Cote d'Ivoire: Rencontre annoncée entre Gbagbo et jeunes de Côte d'Ivoire - Le président du PPA-CI veut encore berner la jeunesse

À grand renfort de publicité, le Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI) annonce pour le 1er avril prochain, dans le cadre de la 1er édition de la fête de la renaissance, une rencontre entre son président et les jeunes de Côte d'Ivoire. Ce rendez-vous fait suite à l'appel lancé le samedi 10 décembre 2022 dernier par Laurent Gbagbo depuis Adzopé où il était en tournée.

" Les jeunes, ne soyez pas désespérés, il y a beaucoup de choses à faire avec vous. Mais souvent ceux qui gouvernent regardent ailleurs au lieu de regarder les jeunes. Je propose d'organiser, dans quelques mois, un grand rassemblement avec les jeunes, garçons comme filles, pour qu'on parle, parce qu'il y a beaucoup de jeunes avec nous, il y a beaucoup de jeunes au PPA-CI. Au cours de ce rassemblement avec les jeunes, nous allons trouver des pistes de sortie de crise pour chacun... ", avait-il lancé.

Quoi de plus normal pour l'homme politique qu'il est de prendre un tel engagement. Sauf que la personne qui prend cette initiative n'est pas un nouveau venu sur la scène politique. C'est un ancien du navire ivoire qui a montré ses insuffisances, lesquelles ont sauté aux yeux de tous ceux qui ont été témoins des 10 ans de gouvernance (2000-2010) du Woody de Mama, comme aiment à l'appeler ses partisans. Et pour cause, durant cette période, le président du PPA-CI a fait la preuve qu'au pied du mur de la Côte d'Ivoire, il a déçu plus d'un, à commencer par la jeunesse qu'il prétend défendre aujourd'hui. Plutôt que de contribuer à l'épanouissement de la jeunesse ivoirienne, Laurent Gbagbo et sa refondation ont contribué à son avilissement.

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Leurs seuls faits d'armes en faveur de la jeunesse ivoirienne sont connus. Ils ne plaident pas en faveur du président du PPA-CI. Et c'est en toute connaissance de cause que beaucoup d'observateurs de la scène politique ivoirienne soutiennent mordicus que l'ex-chef d'Etat ne peut pas incarner un nouvel espoir pour les jeunes. Et cela pour une raison essentielle. Lors de son passage à la tête du pays, Laurent Gbagbo n'a absolument rien fait pour les jeunes. En lieu et place des emplois, il leur a servi que du verbiage creux, sur fond de populisme et de manipulation. Plus grave, le régime de Laurent Gbagbo a inculqué aux jeunes la fainéantise, et le gain facile. Et l'un des symboles forts de cette fausse note est la prolifération des agoras et parlements, ces lieux où les jeunes pro-Gbagbo se retrouvaient pour discourir à longueur de journée, en ressassant, avec une bonne dose de mauvaise foi, la rhétorique panafricaniste.

Ainsi, dans tout Abidjan et à l'intérieur du pays, ces espaces avaient poussé comme des champignons et avaient pour rôle de faire l'apologie du pouvoir de leur mentor et dresser les Ivoiriens les uns contre les autres. A cette époque, l'université était tout sauf un temple du savoir. La fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci) y régnait en maître absolu. Enseignants et étudiants étaient la cible des de ces voyous, qui pour un oui ou pour un non, ne tardait pas à les rouer de coups. Les grèves dans les universités et les lycées et collèges étaient devenues le quotidien des Ivoiriens, du fait de la Fesci qui selon son bon vouloir interrompait les cours. Le quantum horaire n'était jamais respecté, à cause des grèves à répétition et cela a causé, selon plusieurs experts, la baisse du niveau des élèves durant cette période.

De plus, la triche a pris des proportions inquiétantes, de faux diplômes ont été distribués à la pelle quand les examens étaient monnayés. Conséquence, l'excellence à l'école avait fait place à la médiocrité. Une situation que Mamadou Koulibaly, à l'époque président de l'Assemblée nationale et donc numéro 2 du régime, avait vigoureusement critiquée. Réputé homme de conviction, il disait tout haut ce que d'autres pontes du pouvoir Gbagbo pensaient tout bas. Il avait publié, dans la presse, d'une tribune réquisitoire contre la gestion désastreuse du pouvoir par Laurent Gbagbo.

" Les refondateurs, qui sont eux aussi des humains, perdent leurs repères et se laissent aller, avec négligence, dans le piège de la mauvaise gouvernance, le racket, la tricherie aux examens et concours, les pots-de-vin, les trafics d'influence, l'enrichissement rapide injustifié se déchaînent et se réinstallent comme au temps du parti unique", avait-il dénoncé. L'attaque, jugée sévère à l'époque, reflétait pourtant la réalité du moment. Car, les offrants étaient déclarés admis aux différents concours administratifs. A l'époque, des candidats étaient déclarés admis à certains concours sans avoir composés. Cette époque, beaucoup de jeunes âgés aujourd'hui de 20 ans ne l'ont pas connu. Mais, ils peuvent se renseigner auprès de leurs grand-frères qui sont un peu plus âgés qu'eux pour comprendre que beaucoup d'entre eux sont passés à côté de la plaque. Comme l'ont compris un peu tard, de nombreux jeunes des années 1990, avec le retour du multipartisme en Côte d'Ivoire.

Certains d'entre eux étaient descendus dans la rue à l'appel de Laurent Gbagbo à l'époque, président du Front populaire ivoirien, pour dénoncer la gouvernance de Félix Houphouët-Boigny. Ils voyaient en l'homme, le sauveur surtout qu'il annonçait sur tous les toits qu'avec 10 milliards de FCFA, il trouverait une solution aux problèmes de l'école. Cette déclaration en réalité n'avait pour but que de galvaniser les troupes. Elle n'a jamais été traduite en actes concrets. Tout comme la démocratie, la liberté d'expression, la circulation des biens et des personnes qui avaient été promises aux Ivoiriens n'ont jamais vu le jour. En lieu et place, il leur a été servi les escadrons de la mort, avec des exécutions de militants d'opposition, dont le comédien, Camara H., de son vrai nom Camarah Vakaramogo Yêrêfê, militant du RDR ou de Diaye Téhé Emile, président-fondateur du Mouvement populaire ivoirien (MPI) ; le musellement de la presse de l'opposition, notamment Le Patriote qui était interdit de vente dans certaines localités du pays et qui surtout a vu son siège être saccagé par des jeunes patriotes en novembre 2004. En s'appuyant sur tout ce qui précède, ils sont nombreux les Ivoiriens qui soutiennent que l'ex-chef d'Etat ne peut aucunement être porteur d'une nouvelle espérance pour les jeunes.

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