Sénégal: Retrouver les cas manquants - Principal défi de la lutte contre la tuberculose, selon la coordonnatrice du PNT

Un nouveau médicament contre la tuberculose destiné aux enfants réduit le nombre de pilules qu'un patient doit prendre.

Dakar — Le plus grand défi de la lutte contre la tuberculose au Sénégal reste le "tiers manquant, ou les "cas manquants ", une catégorie de patients à chercher, dépister et traiter, a souligné la coordonnatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT), le docteur Yacine Mar Diop.

"Notre plus grand défi ce sont les cas manquants, les malades de tuberculose qui n'ont pas pu être dépistés et traités à temps", a-t-elle déclaré lors d'un entretien avec l'APS.

La coordinatrice du PNT a insisté sur le fait qu'il faudrait identifier ces cas, les traiter afin de réduire la transmission et diminuer de 95 % les décès liés à la tuberculose comme le suggère la stratégie visant à "mettre fin à la tuberculose" à laquelle le Sénégal a souscrit.

Elle a rappelé qu'en 2022, quelque 14 688 cas de tuberculose toutes formes confondues avaient été diagnostiqués et mis sous traitement dans tout le pays. Parmi ces infections identifiées, 80% étaient des cas contagieux alors que les cas incidents notifiés représentaient 14 053 des 19 463 cas attendus, correspondant à un taux de notification de 72%.

"Nous avons développé des stratégies de dépistage actif dans les structures de santé et dans la communauté avec les diabétiques, les enfants et les personnes en contact. Ces stratégies commencent à payer car nous n'avons jamais atteint 14000 cas de tuberculose par an avant 2022", a admis le docteur Diop.

Elle a toutefois signalé 28 % des cas de tuberculose projetés en 2022 n'avaient pas pu être identifiés. Nous n'avons accueilli que 14 688 cas alors que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) les estime à 19 463.

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"L'objectif d'arriver à moins 10 cas sur 100 000 personnes en 2035 ne peut être atteint tant que nous n'aurons pas sorti tous les cas attendus, y compris les cas manquants", a fait savoir la coordonnatrice du PNT en jugeant essentiel de retrouver les cas manquants probablement chez les populations vulnérables, les groupes à risque de tuberculose.

"Le traitement est efficace. Nous avons un succès thérapeutique de 89, 4% pour la cohorte de 2021 alors que l'OMS fixe cela à 90 % en 2035. Cependant, même si nous traitons efficacement, le gros problème reste les malades qui ne sont pas retrouvés et qui décèdent de la tuberculose à notre insu. C'est un défi important" a-t-elle rappelé.

Au Sénégal, 1 personne décède de la tuberculose toutes les 3 heures (OMS)

"Selon les estimations de l'OMS, le nombre de décès était estimé à 2 980 (1 personne toutes les 3 heures). Un nombre de 420 décès (soit 3,4% des malades mis sous traitement en 2021)" a fait savoir Yacine Mar Diop.

Elle a ajouté : "Cette différence dans les chiffres se justifie toujours par le tiers manquant. C'est pourquoi nous devons retrouver ce tiers manquant qui sont des personnes malades dans la communauté et qui ne sont pas venus demander les soins ou qui ne sont pas venus à temps. La plupart des décès est du à un retard du dépistage. Les patients décèdent par ce qu'ils n'ont pas le temps de se traiter et de guérir.

La coordonnatrice du PNT a rappelé qu'en 2022, l'OMS a estimé l'incidence à 113/100 000 personnes, soit 19 463 nouveaux cas. "Ces cas sont notifiés pour l'essentiel dans six régions à forte charge, Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor et Saint-Louis, notamment", a-t-elle dit

A l'en croire, Dakar à elle seule regroupe tous les 42 % des cas, c'est compréhensible parce que Dakar est plus peuplé que toutes les régions du pays. Dans l'histoire naturelle de la Tuberculose, on retrouve plus de cas, là où il y a plus de monde".

"C'est le mode de transmission aérien qui l'explique. S'il y a un malade, plus il y a du monde, il y a des risques de transmission. Cela fait qu'on a plus de cas dans les quartiers peuplés de Dakar pas seulement dans la banlieue. Les quartiers les plus peuplés notifient plus de cas" a-t-elle soutenu.

"Ce n'est pas une spécificité de la banlieue, nous avons beaucoup des les quartiers de Médina, Gueule Tapée. Dans tous les pays où la tuberculose est pandémique, c'est la même cartographie" a justifié le docteur Diop non sans faire noter que de nouvelles stratégies étaient en train d'âtre développées pour les retrouver et les faire sortir.

La lutte contre la tuberculose figure parmi les priorités définies par le ministère de la Santé de l'Action Sociale.

Pour la coordonnatrice dudit programme "l'unité mobile de radiographie numérique sillonne le pays pour mener de vastes campagnes de dépistage actif de la TB".

Elle a affirmé que l'accompagnement des malades, le soutien nutritionnel, et la gratuité du traitement et du dépistage bactériologique étaient autant d'atouts qui accélèrent les performances du pays dans le cadre de la lutte contre la maladie.

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