Mali: Olivier Dubois - Ce que l'on sait du déroulé de sa libération et ce qui l'a rendue possible

Au lendemain de la libération d'Olivier Dubois, les questions restent nombreuses concernant son déroulé et ce qui a rendu possible la fin de la captivité du journaliste français au Mali. RFI fait le point sur ce qu'on sait de ce dossier dans lequel le Niger a joué un rôle essentiel.

Sur le déroulé, la première chose, c'est qu'après une longue attente, la séquence de la libération est allée très vite. Olivier Dubois lui-même a d'ailleurs confié à des proches, ce 20 mars 2023, avoir été surpris par la rapidité avec laquelle tout s'est accéléré au dernier moment.

De sources sécuritaires nigériennes, Olivier Dubois et l'otage américain Jeffrey Woodke ont été remis par les jihadistes d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), intermédiaires de l'État nigérien, au petit matin, ce lundi, près d'Assamaka, dans le nord-ouest du Niger, près des frontières avec le Mali et avec l'Algérie. Ce qui veut dire que les jihadistes leur ont fait faire le trajet, a priori par la route, entre leur lieu de détention, quelque part dans le nord du Mali et cette localité nigérienne. De là, les deux ex-otages ont été transportés en hélicoptère par les forces spéciales nigériennes, avec l'appui des armées américaine et française, vers Arlit, dans un premier temps, puis en avion vers Niamey, où leur libération a finalement été annoncée par les autorités nigériennes en début d'après-midi.

Officiellement, il n'y a pas eu de rançon

Officiellement, il n'y a pas eu de rançon, c'est ce qu'ont déclaré les autorités américaines et c'est ce qu'assurent aussi des sources sécuritaires et politiques nigériennes. Qui nient également toute libération de prisonniers, une monnaie d'échange pourtant fréquente dans ce type de négociations.

Difficile cependant d'imaginer qu'Olivier Dubois et Jeffrey Woodke aient été libérés sans contrepartie. Certaines sources affirment que rançon il y a bien eu, des montants circulent même déjà, mais à ce stade rien de clairement recoupé, la prudence est donc de rigueur.

Ce que l'on peut dire, c'est que le président nigérien Mohamed Bazoum s'est personnellement impliqué, à la demande de Paris, à partir de l'été dernier notamment. Avec quels intermédiaires ? Des noms circulent, des personnalités proches de la présidence nigérienne, et qui sont d'habituelles personnes ressources pour dialoguer avec les groupes jihadistes.

Des intermédiaires discrets

Jointes par RFI, ces personnalités n'ont pas souhaité préciser leur éventuel rôle. On parle aussi de l'implication de personnalités touaregs maliennes, membres de groupes armés du Nord signataires de l'accord de paix de 2015. Mais là encore, les principaux intéressés ne confirment pas. Certains démentent même catégoriquement.

C'est en tous cas le Niger qui a finalement obtenu cette double libération, c'est le Niger qui avait obtenu, dans le cadre des négociations, les deux dernières preuves de vie d'Olivier Dubois.

Des vidéos transmises en décembre dernier et la semaine dernière et qui avaient, contrairement aux deux premières - celles de mai 2021 et de mars 2022 - été tenues secrètes. La famille d'Olivier Dubois avait toutefois été informée et rassurée, sur son état de santé et sur l'existence de négociations, sans en connaître le niveau d'avancement. La surprise, hier matin, a donc été d'autant plus grande.

Quid du rôle des autorités maliennes de transition ?

Enfin, des interrogations demeurent sur le rôle des autorités maliennes de transition, qui s'étaient impliquées dans un premier temps sur le dossier avant, apparemment, de s'en détacher. Est-ce une conséquence des relations qui se sont dégradées entre Bamako et Paris ? Est-ce la France qui a voulu court-circuiter le Mali ? Est-ce le Mali qui n'a plus voulu aider la France ? Est-ce une question d'opportunité ? Ce 20 mars 2023, les deux ex-otages ont remercié le Niger et la France, mais pas le Mali, ni les États-Unis.

Précisons enfin que le chef d'état-major de l'armée nigérienne était en visite à Bamako il y a une dizaine de jours. On peut se demander, après coup, si ce dossier faisait partie des discussions.

 

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