Dakar — CICODEV Afrique, une organisation de défense des droits des consommateurs basée à Dakar, déclare avoir relevé les obstacles au financement adéquat de la politique sociale de l'Etat du Sénégal, lors d'une audition de son directeur exécutif, Amadou Kanouté, par le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Selon un communiqué de CICODEV Afrique, l'Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement, M. Kanouté a été auditionné mercredi 22 mars par les membres du CESE, sur le thème : "Financement durable de la protection sociale au Sénégal".
Le but de l'exercice était, pour cette institution sénégalaise, de recueillir les propositions de l'organisation panafricaine de défense des droits des consommateurs dans ce domaine, selon le communiqué.
A cette occasion, M. Kanouté a signalé d'abord des "défis" à relever par les pouvoirs publics en matière de protection sociale.
"Lors de son face-à-face avec les [membres] du CESE, Amadou Kanouté a mis l'accent sur les défis de la protection sociale au Sénégal. Il s'agit, entre autres, de la fragmentation des projets et programmes, de la multiplicité des acteurs, des problèmes de cohérence politique et d'efficacité, des problèmes d'ancrage institutionnel, de l'inflexibilité et de l'inadaptation du système au caractère dynamique de la pauvreté et des mutations", affirme la même source.
"Par rapport à l'ancrage institutionnel, il a [proposé] que la Délégation générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale soit logée à la présidence de la République ou à la Primature, ce qui va lui donner plus d'envergure", rapporte CICODEV Afrique de l'audition de son directeur exécutif.
Amadou Kanouté a ensuite fait des recommandations au CESE en vue d"'une meilleure prise en charge de la protection sociale au Sénégal". "Il s'agit de l'universalité des cantines scolaires, d'une meilleure coordination, pour plus d'efficacité, de transparence et de redevabilité."
"Les recommandations vont aussi dans le sens d'une clarification des dispositions légales" en matière de protection sociale, "pour une plus grande implication des communes dans le financement de la santé [et] l'adoption de la loi d'orientation sociale".
Résoudre définitivement l'équation du financement
"A sa suite, le conseiller Sadia Faty a magnifié le travail fait par CICODEV Afrique", lui qui a "assisté à plusieurs sessions" de l'organisation consumériste, "dans le cadre du projet 'Renforcer la société civile pour une protection sociale efficace"'.
M. Faty "a fait le témoignage selon lequel CICODEV Afrique travaille et fait des plaidoyers pour plus de transparence [...] dans ses programmes", affirme le communiqué.
"Le financement de la protection sociale au Sénégal ne nécessite que 2 % du budget du pays, qui s'élève à 6.000 milliards de francs CFA (6.400 milliards en 2023)", écrit l'organisation de défense des droits des consommateurs en citant son directeur exécutif.
Amadou Kanouté "en appelle à plus de concertation, de communication et de volonté pour résoudre définitivement le problème du financement" de la protection sociale.
"Seulement 2 % du budget [de l'Etat] pour financer la protection sociale dans toutes ses composantes : la couverture maladie universelle, le Programme national des bourses de sécurité familiale, la gratuité de la césarienne et des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans, la carte d'égalité des chances, l'hémodialyse, etc."
Selon M. Kanouté, ce pourcentage (2 % du budget de l'Etat) émane d'une étude menée cette année par le Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales, de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Ladite étude a été conduite dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne, que CICODEV Afrique déroule de concert avec Migration, citoyenneté et développement et le conseil départemental de Rufisque (ouest).