La Minusma a publié cette semaine son rapport sur les violences et atteintes aux droits de l'homme au Mali. Une note trimestrielle (octobre - décembre) qui permet donc d'avoir un regard sur l'ensemble de l'année 2022. Le constat est sombre: par rapport à l'année précédente, le nombre de personnes tuées a doublé, il y a eu 1 277 morts l'an dernier contre 584 en 2021.
Les principaux responsables sont les groupes jihadistes. Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM, son acronyme arabe) et l'État islamique au Grand Sahara (EIGS) sont les auteurs de plus de la moitié des violations recensées contre les civils. Vols de bétail, destructions de récoltes, attaques d'écoles, enlèvements. Selon la mission onusienne, ces groupes tirent profit des conflits intercommunautaires pour étendre leur influence.
Dans les régions de Gao, Ménaka ou Tombouctou, ils maintiennent les populations locales sous pression, leur demandent de se rallier à leur cause et de ne pas collaborer avec les autorités, sous peine de représailles. Plusieurs localités ont ainsi été prises pour cible après avoir refusé de se soumettre. De nombreux civils sont souvent contraints à la fuite. À cause d'affrontements entre jihadistes, groupes armés et milices d'autodéfense.
Bamako rejette les accusations visant les forces maliennes
Par ailleurs, la Minusma épingle également les forces de défense et de sécurité maliennes, parfois accompagnées " de personnel militaire étranger ". Elles sont responsables d'un peu plus du tiers des violations commises en 2022.
Accusations rejetées par Bamako, qui met en doute la crédibilité du rapport et la méthode utilisée. Les autorités de transition assurent par ailleurs que les forces de défense travaillent " de manière autonome pour protéger les civils ". Tout en confirmant une nouvelle fois la présence d'instructeurs russes au Mali.
Ce rapport de la Minusma ne prend pas en compte le massacre de Moura. Fin mars 2022, une opération anti-terroriste, selon Bamako, avait fait 300 morts parmi les civils dans cette localité, d'après l'ONG Human Rights Watch.