Ile Maurice: Baisse des prix des carburants - Toujours rien pour les consommateurs

De 90 dollars en janvier dernier à 75 dollars ce mois-ci. Le prix du pétrole est en baisse, mais pas à Maurice. Depuis que la State Trading Corporation (STC) commercialise l'essence à Rs 74,10, soit depuis le 19 mai dernier, le carburant a connu diverses baisses sur le marché international, mais les consommateurs mauriciens n'en ont pas profité. Au contraire, la cherté de l'essence et du diesel a largement contribué à la hausse des prix des denrées de base.

Le Brent, qui se vendait à environ 90 dollars le baril en début d'année, est à 75 dollars en ce moment. Le cours du brut a un impact sur le Platts que la STC achète auprès de son fournisseur. "Le prix du Platts a dégringolé également en suivant le cours du brut. Quand celui-ci baisse, il impacte sur les produits raffinés utilisés par les consommateurs", explique un consultant en produits pétroliers.

Le Petroleum Pricing Committee devra se rencontrer au plus tard le 14 mai, selon la loi, mais il peut se réunir bien avant s'il y a urgence. Selon des échos persistants, il faudra attendre le Budget 2023- 2024 de Renganaden Padayachy, le ministre des Finances, en juin, pour que l'essence connaisse une baisse d'environ Rs 4. Elle pourrait intervenir quelques semaines avant la dissolution du Parlement, soit à la veille du début de la campagne électorale.

D'ici là, tout laisse croire que les consommateurs devraient continuer à payer les carburants au même prix, soit l'essence à Rs 74,10 et le diesel à Rs 54,55, en dépit des indications démontrant que le Brent continuera de baisser ou de se stabiliser autour de 75 dollars pendant les prochains mois.

"Le GM continuera à remplir ses caisses"

D'après les données et les décisions géopolitiques, le prix du pétrole sur le plan mondial ne connaîtra pas de hausse de sitôt, explique le consultant en produits pétroliers. D'abord, lorsque la sanction internationale contre la Russie portant sur le boycott des produits pétroliers russes est entrée en vigueur, la crise qui était attendue n'a pas eu lieu.

De plus, l'Inde, l'Iran et la Chine achètent une grande partie de leurs carburants avec la Russie à un meilleur prix, diminuant la demande sur les autres marchés, sans compter que les producteurs arabes ont augmenté leur production. "Tous ces éléments ont un impact sur le cours du brut et du Platts. Il ne faut pas oublier qu'avec le réchauffement des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran, il y aura davantage de stabilité dans cette région. Ce sont des événements qui impactent positivement sur le prix du pétrole", note le consultant.

Toutefois, il est peu probable que les consommateurs mauriciens en profitent. Du moins, pas pour l'instant. "Le gouvernement continuera à remplir ses caisses car les taxes et les prélèvements imposés sur l'essence et le diesel lui rapportent gros", ajoute notre interlocuteur.

En se basant sur la consommation de l'essence et du diesel en 2021, le gouvernement a perçu environ Rs 18 milliards par an grâce aux taxes et autres prélèvements. D'ailleurs, lors des travaux parlementaires de mardi prochain, le député rouge Ritish Ramful demandera au ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, de divulguer le montant perçu de ces prélèvements depuis le 1er juillet 2022 et combien d'argent a été versé au Price Stabilisation Account. Son collègue du parti Ehsan Juman demandera au même ministre de spécifier quelle est la balance qui était disponible dans ce fonds à septembre 2022 et de dévoiler quelle somme d'argent est disponible à ce jour.

Le Petroleum Pricing Committee a fait comprendre, dans son communiqué du 14 janvier, émis à la suite de sa dernière réunion, que le Price Stabilisation Account est déficitaire par Rs 4,4 milliards, arguant qu'il en est ainsi en raison des différentes hausses du prix des carburants, qui n'avaient pas été transmises aux consommateurs pendant les derniers mois de 2022.

Toutefois, les associations pour la protection de consommateurs, ainsi que l'opposition, ont balayé cet argument d'un revers de main. D'abord, la STC achète des carburants à moins cher que les prix payés lors de leur calcul du fameux 18 mai 2022 quand l'essence est passée à Rs 74,10. Le prix de référence pour l'essence était de 1 133,54 dollars la tonne métrique en mai et il est passé à 827,33 dollars la tonne métrique, le 12 janvier. De plus, en mai, le dollar s'échangeait à Rs 43,50 contre Rs 45,35 en janvier. Il n'y a pas eu de grande différence.

En attendant, Maurice est parmi les pays où l'essence se vend le plus cher au monde, selon le Global Petrol Prices. Ce carburant est vendu à moins cher à Madagascar, en Inde, en Afrique-du-Sud, aux Maldives et aux Seychelles mais notre pays côtoie la Nouvelle-Zélande, la Croatie et le Sri Lankais dans le classement des pays où le prix des carburants est le plus élevé au monde.

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