Nous avons maintenant que Shafeek Jhummun avait obtenu, le 13 août 2021, l'autorisation du ministère de l'Agroindustrie de faire enregistrer sa compagnie Hammer Head Ltd auprès du National Parks and Conservation Service (NPCS) en attendant l'octroi d'une licence pour l'exploitation de macaques.
Nous ne savons pas quand la demande avait été faite. La lettre est signée de Kevin Ruhomaun, directeur du NPCS. Contacté, celui-ci ne veut commenter et nous a référés à l'attachée de presse de Maneesh Gobin. Or, celle-ci ne communique plus avec notre journaliste depuis l'année dernière. On ne sait pas si le ministère de l'Agroindustrie émettra un autre communiqué, tout comme il l'avait fait promptement, ou plutôt avant, l'éclatement du scandale de terrain de chasse à Grand-Bassin.
Selon nos informations, la lettre a bien été émise en suivant les procédures établies. Cependant, nous avions quand même des questions, restées sans réponse. De plus, nous ne sommes pas en présence des annexes qui seraient les pièces les plus importantes. Ces annexes abordent justement les conditions imposées à Shafeek Jhummun avant qu'il ne commence à opérer son business de chasse, d'élevage et d'exportation de macaques. On nous parle aussi de l'importance de voir le Business Plan de Jhummun. "C'est le document qui nous renseignera le plus sur la capacité de se lancer dans cette activité qui est d'ailleurs déjà saturée avec six opérateurs. Comment exporter plus de macaques ? En les bourrant d'hormones ?"
Braconnage ?
Une source au ministère de l'Agro-industrie nous fait savoir que le NPCS prépare un dossier sur cette affaire. "Il en va de la réputation de cette industrie et même du pays car on ne traite pas ainsi les animaux. L'image du pays est en jeu." On nous laisse entendre aussi que s'il y a des manquements à n'importe quel niveau au ministère, une enquête sera ouverte. Car selon notre interlocuteur, il semble bien qu'il y ait des anomalies dans l'émission de cette letter of intent. "En tout cas, aucun suivi n'a été effectué." On nous assure qu'aucun terrain ni forêt de l'État n'a été accordé à ce trafiquant présumé de singes.
Et où Shafeek Jhummun a-t-il "braconné" ces singes ? Car, a priori, il n'a pas encore obtenu la permission de les chasser. A-t-il déjà pu exporter de cargaisons ? Si oui, vers quel pays ? Et comment, par avion ou par mer ? À toutes ces questions, notre interlocuteur nous a répondu tout simplement, comme la police : "Une enquête est en cours." Ce qui est sûr, nous dit-on, il y aurait plusieurs charges pénales qui pourraient être imposées à Shafeek Jhummun. Or, ce dernier vient d'être accusé hier, devant la cour de Mapou, de cruauté envers les animaux seulement (voir ci-contre). Notre interlocuteur nous rassure : "D'autres accusations vont bientôt pleuvoir."
Pourquoi avoir accordé cette lettre à Shafeek Jhummun alors qu'il n'a aucune expérience dans le domaine ? Réponse : "Il n'est qu'un investisseur. Il a probablement un associé connaisseur." Mais nous n'en savons rien. Ce que nous savons, c'est que cet habitant de Bel-Air-Rivière-Sèche fait l'élevage de concombres de mer (bambara) pour l'exportation mais cela sous le nom d'une autre compagnie. Hammer Head Ltd, en revanche, qui a obtenu cette lettre d'intention, est enregistrée au Registrar of Companies comme étant active dans l'agriculture mixte et la pêche en haute mer. Aucune mention de singes.