Le photographe Nomwendé Vivien Sawadogo expose une dizaine de photographies sur la résilience des femmes congolaises qui tenaient de petits commerces durant la covid-19, du 8 au 31 mars 2023 à l'Institut Goethe de Ouagadougou. Cette expo magnifie la combativité, la résilience et la générosité de ces femmes.
Nomwendé Vivien Sawadogo est un photographe social qui aime bien arpenter d'autres territoires pour se coltiner des problématiques locales ayant un caractère universel. Il y a quelques années, en 2017, il avait exposé des photographies prises dans les rues de Munich où il se remettait au hasard de la rencontre pour photographier des hommes et des femmes. Cette fois-ci, c'est Kin, la mégapole congolaise, inquiétante et lumineuse, qui sert de cadre à sa déambulation pour portraitiser les marchandes.
Les Visages de la résilience est une série de photographies de vendeuses de fruits, tenancières de petits commerces dans la ville de Kinshasa durant la période du Covid-19. Il a voulu magnifier ces femmes qui ont bravé les mesures barrières et ont continué leurs activités. Les expos photos sur la résilience au covid sont nombreuses à travers le monde. Ce n'est pas un thème nouveau mais Vivien Sawadogo adopte une démarche très intéressante qui n'est pas seulement de faire des portraits de femmes.
Est-ce vraiment des portraits ? Pas vraiment car les personnages ne sont pas mis en relief, on a un vague aperçu des visages, de la morphologie de ces dames. Ce sont plutôt des compositions où les marchandises sont mises en avant, les femmes se tenant la plupart du temps derrière les étals ou les comptoirs entre les barreaux ou les grilles de leurs kiosques ou boutiques. Cette exiguïté rend compte sans doute de l'inconfort de ces dames cernées par les limites étroites de leur commerce. Tout mur est une porte disait Emerson et effectivement, ces femmes-là se libèrent des grilles en défiant la loi et le Covid-19. Par leur refus de l'enfermement. Elles tiennent commerce dans la rue. Par leur refus de la distanciation, les clients et elles sont dans une grande proximité. En somme, ce n'est pas les individualités qui sont mises en exergue dans ces images mais leur fonction. La plupart du temps, on a dans chaque photo, un triptyque : la vendeuse, le client et le produit de la transaction.
Toutefois, malgré la grisaille de leur quotidien, la misère des lieux avec les tôles rouillées et les habits et les ustensiles décatis, la permanence des couleurs vives irradie chaque cliché. Comme ces deux hautes pyramides d'oranges derrière lesquelles se tient la dame. Ou ce parasol aux vives couleurs qui abrite la vendeuse avec le vert des choux, le rouge des tomates et le jaune or des bouteilles d'huile. Ailleurs, une vendeuse de céréales cernée par des bassines remplies de graines rouges, blanches et jaunes comme des puits de couleurs. Dans chaque image, il y a une conjugaison de couleurs chaudes qui atténue le gris de l'existence en ces temps de Covid. Comme quoi, ce sont plus les produits échangés et non les personnages qui mettent du bonheur - à travers les couleurs - dans cette interaction.