Tchad: D'anciens rebelles entrent en politique

Cette décision fait suite à la signature de l'accord de Doha en août 2022. Mais elle ne concerne qu'une minorité de combattants.

Ils sont trois à avoir franchi le pas vers l'action politique : le Front national pour la démocratie et la justice au Tchad fondamental, le Front populaire pour la libération, ou encore Les Patriotes, créé par des transfuges du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République.

Abdallah Chiddi Djorkodei est le chef du Front national pour la démocratie et la justice au Tchad, par ailleurs président du comité supérieur des politico-militaires pour le suivi de l'accord de Doha :

"L'accord nous donne la possibilité de transformer nos mouvements politico-militaires en partis politiques ou associations, donc ça dépend du choix du mouvement signataire. Comme nous avions montré notre patriotisme, nous avons jugé utile de transformer le mouvement politico-militaire en parti politique le temps que le processus de désarmement démobilisation et réinsertion (DDR) commence. Nous voulons aussi apporter notre contribution pendant cette période transitoire".

Privilégier les idées plutôt que les armes

Une décision saluée par le gouvernement tchadien qui invite les autres mouvements à saisir la main tendue des autorités militaires de transition. "Cela permet à ce qu'il y ait un débat d'idées et non plus des conflits armés pour essayer de résoudre les problèmes liés à la refondation de notre pays", estime Azizi Mahamat Saleh, ministre tchadien de la Communication et porte-parole du gouvernement. "Donc on ne peut que s'en réjouir. Cette main tendue reste ouverte à toutes les actions qui vont dans le sens de pouvoir fermer définitivement la voie des armes pour la conquête du pouvoir dans notre pays."

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Risque de rupture

Mais la transformation de ces groupes armés en partis politiques, sans le désarmement et la réinsertion de leurs combattants, fait que certains d'entre eux pourraient être oubliés. C'est ce que redoute l'universitaire Evariste Ngarlem Toldé : "Sans que leur combattants ne soient dédommagés, ne soient démobilisés, je crains bien qu'il y ait une rupture entre ceux qui vont opter pour la politique et ceux qui vont continuer à rester l'arme aux pieds et qui ne voudront pas rejoindre ces partis politiques. C'est difficile."

Malgré tout, cette évolution reste minoritaire. 18 autres mouvements politico-militaires tchadiens non signataires de l'accord de paix de Doha continuent d'exiger de la communauté internationale, notamment des Nations unies, de l'Union africaine et de l'Union européenne, l'organisation d'un dialogue sincère pour la paix.

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