Centrafrique: A Bambouti, les combats entre rebelles font des victimes

Ex-rebelles Seleka

En Centrafrique, dans le nord-est du pays, une région très isolée, des combats entre rebelles ont fait plusieurs dizaines de morts.

Des maisons ont été incendiées et une vague de déplacés est désormais enregistrée au Soudan du Sud et à Obo, chef-lieu du Haut-Mbomou. Cette crise est la conséquence des affrontements qui opposent les Séléka de l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) aux milices A Zandé Kpi Gbé dans la commune de Bambouti. Cette région pauvre est contrôlée par les hommes de l'UPC depuis 2019 dans un contexte de quasi-absence de l'Etat. Ce mouvement politico-militaire centrafricain fondé en octobre 2014 et issu d'une scission au sein de la Seleka est dirigé par Ali Darassa, un Peul affirmant défendre les éleveurs de cette communauté musulmane. Les habitants de Bambouti souhaitent, eux, le retour de l'armée centrafricaine et accusent le préfet de leur région d'être complice avec la Séléka.

Des morts et des déplacés

Bambouti offre une scène de chaos avec des violences armées opposant les hommes de l'UPC aux milices A Zandé Kpi Gbé ayant leur base arrière au Soudan du Sud.

Plusieurs sources rapportent que les hommes de l'UPC à Bambouti obéissent aux ordres de l'actuel ministre centrafricain de l'Elevage, Hassan Bouba, ancien numéro 2 de Ali Darassa, un chef rebelle peul de l'ancienne Séléka.Des morts sont signalés de part et d'autre avec des victimes enregistrées aussi parmi les civils.

Un éleveur assimilé aux Séléka a été tué dimanche dernier. En représailles, des maisons, villages et greniers ont été incendiés par les hommes de l'UPC, entrainant une vague de déplacés au Soudan du Sud ainsi qu'à Obo, une ville située plus à l'ouest.

Certains déplacés de Bambouti arrivés à Obo sont inquiets ausujet de leurs proches dont ils n'ont plus de nouvelles.

"Mon plus grand souci c'est le sort de mes parents que nous avons laissés. Nous avons été dispersés à cause du conflit et d'autres se retrouvent au Soudan du Sud. Nous demandons l'aide du gouvernement. Nous sommes des Centrafricains, nous lui demandons de tout faire pour récupérer nos proches qui sont au Soudan du Sud. Nous avons appris qu'ils seront transférés dans un camp de réfugiés congolais et soudanais à Mokohondo et nous sommes inquiets" explique une femme qui a trouvé réfuge à Obo.

Un autre déplacé explique que la vie est chère sur place et dit par ailleurs se préoccuper du sort de ses parents qui ne parviennent pas à sortir de Bambouti. "Ici, à Obo, nous sommes pris en charge par la famille d'accueil qui a bien voulu nous recevoir mais qui est pauvre" déplore-t-il.

Une situation volatile

Cette situation de guerre civile était pourtant prévisible en raison de l'absence de l'autorité de l'Etat. En effet, les forces armées centrafricaines, cantonnées à Obo, ne se déplacent pas jusqu'à Bambouti.La Minusca, la force militaire de l'Onu, est aussi dépassée par les événements.

Devant cette situation, le commandant Jude Ngayakon, préfet du Haut-Mbomou, a noué le dialogue avec les insurgés. Mais la milice A Zandé Kpi Gbé réclame sa démission. Ce qu'il refuse.

Il explique que : "Les enfants sont entrés en brousse parce qu'ils sont soutenus par un Soudanais qui a tué ici même les Zandé (principale ethnie locale, ndlr). Donc je pense que si c'est vraiment une question de démission, il devrait y avoir des marches avec des slogans. Mais c'est un truc monté. Je ne sais pas qui est derrière mais cela n'entraine pas la démission d'un préfet. Je suis là, je rempli les devoirs de ma charge".

Le député de Bambouti, Jean-Bernard Gbissigui Aniwé, en revanche, justifie cette tension par l'exaspération des commerçants et accuse de nouveau le préfet Jude Ngayakon.

"Selon les informations qu'on a, ce sont les jeunes qui ont décidé de ne plus être avec le préfet et avec ses complices de l'UPC. Vous savez, la ville de Bambouti a toujours été saccagée par les Soudanais du Sud. Ces derniers temps, les commerçants sud-soudanais sont victimes d'attaques sur la voie qui mène d'Obo à Bambouti. L'axe Obo-Bambouti est l'unique voie qui ravitaille le Haut-Mbomou" explique le député.

La situation demeure pour l'instant volatile et de nombreuses personnes réclament l'intervention de l'armée centrafricaine. Entretemps, le préfet a été convoqué d'urgence à Bangui pour faire le point sur la situation.

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