avoir été mandaté par personne. On prend sa plume, on raconte l'histoire et on dit au monde entier " écoutez-moi, j'ai quelque chose à vous dire ". Et nous sommes très nombreux à le faire. Alors, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus". D'où la pertinence, à ses yeux, d'aller à la rencontre du public. Lequel a l'occasion, pendant quatre jours, de communier avec les auteurs mais également de visiter les 27 stands d'exposants qui ont répondu à l'appel.

Réfléchir sur le futur de l'Afrique

La présente édition du Salon du livre de Thiès a pour thème : "L'Afrique face à elle-même, enjeux d'écriture". Un sujet arrêté par le Comité scientifique qui est d'actualité et qui n'a pas été choisi par hasard, selon le président du Salon. "L'Afrique qui vient, comme on dit génériquement, cette Afrique riche mais cette Afrique qui vit dans un monde où beaucoup de repères ont bougé, où les grandes nations se positionnent. Il est évident que nous devrions, nous aussi, nous positionner par, d'abord, une réflexion à travers ce miroir", a souligné Moustapha Ndéné Ndiaye. Il a estimé qu'il est important que les Africains puissent d'abord être conscients de ce qu'ils détiennent, ce qu'ils sont en termes d'enjeu par rapport au monde.

"Naturellement, on dira que la littérature est loin des grands enjeux économiques. Je ne le crois pas trop souvent, parce que dans le monde tel qu'il est, en acceptant de réfléchir, de produire des idées, un peuple finit par toucher à l'essentiel", a soutenu le Directeur de Fama Editions. Selon lui, "la littérature est forcément au coeur des grandes réflexions, surtout celles de cette Afrique qui vient au monde troublé mais où, petit à petit, elle prend sa place de manière inéluctable et elle va gagner parce qu'elle sera au sommet du monde". C'est l'espoir, la conviction qu'il dit nourrir : "C'est cela aussi, la littérature, une somme de rêves, mais souvent, qui s'inscrivent dans la réalité".

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