Dakar — Cent quatre intellectuels sénégalais et d'autres pays, dont des universitaires, des écrivains et des journalistes, dénoncent une "escalade répressive" au Sénégal et invitent les citoyens du pays à "prendre la défense des valeurs fondamentales de l'Etat de droit".
"Nous assistons, au Sénégal, à une continuelle escalade répressive qui préfigure de lendemains incertains", affirment-ils dans une tribune publiée mardi dans la presse sénégalaise.
Devant une telle situation, "il est de la responsabilité des intellectuels et de tous les citoyennes et citoyens de bonne volonté de prendre la défense des valeurs fondamentales dans un Etat de droit", lit-on dans le texte.
Ils énumèrent, en ce qui concerne les valeurs qu'ils appellent à défendre, "la liberté d'expression et de circulation, la liberté de manifester pacifiquement et de rassembler, la liberté de proclamer son adhésion à des actes de gouvernance politique et sociale".
"Par-delà nos divergences et différences idéologiques, politiques ou culturelles, nous, signataires de tous les pays, condamnons fermement les restrictions apportées à la liberté de mouvement des citoyens", ajoutent les auteurs de la tribune.
L'historien Mamadou Diouf, enseignant à l'Université Columbia (Etats-Unis), le journaliste, sociologue et écrivain Elgas, et le militant des droits de l'homme Alioune Tine, font partie des auteurs du texte.
"Une menace réelle pèse sur la stabilité et la paix sociale du pays. Il est temps de revenir à la raison", écrivent-ils.
"Il est inacceptable que les droits fondamentaux des citoyens soient bafoués sans suite" et que "les droits constitutionnels dans l'espace politique ne soient pas respectés", lit-on dans la tribune signée également par d'anciens ministres.
Ses auteurs réagissent aux violences survenues en marge du procès en diffamation entre le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, et l'opposant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor (sud).
M. Niang, militant de l'Alliance pour la République, le parti politique de Macky Sall, accuse M. Sonko de l'avoir diffamé en le jugeant responsable d'un détournement de fonds destinés au Programme des domaines agricoles communautaires.
Les "appels à la violence [...] ne sauraient rester impunis", a déclaré, mardi, la coalition de la majorité présidentielle sénégalaise.
"Aucune concession ne sera faite" à ceux qui tenteraient de compromettre "l'ordre public, la sécurité des personnes et des biens, et l'exercice des droits et libertés des citoyens", a-t-elle soutenu lors d'une conférence de presse.
"Une chose est sûre : ceux qui s'imaginent pouvoir intimider le pouvoir et bloquer la justice se bercent d'illusions. Chacun devra assumer ses responsabilités", a déclaré, pour sa part, le président de la République, Macky Sall, dans une interview accordée à l'hebdomadaire français L'Express.