Congo-Kinshasa: Loi Tshiani - Enième et suspecte agitation

La classe politique congolaise, notamment celle regroupant des acteurs politiques qui revendiquent leur appartenance à l'opposition, est de nouveau prise d'une énième et suspecte agitation après l'inscription, sur la grille des matières de la session en cours de l'Assemblée nationale, de la " Loi Tshiani ", du nom d'un candidat malheureux à l'élection présidentielle de décembre 2018. Porté par le député national Nsingi Pululu, ce texte se veut un instrument de verrouillage des fonctions en lien direct avec la souveraineté de l'Etat, notamment celles de Président de la République, de président du Sénat, de président de l'Assemblée nationale, de Premier ministre, de Président de la Cour Constitutionnelle, de Président de la Cour de Cassation, de Président du Conseil d'Etat, de Président de la Haute Cour Militaire, de Procureur Général près la Cour Constitutionnelle, de Procureur Général près la Cour de Cassation, d'Auditeur Général des FARDC, de Président de la Cour des Comptes, d'Inspecteur Général des Finances, de Chef d'Etat-major général de l'Armée, du Commissaire général de la Police, de Responsable des services des renseignements civils ou militaires, etc.

Dans l'esprit de Noël Tshiani, ces fonctions devraient être exclusivement réservées aux Congolaises et Congolais de père et de mère. A priorité, pareille initiative ne devrait pas soulever des vagues, dans la mesure où l'exercice de certaines charges d'Etat est régi par des critères rigoureux, dans tous les pays du monde, à commencer par celle de Chef de l'Etat. Pourquoi se met-on à s'agiter de nouveau, s'il est admis qu'un étranger ne peut pas postuler pour la présidence de la République, la présidence d'une des chambres du Parlement ou la Primature en RDC ?

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Dans pratiquement tous les Etats de la planète, nul ne peut postuler pour la magistrature suprême s'il n'a pas la nationalité d'origine. D'où, il y a une réelle difficulté à comprendre l'agitation de certains face à une loi visant la clarification du concept de la "Congolité" et ses modalités d'application. Il est permis de douter de bonnes intentions des contestataires de cette initiative parlementaire d'autant que la "Loi électorale", déjà votée dans les deux chambres du Parlement, n'est pas remise en cause par la Loi Tshiani.

Jusqu'à preuve du contraire, la course à la magistrature suprême de la République Démocratique du Congo est ouverte à tous les concitoyens et concitoyennes qui remplissent les critères définis dans la "Loi électorale". Par ailleurs, la Constitution n'est pas encore modifiée,

en son point relatif à la "nationalité congolaise".

S'il y a des effets nocifs à craindre de la "Loi Tshiani", ce serait peut-être pour la législature de 2028 à 2033, pour laquelle le Chef de l'Etat actuellement en fonction, que certains accusent d'être le tireur des ficelles, ne serait pas éligible pour la présidence de la République, au motif qu'il aura déjà épuisé ses deux mandats. Encore faudra-t-il qu'il réussisse à se succéder à lui-même lors de la présidentielle du 20 décembre 2023.

Bref, lorsqu'on scrute l'horizon politique congolais, le sentiment que ressentent les patriotes, au regard de la "Loi Tshiani", est que certains acteurs politiques entretiennent des agendas cachés d'infiltrations des institutions de la République par des Congolais douteux. Echaudés par les guerres à répétition que subit le pays dans sa partie Est, avec en toile de fond des actes de traitrise signés par des Congolais d'origine douteuse mais aussi des velléités d'occupation des terres et de pillage des ressources naturelles,, les Congolais de père et de mère sont en droit d'exiger que le Congo reste le patrimoine commun de ses fils et filles authentiques. A ce titre, la

"Loi Tshiani" vaut tout son pesant d'or, car elle va tracer une nette ligne de démarcation entre les Congolais de père et de mère et ceux qui ne le sont pas. Que chaque acteur ou chaque actrice politique de ce pays ait l'honnêteté et le courage d'assumer son statut par rapport à la "Congolité".

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