Dans la nuit du 4 au 5 mars, une vingtaine de personnes -dont des adolescents- ont été kidnappées dans le nord du pays. Ces enlèvements succèdent à ceux qui ont lieu du 27 au 28 février.
Selon les membres de la société civile et les deux rescapés, qui se sont exprimés à leur retour dans leur village, tout porte à croire que ces enlèvements de masse seraient l'oeuvre de l'armée de résistance du seigneur (LRA).
C'est aux alentours de quatre heures du matin que les ravisseurs sont entrés à son domicile. Ferdinand Bamboli Kena a pu s'enfuir de la localité où il avait été conduit par ceux qui l'ont kidnappé. Il précise, tout comme l'autre jeune qui a été relâché, que les personnes qui les ont enlevées s'exprimaient en Acholi (une langue parlée en Ouganda) et en Zandé (langue parlée par le peuple Azandé en RCA, au Congo Kinshasa et au Soudan du Sud).
" J'étais à la maison, je dormais. Aux alentours de 4h du matin, j'ai été réveillé par un bruit. J'ai remarqué que la porte de la maison était ouverte, j'ai vu un homme habillé en tenue militaire, qui portait une arme. Ils étaient plusieurs, ils m'ont pris et m'ont amené dehors. Ils m'ont demandé de les amener là où se trouvent les autres membres de ma famille. J'ai alors vu qu'ils avaient attrapés plusieurs personnes qui étaient assises parterre. De là, ils nous ont amené vers une autre localité," confie l'ex otage à la Deutsche Welle.
Une vingtaine de personnes toujours captives
Ferdinand a réussi à s'enfuir, contrairement aux 28 autres personnes, majoritairement des adolescents, toujours en captivité. Théophile Zaggbina, coordinateur de la société civile à Banda, précise que ces rebelles identifiés comme appartenant à l'armée de résistance du seigneur (LRA), ont fait une incursion premièrement dans le village de Nambagu qui est à 22km du centre de Banda.
Il revient en détail sur la chronologie des récents évènements qui ont secoué sa province. "A Nambagu, ils ont enlevés six enfants plus le chef de localité et l'infirmier technicien du centre de santé. Les adultes ont été relâchés deux heures plus tard et les six enfants kidnappés ont été acheminés vers une autre localité, à Zamoyo. Là, ils ont enlevés cinq autres enfants. Ceci s'est passé la nuit du 27 au 28 février. Dans la nuit du 04 au 05 mars, ils ont enlevés cinq autres enfants qui jusque là sont encore en captivité. Au total, ils ont enlevés 30 enfants, ils en ont relâché un, l'autre s'est enfui et il en reste donc 28 en captivité dans la brousse. "
Pourquoi la LRA est toujours active en RDC ?
Cela va faire plus de quinze ans que la LRA est active au nord de la RDC rappelle Adolphe Agenonga, professeur à l'université de Kisangani. Cependant, le groupe a fait l'objet de plusieurs opérations militaires qui ont fragilisés sa chaîne de commandement sans pour autant l'anéantir. Elle continue à être responsable d'attaques sporadiques.
"Au moins trois facteurs pourraient permettre une compréhension lucide de ces dynamiques. Le premier facteur c'est la faible coordination des opérations militaires dans cette région. Le deuxième facteur, c'est la faiblesse de l'autorité de l'état. Le vide sécuritaire dans la région, profite à la LRA. Le troisième facteur demeure le relâchement des opérations contre la LRA", souligne l'enseignant.
Les personnes contactées par la DW précisent qu'au delà du fait que des personnes ont été enlevés, des boutiques ont été systématiquement pillés dans les villages concernés. Par ailleurs, le professeur Agenonga insiste : il y a de nombreux cas isolés d'enlèvements dans la région, mais il est, cette fois-ci, question d'enlèvements de masse.