Afrique: Développement - L'Afrique face au défi de l'industrialisation

A l'occasion du séminaire " Promouvoir le développement de la chaîne industrielle africaine et renforcer la valeur ajoutée des produits africains " organisé le 22 mars, à Pékin, par le Conseil commercial sino-africain, Ibrahima Sory Sylla, ambassadeur du Sénégal en Chine, a souligné la nécessité de l'Afrique de transformer ses matières premières sur place pour parvenir réellement à l'industrialisation.

" Le souci aujourd'hui c'est la qualité des produits qui sont exportés de l'Afrique vers la Chine ou le reste du monde. L'Afrique exporte à l'échelle mondiale et 70% des produits exportés vers le monde sont des produits primaires, c'est-à-dire agricoles, des produits minéraliers, sans aucune transformation. Et je me demande comment dans ces moments on peut s'assurer de réussir le processus d'industrialisation de l'Afrique si nous n'avons pas la possibilité, au niveau du continent, de procéder à la transformation des matières premières ? ", s'est interrogé Ibrahima Sory Sylla, également co-président du Forum de coopération Chine-Afrique (Focac).

Selon lui, il est extrêmement important pour les pays africains de canaliser les investissements étrangers dans des secteurs susceptibles de participer et d'accroître l'économie locale. En effet, en exportant sans valeur ajoutée ses produits minéraliers ou agricoles, l'Afrique ne résout pas le problème d'employabilité mais surtout marginalise l'effort à la croissance et au processus d'industrialisation.

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" Si on prend exemple sur la Chine qui est actuellement en phase post-industrielle, c'est parce qu'elle n'a pas procédé de la sorte. On parle aujourd'hui de e-commerce, de robotique, d'intelligence artificielle, d'aéronautique et nous, en tant qu'Africains, si nous voulons arriver à ce niveau-là, nous devons nécessairement passer par cette étape de transformation de nos produits sur place. Et non importer les produits bruts, les transformer en produits finis pour les réexporter en Afrique ", a-t-il martelé.

Cette perspective est à prendre en compte car contrairement à d'autres continents, l'Afrique semble faire un pas en avant et deux pas en arrière. Selon les données de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel, en 1970, l'Afrique représentait presque 3% de l'industrie manufacturière mondiale. Cependant, depuis cette date, la contribution du continent dans ce secteur a considérablement décliné. Et aujourd'hui, sa valeur ajoutée par rapport à l'industrie manufacturière mondiale se situe en dessous de 2% alors qu'en Asie, le taux est à plus de 45%. Sa contribution au commerce mondial ne représente que 2,5% et même dans le commerce intra-africain, elle ne contribue qu'à 17%.

Ainsi, dans cette course vers l'industrialisation, le diplomate sénégalais estime qu'il y a des étapes à franchir car, en parallèle, l'Afrique fait face à un certain nombre de défis et contraintes structurelles, à savoir le manque des infrastructures (ports, autoroutes, chemins de fer) pour faire circuler librement les biens, services et personnes sur le continent ; les problèmes d'électricité et de connectivité ; mais surtout l'absence d'intégration économique du continent. Nul besoin pour les États africains de sauter les étapes mais plutôt à y aller pas à pas en s'appuyant sur des modèles qui reflètent au mieux leurs réalités et leurs besoins. A ce propos, il a rappelé la nécessité des gouvernements centraux à impulser cette dynamique et à instaurer un climat des affaires serein.

Penser l'industrialisation par le transfert de compétences

Pour promouvoir l'industrialisation et le développement durable en Afrique, Wu Peng, directeur général du département des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères chinois, a reconnu qu'il faut " apprendre aux gens à pêcher ". Selon lui, il s'agit d'accroître les échanges et les transferts technologiques avec l'Afrique en l'aidant à passer de l'Afrique de fournisseur de matières premières à l'exportateur de produits ; à former des professionnels et à mieux utiliser son dividende démographique ; ainsi qu'à favoriser un cycle économique et commercial durable entre la Chine et l'Afrique.

" La Chine est prête à travailler avec l'Afrique pour surmonter les problèmes et les défis de la coopération, innover les idées et diversifier les modèles de coopération et continuer à approfondir la coopération industrielle sino-africaine dans le cadre du Focac ", a-t-il fait savoir.

Compte tenu du double problème de dette et de développement auquel est confrontée l'Afrique, Wu Peng a déclaré qu'il est souhaitable d'étendre de nouveaux modèles de coopération tels que le partenariat public-privé, la franchise et l'intégration de l'investissement, la promotion des projets d'investissement et de financement continus, mais aussi réaliser un cercle vertueux de " promotion du développement par la dette " et de " réduction de la dette par le développement ".

Notons que ce séminaire a également permis de discuter de la proposition du " Rapport sur les investissements chinois en Afrique 2023 ". Plusieurs interventions ont été faites dans ce sens par différents participants. L'événement a connu la participation des représentants du corps diplomatique africain en Chine, du secrétariat du comité de suivi chinois du Focac, du département des capitaux étrangers et des investissements étrangers de la Commission nationale de développement et de réforme, des journalistes ainsi que des entrepreneurs africains et chinois, des représentants des structures académiques chinoises, etc.

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