Dr Annette Seck, Ministre auprès du Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur en charge des Sénégalais de l'extérieur, a exprimé sa satisfaction, après la tournée économique du Président de la République dans la région de Sédhiou. La présidente du Conseil départemental de Sédhiou souligne que cette région a enclenché son envol économique qui va être amélioré avec le nouveau programme triennal d'investissement de 400 milliards de francs Cfa. Elle a assuré aussi que les autorités sénégalaises suivent la situation en Tunisie où environ 180 Sénégalais s'étaient inscrits pour un rapatriement volontaire. 76 sont déjà de retour et les autorités tunisiennes ont fait beaucoup baisser la tension.
Madame le Ministre, le Président de la République a effectué une tournée économique du 27 février au 4 mars 2023 dans votre région Sédhiou. Quel bilan en tirez-vous ?
Je dirais un bilan très satisfaisant. Lors de cette tournée de presque une semaine consacrée à la région de Sédhiou, le Président a mené des activités phares. Il y a eu le Conseil présidentiel territorialisé qui a réuni toute l'administration territoriale, tous les élus, tous les acteurs de développement autour du bilan de la région. Il y a eu ce Conseil des Ministres délocalisé où les 19 mesures qui vont encadrer le plan d'investissement triennal ont été validées. En dehors de cela, le Président de la République a inauguré les livrables. Ces livrables faisaient partie du plan d'investissement du dernier Conseil des Ministres délocalisés qui sont, notamment le pont de Marsassoum baptisé Famara Ibrahima Sagna, l'hôpital régional Amadou Tidiane Ba, le Centre de formation professionnelle en agroforesterie de Bounkiling et évidemment la pose de la première pierre de la maison de la jeunesse et de la citoyenneté du département de Bounkiling, le lancement du programme de désenclavement avec la réalisation de la boucle du Pakao. Il y a eu aussi des rencontres avec les élus, les chefs coutumiers, les jeunes dans un cadre de " Jokko Ak Macky ".
Le Président a annoncé un Programme d'investissement prioritaire triennal (2023-2025) de 400 milliards de FCfa pour la région. Comment jugez-vous ce programme en tant que présidente du Conseil départemental de Sédhiou ?
400 milliards de Fcfa, c'est deux fois plus que l'enveloppe qui avait été destinée à la région de Sédhiou lors du premier Conseil des Ministres délocalisés de 2015. Ce qui veut dire que nous avons, aujourd'hui, espoir qu'avec ce plan d'investissement, la jeune région (créée en 2008) va prendre définitivement et durablement son envol économique et social. Ce programme est plus qu'ambitieux, mais réalisable parce qu'il va permettre, d'abord, de consolider les acquis et ensuite de combler les gaps d'une demande sociale forte des populations.
Ce plan d'investissement va tourner autour du renforcement du maillage sécuritaire, du désenclavement intégral de la région avec la finalisation de la deuxième phase de la boucle du Boudié, du lancement de la boucle du Pakao qui va permettre le désenclavement du département de Goudomp, assurer la continuité de toute la Casamance ; le Pont de Témento de Goudomp dénommé Balla Moussa Daffé, celui de Diocounda, l'amélioration du transport fluvial. Ce sera également la consolidation de la vocation agricole de la région de Sédhiou. Le cheptel n'est pas laissé en rade.
Sédhiou, qui a longtemps souffert d'enclavement, a bénéficié d'importantes infrastructures dont certaines ont été inaugurées lors de la tournée du Président Macky Sall. Est-ce que depuis 2012, le visage de la région est en train de changer à votre avis ?
Le visage de Sédhiou a changé. Il a changé déjà avec la construction du pont de Farafenni, grâce au leadership conjugué des Présidents Macky Sall et Adama Barrow. Ce pont constitue la première phase du désenclavement de la Casamance. Ensuite, la boucle du Boudié qui s'ouvre totalement vers les Kalounayes et qui permet une continuité de toute la Casamance. Ce désenclavement va se poursuivre avec le programme triennal.
