Ancien Député National, Ancien Vice-Ministre des Affaires Etrangères et actuel Vice- Président du Regroupement Politique Le Centre, Yves Kisombe passe, ici, à l'analyse, l'action de l'actuel Gouvernement placé sous la férule de Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, depuis plus de deux ans. Dans une interview exclusive, ce bras séculier de Germain Kambinga Katomba, le Président de ce Regroupement, revient notamment, sur les conditions dans lesquelles ce gouvernement avait été constitué, du temps, évidemment, de la défunte coalition FCC-CACH, il retrace, dans un langage accessible au commun des mortels, toutes les péripéties allant aussi bien du programme d'action qu'aux réalisations estompées, à maintes reprises, par des effets pervers de la crise due à l'explosion de la pandémie de COVID-19 et, surtout, avec le recul des temps, à cette affaire devenue épineuse de la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda dont l'insécurité récurrente et généralisée auront eu, certainement, une incidence impromptue sur le fonctionnement normal des institutions et la poursuite du processus électoral, tel que projeté à fin décembre 2023. Décryptage.
Interview exclusive avec M. Yves Kisombe, Vice-Président de Le Centre
Quel bilan faites-vous de l'action du Premier Ministre SAMA à la tête du Gouvernement de la RDC ?
Sama Lukonde et donc du Premier ministre me semble tout à fait honorable compte tenu des circonstances et de l'état général du pays .N'oublions pas qu'au moment où le premier ministre est nommé, 2 ans, le pays traverse une crise politique sans précédent et les enjeux économiques et sociaux sont tels que personne ne donne cher de cet attelage composé d'un pari pour la jeunesse fait par le Président de la République .Sur le plan politique il y avait à construire une nouvelle majorité; sur le plan économique, le pays était au bord de la banqueroute avec les effets de la crise de Covid-19 ; sur le plan social, de nombreuses revendications et une grogne sociale liée aux espérances non réalisées par l'ancien gouvernement.
Au regard de ce tableau sombre de départ nous avons tout de suite observé des performances sur l'amélioration des recettes, la dynamisation de l'IGF, la rationalisation des objectifs de gouvernance avec de vastes projets ,le lancement du projet des 145 territoires ,l'indexation progressive du salaire des agents publics de l'Etat au niveau d'évolution de l'inflation et tant d'autres choses qui, au final, malgré certains écueils, nous amènent à considérer comme appréciable l'action du Premier ministre Jean-Michel SAMA LUKONDE KYENGE.
Il semble que la population soit beaucoup moins optimiste que vous, au regard de la dégradation du pouvoir d'achat lié à la hausse généralisée des prix ?
La RDC ne vit pas en vase clos et se présente d'ailleurs comme une économie extravertie .Le choc lié à la crise sécuritaire en Ukraine ne nous épargne pas, loin de là, ni l'image de l'ensemble des pays du monde. Nous accusons le coût.
Ce qui est essentiel ici comme questionnement c'est plutôt comment réagit la RDC face à tous cela. La réponse est claire : au regard de ce qui se passe ailleurs et comparativement aux autres pays africains, la RDC fait preuve d'une forte résilience, car les fondamentaux macroéconomiques tiennent. Les fluctuations observées ne sont pas de nature à perturber fondamentalement la possibilité d'un retour à la normale rapidement. L'essentiel est préservé car, l'on peut penser que sans une gouvernance sérieuse, le cadre macroéconomique aurait totalement éclaté et les institutions de Bretton Woods nous auraient fait remarquer la nécessité de constater un échec de nos politiques de riposte face au choc; ce qui n'est pas le cas .
Des rumeurs de changement de gouvernement sont de plus en plus persistants. Qu'en pensez-vous ?
A quelques mois des échéances électorales, il ne me semble pas pertinent de changer de premier ministre alors même que l'essentiel des actions devant constituer le bilan du chef de l'État repose sur les actions en cours d'achèvement dont il a la maîtrise. Il faut plutôt souhaiter que, dans une cohérence renforcée. La majorité autour du président de la République intériorise l'urgence d'accélérer la finalisation d'un catalogue d'actions
L'insécurité à l'est est une problématique centrale pour les Congolais. Le gouvernement est-il à la hauteur au moment où on constate plutôt un renforcement des positions de la rébellion du M23 ?
L'insécurité dans la partie Est de la RDC est une problématique qui touche tous les patriotes et cela nous exige un sursaut patriotique sans ambiguïté. Le Président de la République, Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO a démontré sa ferme volonté d'en finir avec cette sale guerre en augmentant à plus de 800 millions $ les dépenses de l'armée. Le front diplomatique est fortement mobilisé, en manière telle que l'image du Rwanda, soutien malheureux affiché du M23, est totalement écornée et la réalité de cette guerre est dorénavant à l'agenda de la communauté internationale. Nous devons, plutôt que de critiquer pour critiquer, encourager notre armée car c'est le seul rôle qui doit être celui d'un patriote en temps de guerre.
2023, année électorale. Vous y croyez, vous, les membres du CENTRE ?
Le CENTRE a toujours milité pour le respect de la constitution. Cependant, nous ne faisons pas de fixisme sur cette question. Il nous semble, en effet, que, d'une part, nous avons une CENI qui fait son travail avec sérieux, et nous félicitons Denis Kadima Kazadi, son Président, pour cette célérité qu'il met dans l'accomplissement de sa mission ; mais, de l'autre côté, nous avons aussi une guerre que nos forces armées mènent chaque jour pour défendre et récupérer des pans du territoire aux mains des ennemis de la patrie .
Au regard de ces différents paramètres, le Centre souhaite simplement que la paix et la préservation des acquis soit le maître-mot, quelle que soit la situation qui s'imposera à nous du fait des réalités de terrain.