Afrique de l'Ouest: Le Sénégal sous haute tension politique

Manifestations au sénégal

Des heurts entre partisans de l'opposant Ousmane Sonko et les forces de l'ordre ont fait un mort en Casamance. A moins d'un an de l'élection présidentielle, le Sénégal est sous tension politique.

Depuis lundi, plus de 400 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre à la suite des heurts qui ont éclaté en Casamance, dans le sud du pays. Ces affrontements ont fait un mort dans ce fief traditionnel del'opposant Ousmane Sonko.

Le principal opposant à Macky Sall se trouve, lui-même, depuis le 16 mars dans une clinique privée de Dakar pour recevoir des soins après son transfert forcé vers le tribunal pour diffamation contre un ministre.

Accusation d'assassinat

Ousmane Sonko accuse le pouvoir de complot d'assassinat et de tentative de confiscation du pouvoir par Macky Sall, qui a récemment déclaré que la Constitution lui permet d'être candidat en 2024 comme le précise ici Seydou Guèye, Ministre Conseiller à la présidence qui ajoute que le vrai problème de l'escalade actuelle de la violence est à chercher ailleurs.

"Le vrai débat, aujourd'hui, ce sont les faits dont on ne parle pas. Les faits, c'est quoi ? c'est Ousmane Sonko qui a accusé un ministre de corruption et de détournement de 29 milliards de Fcfa. Ce ministre a porté une plainte contre lui. Plutôt que de parler de cela, on veut parler de la candidature de Macky Sall. Mais ce qui est en discussion est de savoir si Ousmane Sonko est supérieur aux hommes ou à la loi dans ce pays ?", déclare à DW, Seydou Guèye, Ministre Conseiller à la présidence.

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En en tout état de cause, le transfert de l'opposant Ousmane Sonko vers le Tribunal de Dakar a provoqué des heurts qui se sont mués en une sorte de guérilla urbaine.

Des manifestations violentes

Des images largement partagées sur les réseaux ont montré des manifestants déterminés, brûlant des pneus et des autobus ou s'attaquant au siège du parti au pouvoir.

Des heurts qui font dire à Ibrahima Kane, Conseiller principal de programme à OSIWA à Dakar, qu'organiser un dialogue dans ces conditions devient difficile dans la perspective de la présidentielle de 2024.

"Parce que d'un côté, on veut - coûte que coûte - aller au procès et certainement aboutir à l'élimination d'un candidat. Et de l'autre, il y a toute une résistance en faisant valoir le fait qu'il n'y a qu'une sorte d'instrumentalisation de la justice pour éviter à l'un des candidats les plus sérieux à participer au jeu électoral", selon M. Kane.

Dans une telle atmosphère délétère, Amadou Fall, Professeur d'histoire à l'université de Ziguinchor, estime cependant que le Sénégal peut s'appuyer sur ses leviers de résolution de conflits.

"Nous avons un patrimoine et un levier traditionnel de résolution de conflit. Nous avons aussi des institutions qui sont capables de gérer tous ces problèmes. On peut le faire sans soulever cette masse populaire. Je crois qu'il faut savoir raison garder pour ne pas véritablement emprunter une pente trop raide qui pourrait conduire à un point de non-retour à une catastrophe", explique-t-il.

Ousmane Sonko et ses partisans dénoncent une instrumentalisation de la justice par le pouvoir pour l'éliminer politiquement. Au Sénégal, les texte prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. Ousmane Sonko risque donc d'être déclaré inéligible pour la présidentielle de 2024.

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