Ile Maurice: Attaques contre le judiciaire / Me Domingue - "Le PM n'a pas contesté les propos de Surinam"

Le Bar Council adressera aujourd'hui une requête à la présidence de la République mais aussi à la cheffe juge pour que ceux-ci interviennent dans ce que l'on peut appeler un désordre institutionnel.

Les membres de l'Ordre des avocats présents hier à la réunion spéciale demandée par Me Antoine Domingue, Senior Counsel, et une dizaine d'autres confrères ont condamné à l'unanimité les attaques contre des avocats du privé et ceux du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), le DPP lui-même, une magistrate et un ex-chef juge. À la sortie de la réunion, Me Domingue a parlé des posts de Sun TV, mais aussi de la déclaration faite à Surinam qui, selon lui, n'a pas été contestée.

Il se référait probablement aux propos qui auraient été tenus par Pravind Jugnauth et dans lesquels celui-ci s'en prenait à la magistrate Jade Ngan Chai King, qualifiant son jugement de "bancal". Pour l'avocat, "on peut critiquer un jugement mais pas insulter la magistrate en la traitant d'incompétente". Tout en faisant remarquer qu'il dit cela en tout respect du Premier ministre (PM) "qui est d'ailleurs un confrère", puisque Pravind Jugnauth est aussi un homme de loi.

À une question d'un journaliste, Me Domingue a répondu que la cheffe juge devra prendre ses responsabilités, surtout lorsqu'elle recevra la lettre que le Bar Council lui adressera. Sollicité au téléphone, le Senior Counsel nous dit que, selon lui, la cheffe juge aurait déjà dû entrer en action. "Sa Seigneurie a dû sûrement eu vent de ces attaques contre la magistrate. Elle aurait pu rencontrer l'Attorney General et lui dire de transmettre au PM un message dans lequel elle dira, par exemple, que ces attaques doivent cesser." Concernant le président Pradeep Roopun, Me Domingue estime qu'il devra également prendre ses responsabilités.

Quant à Me Priscilla Balgobin-Bhoyrul, la présidente du Bar Council, elle a animé une conférence de presse dans laquelle elle a confirmé que les membres présents ont condamné à l'unanimité les attaques contre la profession judiciaire en général. "La profession dans son ensemble est indignée."

À une question de la presse sur les propos de Surinam, Me Priscilla Balgobin-Bhoyrul a déclaré que si ces propos sont authentiques, tout l'Ordre des avocats les condamne. Peu importe le statut ou poste de la personne. Elle a avoué, dans la foulée, que le Bar Council a très peu de pouvoir et ne pourra qu'adresser deux lettres aujourd'hui, l'une à la cheffe juge et l'autre au président de la République. Elle a cependant souligné que chacun doit respecter les limites de son pouvoir, et "pansé avan kozé".

Il était question lors de la réunion du Bar Council, dit-elle, de la liberté d'expression, mais "la limite entre cette liberté de critiquer et les attaques est parfois ténue". Elle a aussi fait état d'un rendezvous qu'elle attend toujours avec le commissaire de police.

Par ailleurs, dans sa lettre de demande de réunion urgente du Bar Council, Me Domingue avait demandé à tous les membres du barreau d'appuyer sa requête pour une réunion spéciale dans le but de dénoncer les attaques faites par Sun TV contre l'ex-chef juge Eddy Balancy, l'avocat Shakeel Mohamed et le DPP, Me Rashid Ahmine, dans le sillage de la demande de libération conditionnelle de Bruneau Laurette.

Me Domingue note quelques drôles de coïncidences. Les posts de Sun TV sont apparus 48 heures avant l'expiration du délai de sept jours pour contester cette libération. Ce qui lui fait dire que les auteurs de ces publications devinaient avec "a remarkable prescience" si le DPP allait objecter ou non à la libération de Bruneau Laurette.

Autre coïncidence relevée par Me Domingue : dès que le DPP a déposé plainte contre Sun TV, le samedi 25 février, à l'heure tardive de 21 heures, la page a disparu. Le Senior Counsel conclut que les auteurs de ces posts malfaisants auront été avertis par la police ou quelqu'un du bureau du DPP ou les deux.

Concernant les attaques contre l'ex-chef juge Balancy, Me Domingue pense que ce dernier n'est pas qu'une victime collatérale de ces attaques, mais parce qu'Eddy Balancy avait agi comme consultant pour un membre du barreau (NdlR, il se réfère sans doute à l'affaire Akil Bissessur). C'est pourquoi il demande un vote pour condamner ces attaques faites contre la magistrate Jade Ngan Chai King, l'ex-chef juge Eddy Balancy, l'avocat Shakeel Mohamed et le DPP Rashid Ahmine. Il a lancé un appel aux membres du barreau à voter indépendamment de l'affiliation politique de chacun.

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