Lors des dernières élections locales, la coalition Bby a remporté le scrutin dans le département, mais elle a perdu lors des élections législatives. Comment expliquez-vous cette perte du département ?
Il faut que l'on comprenne qu'aujourd'hui, le Sénégal est une démocratie majeure. Les populations ont compris l'importance de leur suffrage. Elles ont également compris que ce suffrage était quelquefois un moyen de faire passer un message qui n'est pas forcément un message de désengagement, qui pourrait être compris comme un désamour entre eux et la coalition. Je pense que la défaite de Sédhiou et celle de Goudomp constituent une erreur d'appréciation des populations qui, à mon avis, l'ont regrettée amèrement. À travers la présence du Président de la République, elles lui ont prouvé que le cordon ombilical n'était pas rompu. Évidemment, quand il y a une défaite, elle doit être évaluée. Cette visite du Président de la République nous a permis de comprendre que c'est ensemble, dans la cohésion et dans le consensus, que nous parviendrons à relever tous les défis avec les populations.
Comment comptez-vous reprendre la majorité politique au sein du département lors des prochaines échéances électorales ?
Par le travail et par une démarche concertée et harmonieuse de tous les responsables politiques de la région. Je lance un appel, à la suite du Président de la République, à tous les responsables politiques de la région et de la coalition Bby, afin que dans un sursaut dynamique, nous levions toutes les équivoques et que nous marchions et triomphions ensemble. Pour cela, nous devons continuer le travail de proximité, faire de sorte que les populations comprennent bien que ces politiques publiques sont faites, réalisées et mises en oeuvre pour elles.
Actuellement, les subsahariens vivent dans l'angoisse suite à des propos jugés racistes du Président tunisien, Kaïs Saïd. Qu'est-ce que le Ministère des Affaires étrangères fait pour venir en aide aux compatriotes qui sont en Tunisie et combien de Sénégalais il y a actuellement dans ce pays ? Est-il envisagé un rapatriement ?
On estime le nombre de Sénégalais en Tunisie à environ 1200. Mais ce chiffre peut ne pas être exhaustif parce que 800 Sénégalais seulement sont régulièrement immatriculés. Dès que les évènements sont survenus, il y a eu cette nécessité de mettre en place une assistance consulaire plus accrue pour nos compatriotes de ce pays. Une cellule de crise a été mise en place par notre ambassadeur à Tunis et un numéro vert accessible à tous les ressortissants. On compte environ 180 compatriotes qui se sont inscrits pour rentrer volontairement (Ndlr : l'interview a été réalisée le 10 mars 2023). Nous sommes en train d'organiser tout ça pour faire en sorte que ce rapatriement, s'il a lieu, se passe dans les meilleures conditions pour nos compatriotes. Présentement, aucun Sénégalais n'est arrêté ni expulsé en Tunisie, mais il y a la possibilité de rapatrier nos compatriotes en situation irrégulière. Nous sommes en train de travailler sur les dispositifs adéquats pour répondre à leur attente dans de meilleurs délais.
Depuis lors, les autorités tunisiennes ont essayé de baisser la tension dans le cadre de l'apaisement. Elles ont pris quelques décisions administratives, notamment la délivrance de la carte de séjour d'un an pour les étudiants des pays africains ; le délai d'obtention de la carte de résidence est passé de 3 mois à 6 mois parce quand on arrive en Tunisie, on avait trois mois pour se mettre en règle. Pour ceux qui ont des difficultés avec les services de l'administration, pour situation irrégulière, la pénalité qui avait été mise en place a été levée par les autorités tunisiennes. J'en appelle à la raison de part et d'autre pour ne pas exacerber la crise, surtout en partageant, sur les réseaux sociaux, des informations qui ne sont pas authentiques. Il faut attendre les informations des missions diplomatiques sur place ou du Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur.