Afrique: Journée mondiale de l'eau - L'ONU dénonce le ' vampirique ' de l'humanité

Un habitant va chercher de l'eau à un robinet dans le comté de Turkana, dans le nord du Kenya (Archive)

La première conférence de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur l'eau s'est ouverte le 22 mars, à New York, aux Etats-Unis.

" L'humanité vampirique a brisé le cycle de l'eau, mettant en danger des milliards de personnes à travers la planète. Nous avons brisé le cycle de l'eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines ", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture des trois journées de la conférence qui doit accueillir plus de 6 500 participants dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement.

" Nous drainons l'humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et l'utilisation non durable que nous faisons de l'eau, et nous provoquons son évaporation en réchauffant la planète ", a ajouté le patron de l'ONU, s'inquiétant de l'avenir " compromis " de l'eau, pourtant " la sève de l'humanité " et " un droit humain ".

Les participants, Etats, entreprises ou représentants de la société civile, ont été appelés à prendre des engagements concrets. Mais déjà, certains observateurs doutent de leur portée et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en oeuvre.

" La crise de l'eau est déjà suffisamment grave sans le changement climatique. Mais, avec notre monde qui se réchauffe rapidement, ça va être pire. Nous pouvons construire des sociétés et des économies résilientes si les gouvernements et les entreprises mettent rapidement en place des politiques, pratiques et investissements qui reconnaissent et restaurent la pleine valeur de rivières, lacs et zones humides en bonne santé ", s'est inquiété Stuart Orr, de WWF .

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Si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l'ONU-Eau et de l'Unesco, publié le 21 mars, souligne le " risque imminent d'une crise mondiale de l'eau ".

Dans un monde où lors des quarante dernières années l'utilisation de l'eau douce a augmenté de près de 1% par an, le rapport de l'ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries qui " tendent à se généraliser " et à s'aggraver avec l'impact du réchauffement, jusqu'à frapper prochainement même les régions aujourd'hui épargnées en Asie de l'Est ou en Amérique du Sud.

Le stress hydrique a atteint un niveau élevé

Ainsi, environ 10% de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Et selon le rapport des experts climat de l'ONU publié lundi, " environ la moitié de la population mondiale subit de graves pénuries d'eau pendant au moins une partie de l'année ".

" Les femmes et les filles sont affectées de façon disproportionnées. Des millions de filles ne sont pas à l'école parce qu'elles doivent aller chercher de l'eau ", a insisté l'acteur Matt Damon, co-fondateur de l'ONG Water.org.

Selon le rapport, au moins deux milliards de personnes boivent de l'eau contaminée par des excréments, les exposant à des maladies mortelles, choléra, dysenterie, typhoïde ou polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux qui touchent aussi les écosystèmes d'eau douce.

Pour assurer l'accès de tous à l'eau potable d'ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d'investissement actuels par trois au moins, estime l'ONU-Eau.

" Tout ce dont nous avons besoin pour vivre une vie décente est directement lié à l'eau, notre santé, la nourriture, les habitats, l'économie, les infrastructures et le climat. Il est temps aujourd'hui de surmonter les intérêts sectoriels partiels, de regarder la situation dans son ensemble et d'avancer ", a insisté le roi Willem-Alexander des Pays-Bas, co-président de la conférence avec le président du Tadjikistan.

La conférence de l'ONU, la première de cette ampleur depuis 1977 sur cette question vitale mais trop longtemps ignorée, suscite beaucoup d'espoirs pour tenter d'inverser la tendance et espérer garantir d'ici à 2030 l'accès pour tous à l'eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015.

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