Dakar — Le "recul" de la liberté de la presse au Sénégal est une appréciation donnée par ceux qui n'écoutent que ce que dit l'opposition sénégalaise sur ce sujet, a soutenu le président de la République.
"Ceux qui parlent d'un recul de la liberté de la presse au Sénégal ne font qu'écouter notre opposition, pour laquelle nous sommes la pire démocratie qui soit", a dit Macky Sall dans une interview donnée à l'hebdomadaire français L'Express.
Selon le journal, le Sénégal a reculé de 24 places au dernier classement établi par Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse dans le monde.
"Regardez le paysage médiatique du Sénégal : nous avons au moins une trentaine de quotidiens aussi libres les uns que les autres. Il n'y a absolument aucune limitation sur la liberté de la presse", a-t-il fait valoir.
"Cependant, il ne faut pas tout confondre : le journaliste arrêté récemment ne l'a pas été pour délit de presse", a argué M. Sall.
Il fait allusion à l'arrestation survenue le 7 mars du journaliste Pape Ndiaye, un chroniqueur judiciaire de la chaîne privée Walf TV.
Ndiaye est accusé de diffusion de fausses nouvelles, selon l'avocat Moussa Sarr, chargé de sa défense.
Il est également poursuivi en justice pour les délits de provocation d'un attroupement, d'outrage à magistrat, d'intimidation et de représailles contre "un membre de la justice", de diffusion de propos jetant le discrédit sur un acte juridictionnel et de mise en danger de la vie d'autrui, selon le bureau à Dakar de RSF pour l'Afrique subsaharienne.
Pape Ndiaye, qui risque jusqu'à trois ans de prison, attend d'être auditionné par un juge d'instruction.
"La justice sénégalaise est reconnue pour son impartialité", a soutenu Macky Sall.
"Comment un individu peut-il insinuer gratuitement que le président de la République a versé 12 millions d'euros (7,8 milliards de francs CFA) à Marine Le Pen ? Dans ce courrier, il me demande si j'ai donné cet argent. Demain, certains diront que je l'ai fait", a dit le chef de l'Etat à L'Express.
Il parle de l'ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré. Ce dernier demande que Macky Sall dise s'il a remis ou pas ce montant à l'opposante française lors d'une audience qu'il lui a accordée à Dakar.
"S'il (Cheikh Hadjibou Soumaré) possède la preuve d'un tel financement, qu'il la fournisse ! On ne peut pas lancer ainsi des accusations sans preuves, puis, lorsque la justice est saisie et effectue son travail, crier à la chasse aux opposants. C'est trop facile", s'est défendu Macky Sall.
Depuis le 10 mars, M. Soumaré est placé sous contrôle judiciaire pour ses propos.