Libye: La Russie opposée au plan de l'ONU sur l'organisation des élections

Le maréchal libyen, Khalifa Haftar

Si la Libye connaît une relative accalmie ces derniers mois après une longue période d'insécurité, de violences fratricides et de divisions sociales, le chaos institutionnel étouffe l'espoir de la voir se stabiliser. Cette situation persiste alors que le nouveau plan des Nations unies pour organiser des élections se heurte aux rivalités qui minent ce pays.

L'initiative de l'Organisation des Nations unies (ONU) ne fait toujours pas consensus pour plusieurs raisons : les partisans du gouvernement de Tripoli, dont des Occidentaux, l'ont finalement accepté mais le camp de l'Est le critique, tout comme son plus important parrain étranger, la Russie. De plus, l'organisation de l'élection présidentielle bute sur le refus du camp de l'Ouest d'autoriser un militaire et un binational à se présenter, en l'occurrence le maréchal Khalifa Haftar, citoyen libyen et américain.

En clair, les chambres législatives rivales ne veulent pas coopérer pour l'application de ce plan lancé le 27 février parce qu'il aura pour conséquence leur disparition, avec la tenue d'élections, explique Khaled al-Montasser, professeur en relations internationales à l'université de Tripoli. " Les deux institutions s'accordent pour considérer l'initiative onusienne comme une ingérence dans leur pouvoir souverain de décision et une tentative d'imposer une volonté internationale aux Libyens ", précise-t-il.

En dépit du climat qui prévaut en Libye, les Nations unies espèrent qu'un accord sur les élections sera prochainement conclu entre le gouvernement installé à Tripoli (Ouest) et reconnu par la communauté internationale, et celui soutenu par l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar. " A la mi-juin, il leur sera possible, après avoir discuté pendant quelques semaines, de parvenir à un accord sur les lois électorales ", a déclaré l'émissaire de l'ONU en Libye, Abdoulaye Bathily, lors d'une conférence de presse dans la capitale Tripoli.

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Dans sa réponse sur les accusations d'ingérence portées par certains acteurs politiques, Abdoulaye Bathily a assuré que sa proposition n'était pas une " solution imposée par l'étranger " et que la " feuille de route claire " censée être établie d'ici mi-juin " ne dépend pas " de lui. " Si ce calendrier est respecté, il sera possible d'organiser ces élections d'ici la fin de l'année ", a-t-il ajouté devant les journalistes.

Malgré le manque de consensus entre les acteurs libyens sur les élections, la conférence de réconciliation nationale annoncée par l'Union africaine à l'issue de son 36e sommet redonne l'espoir à la population que les scrutins législatif et présidentiel vont se tenir ultérieurement dans la paix.

En attendant la tenue de ces assises, le gouvernement d'union basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah affiche sa volonté de coopérer avec l'initiative onusienne, en appelant l'organisation à apporter une aide technique et logistique pour organiser rapidement les élections présidentielle et législative. Ces scrutins, initialement prévus en décembre 2021 pour stabiliser le pays, avaient été reportés sine die en raison de divergences sur la base juridique des élections et la présence de candidats controversés.

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