Sécurité et économie. Ce sont les principaux sujets inscrits à l'ordre du jour de la mini-tournée africaine qu'entame, du 25 mars au 2 avril prochains, la vice-présidente américaine, Kamala Harris.
Une tournée qui la conduira successivement au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, pour ce qui constitue sa première visite officielle sur la terre de ses ancêtres.
Pour Washington, cette tournée de la vice-présidente s'inscrit dans le prolongement du sommet USA-Afrique de décembre dernier, et vise à " renforcer les partenariats américains à travers l'Afrique et à faire progresser nos efforts conjoints en matière de sécurité et de prospérité économique ". Deux thèmes qui cadrent bien avec l'actualité du continent noir qui subit aujourd'hui, de plein fouet sur le plan économique, les effets induits de la guerre en Ukraine et pour lequel le défi sécuritaire reste entier sur l'ensemble de son territoire.
Si ce n'est pas une façon, pour Washington, de montrer toute l'importance qu'elle accorde à ses relations avec l'Afrique, cela y ressemble fort.
Cette offensive diplomatique de l'Administration Biden, a toutes les allures d'une opération de rattrapage
Et ce premier déplacement de la numéro 2 de la Maison Blanche en Afrique, est tout sauf anodin, quand on voit les efforts inlassables du chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, qui multiplie les déplacements en Afrique où il était encore la semaine dernière, plus précisément en Ethiopie et au Niger pour parler, entre autres, de paix, de développement et de sécurité. Une position qui tranche avec celle de l'ancien locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, qui n'a jamais caché son désintérêt pour un continent qu'il a toujours considéré comme un conglomérat de " pays de merde ".
C'est dire si cette offensive diplomatique de l'Administration Biden, qui a toutes les allures d'une opération de rattrapage si ce n'est de rachat à l'endroit du continent noir, peut être perçue comme une volonté de Washington, de tourner la page Trump. On est d'autant plus fondé à le croire que ce déplacement, en Afrique, de la première femme noire nommée vice-présidente des Etats-Unis, s'inscrit dans la lignée d'une série de tournées de hauts responsables américains sur le continent noir, depuis le début de l'année 2023.
En l'occurrence, la visite de la Secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, qui était au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud, du 18 au 28 janvier, celle de l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield qui s'est successivement rendue au Ghana, au Mozambique et au Kenya, du 25 au 29 janvier, le déplacement de la Première Dame, Jill Biden, en Namibie et au Kenya, du 22 au 26 février et le voyage d'Anthony Blinken qui s'était, en mi-mars, rendu tour à tour, en Ethiopie et au Niger.
Et d'ici à la fin de son mandat, on attend de voir si le président Biden pourra concrétiser " son intention de visiter vos pays " qu'il a lancée aux dirigeants africains en clôture du sommet Afrique # Etats-Unis de décembre dernier à Washington.
Il appartient à l'Afrique de savoir tirer le maximum de profits de cette coopération diversifiée en sachant définir ses priorités
Mais au-delà de l'iconoclaste président républicain qui a assumé jusqu'au bout son choix de délaisser l'Afrique, l'offensive diplomatique du pays de l'Oncle Sam, répond aussi à la nécessité d'accroître la présence américaine et de contrer l'influence grandissante de puissances rivales comme la Russie et la Chine, elles aussi engagées dans un inlassable ballet diplomatique aux allures de chassé-croisé sur un continent résolument déterminé à diversifier ses partenaires.
Un continent qui se présente aujourd'hui comme une belle demoiselle courtisée de toutes parts par les grandes puissances, en raison des intérêts économiques, politiques et géostratégiques qu'il représente à leurs yeux. Mais à cela, rien d'étonnant car il est bien connu que seuls les intérêts guident les pas des grandes puissances.
Et il n'y a pas de doute qu'en venant en Afrique, elles savent ce qu'elles viennent y chercher. Cela dit, il appartient à l'Afrique de savoir manoeuvrer de sorte à tirer le maximum de profits de cette coopération diversifiée en sachant définir ses priorités. Car, pour un continent qui est considéré comme l'avenir de la planète, il est inconcevable que malgré toutes ses richesses qui suscitent autant de convoitises, l'Afrique ait encore de la peine, plus d'un demi-siècle après les indépendances, à amorcer véritablement son développement et continue de végéter, en ce qui concerne la majorité de ses populations, dans la misère crasse et le sous-développement. C'est dire la nécessité d'une prise de conscience en vue d'un changement de paradigme. Les dirigeants africains sont interpellés.