Tunisie: Crise interminable de l'enseignement - Faut-il en arriver aux solutions extrêmes ?

20 Mars 2023

Avec toute la bonne volonté du monde, les chances de résoudre la profonde crise entre le ministère de l'Education et les parties syndicales semblent très réduites.

Malgré les dispositions affichées par le nouveau ministre à tout faire pour aboutir à une solution favorable et acceptable pour toutes les parties, les structures syndicales s'en tiennent toujours à leur ligne dure. Pour preuve, leur dernier communiqué.

La teneur de ce document ne laisse aucune issue devant ceux qui espèrent parvenir à un résultat concret et à leur tête les élèves et leurs parents.

Recours aux heures supplémentaires

Dans ce communiqué en date du 13 mars, la Fges, par exemple, passe en revue la longue liste des revendications. Elle relève toutefois une certaine avancée dans les négociations. Les trois rencontres des 15 et 22 février et du 1er mars auraient permis d'apporter des réponses à certaines demandes. Ces résultats ont été minimisés par la Fges qui juge que le niveau espéré n'a pas été atteint. Ce qui n'empêche pas que beaucoup reste à faire en vue de résoudre des questions considérées comme très importantes.

Les nombreux points en suspens concernent l'effet fi nancier rétroactif des promotions professionnelles (2022-2023), ainsi que la revalorisation de la prime de rentrée scolaire et son effet fi nancier rétroactif pour les années 2020-2021-2022. La Fges attend, également, la publication des textes de loi qui devraient permettre l'application des clauses de l'accord du 9 février et une clarification du processus de régularisation des enseignants en situation "précaire". De toute évidence, de telles revendications constituent, à n'en point douter, un pactole difficile à mobiliser dans la conjoncture actuelle.

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Cela dépasse la capacité de l'État. En somme, la fin du conflit n'est pas pour bientôt. Un aussi grand nombre de demandes n'est pas aisé à satisfaire. Ce qui va pousser les pouvoirs publics à chercher d'autres voies. On ne peut pas ne pas penser aux solutions extrêmes.

C'est l'état d'urgence dans lequel le secteur de l'éducation se trouve qui dicte l'éventuelle adoption de telles mesures exceptionnelles. Le recours aux heures supplémentaires et l'abandon de la politique contractuelle avec les enseignants objet du conflit insoluble sont à envisager. Pour le premier point, il s'agit de remettre en place le système déjà utilisé depuis longtemps et qui consiste à charger les enseignants titulaires d'effectuer des heures supplémentaires pour remplacer les heures des enseignants suppléants qui refusent d'enseigner.

A cet effet, il sera question de voir tous les aspects juridiques susceptibles de mettre en oeuvre cette démarche extrême. Les heures ainsi réparties entre les enseignants exerçant de façon normale, on pourrait parvenir à combler les heures boycottées par les enseignants suppléants. La revalorisation de ces heures supplémentaires aurait un effet incitatif auprès des enseignants anciens.

Le conflit ne peut plus durer

Dans ce cas (et on en vient au second point), les enseignants suppléants ou contractuels qui refusent d'accomplir la tâche pour laquelle ils ont été désignés auront à choisir entre rester dans l'enseignement et accepter une régularisation progressive sur quelques années ou chercher une autre carrière.

Si les conditions actuelles de l'enseignement ne répondent pas à leurs attentes, on ne comprend pas pourquoi ils y tiennent à ce point. Les syndicats ne font que prolonger les souffrances des uns et des autres en voulant livrer bataille dont les victimes directes sont, paradoxalement, ces mêmes enseignants. Et, bien sûr, notre école et nos élèves. Combien d'années encore devra durer ce feuilleton triste qui a exaspéré tous les Tunisiens et assène un coup fatal à tout le système éducatif ?

Le chantage a trop duré et il est temps d'y mettre fi n par tous les moyens et, notamment, par la voie juridique. Aussi n'est-il pas étonnant de voir que la société civile manifeste sa réprobation du comportement des responsables syndicalistes.

A cet effet, un groupe de parents a adressé à la Fges un huissier-notaire pour lui signifier qu'il a déposé une plainte à son encontre auprès de la justice pour sa rétention des notes des élèves. Force est d'admettre que le temps passe et qu'aucun signe positif ne pointe à l'horizon. Par conséquent, il faut impérativement que les choses bougent dans le bon sens. C'est-à-dire dans le sens d'une solution radicale. Rien ne permet, aujourd'hui, de tergiverser ou de bloquer la bonne marche de notre système éducatif. Rien, non plus, n'autorise à hypothéquer l'avenir de centaines de milliers d'élèves.

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