Dakar — L'opposant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor (sud), a dénoncé lundi soir une "brutalité" exercée sur lui dans le but de lui "nuire physiquement".
"Rien ne justifie cette brutalité, si ce n'est la volonté de me nuire physiquement", a soutenu M. Sonko dans une déclaration faite sur son lit d'hôpital.
"Je vous assure que je vais beaucoup mieux. Je le dois au personnel médical", a dit Ousmane Sonko, quatre jours après les incidents survenus lors d'une audience de son procès en diffamation contre le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang.
"On a cassé ma voiture [...] pour m'en extirper et m'emmener de force au tribunal, dans une procédure pour laquelle ma présence n'est pas obligatoire", a dit le maire de Ziguinchor, dénonçant une "violation fragrante de [ses] droits".
"Ma voiture a été cassée, j'ai été brutalisé. Le pire, c'est que les agents de la police, ceux de la BIP (brigade d'intervention polyvalente) notamment, m'ont aspergé d'un liquide extrêmement toxique, qui produit des effets sur la respiration, les yeux, la peau et l'appareil digestif", a ajouté l'opposant.
Il affirme ne pas connaître "exactement" la nature du liquide qu'il accuse la police de l'avoir aspergé. "Mes habits ont été envoyés hors du pays pour les besoins d'une analyse. On nous a malheureusement dit que les analyses ne peuvent pas se faire au Sénégal, par nos laboratoires. Nous attendons [...] les résultats."
L'APS a vainement tenté de recueillir la version du bureau des relations publiques de la Police nationale, après l'accusation faite par l'opposant sur la brigade d'intervention polyvalente.
"On m'a empêché d'accéder à une ambulance qui devait venir me prendre chez moi et me conduire à la clinique, ce qui est extrêmement grave", s'est plaint le leader de Pastef-Les Patriotes.
Il déclare mener "un combat pour l'avenir du pays, la survie de notre pays et la sauvegarde de notre démocratie".
"Entraver la marche normale de la justice"
Ousmane Sonko, candidat à l'élection présidentielle du 25 février 2024, a également déploré la mort d'un jeune homme dans des affrontements entre ses militants et les forces de l'ordre, lundi, à Bignona (sud).
Après plusieurs incidents d'audience et des scènes de violence dans plusieurs quartiers de Dakar, le procès en diffamation entre Ousmane Sonko et le ministre du Tourisme et des Loisirs a été renvoyé au jeudi 30 mars.
Le tribunal a pris cette décision à la demande des avocats de la défense. Ces derniers affirment que Ciré Clédor Ly, un des leurs, et Ousmane Sonko, ont inhalé du gaz lacrymogène et ne pouvaient donc pas prendre part à l'audience.
Me Ly est allé se faire soigner en France à la suite des incidents, selon plusieurs médias.
Mame Mbaye Niang, un militant de l'APR, le parti politique de Macky Sall, accuse le maire de Ziguinchor d'avoir dit qu'il a été épinglé par un rapport de l'Inspection générale d'Etat pour sa gestion d'un fonds de 29 milliards de francs CFA du Programme des domaines agricoles communautaires.
Benno Bokk Yaakaar (BBY), la coalition de la majorité présidentielle, a dénoncé la "tentative" menée par Ousmane Sonko pour "entraver la marche normale de la justice", dans le cadre de son procès contre M. Niang.
"Une chose est sûre : ceux qui s'imaginent pouvoir intimider le pouvoir et bloquer la justice se bercent d'illusions. Chacun devra assumer ses responsabilités", a soutenu Macky Sall en parlant des incidents d'audience et des affrontements entre les forces de l'ordre et des partisans de M. Sonko.
"Dans un Etat de droit, un leader politique ne peut pas chercher à se soustraire à la loi en instrumentalisant la rue. Ce qui se passe n'est acceptable dans aucune démocratie", a dit le président de la République dans une interview donnée à l'hebdomadaire français L'Express.