Dans un document publié récemment, l'intermédiaire en Bourse "Tunisie Valeurs" dresse le bilan de la conjoncture économique internationale et nationale, effectue une rétrospective boursière de 2022, annonce les perspectives pour 2023 et présente un portefeuille type de "Tunisie Valeurs".
"Tunisie Valeurs " vient de publier une nouvelle note de recherche, à travers laquelle l'intermédiaire en Bourse scrute les opportunités d'investissement et expose son portefeuille type pour 2023. Le document comprend un zoom sur 14 titres sélectionnés par les analystes de "Tunisie Valeurs ".
Dans un premier volet, le document dresse le bilan de la conjoncture économique internationale et nationale. En effet, l'année dernière, la reprise mondiale a été modeste avec 3,4%, contre une accélération de 6,1% en 2021. La croissance a été freinée, d'une part, par la résurgence de la pandémie Covid-19 en Chine et, d'autre part, par les efforts mondiaux pour contrer l'inflation provoquée par la guerre entre la Russie et l'Ukraine et matérialisée par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie. Selon le FMI, la croissance mondiale devrait ralentir davantage en 2023 pour s'établir à 2,9% en 2023, avant de remonter à 3,1% en 2024. La croissance de 2023 serait de 0,2 point de pourcentage, de plus que ce qui a été anticipé dans l'édition d'octobre 2022. Cette croissance restera inférieure à la moyenne historique (2000-2019) de 3,8%.
Des crises multiples
L'inflation mondiale devrait décliner de 8,8% en 2022 à 6,6% en 2023 et à 4,3% en 2024, mais continuera à dépasser les niveaux enregistrés avant la pandémie (2017-2019) d'environ 3,5%. Ces prévisions sont fondées sur plusieurs hypothèses, à savoir sur une révision à la baisse, depuis octobre dernier, des prix des produits de base combustibles et hors combustibles, ainsi qu'une réévaluation à la hausse des taux d'intérêt.
En 2023, les prix du pétrole devraient chuter d'environ 16%, tandis que les prix des produits de base hors combustibles devraient baisser en moyenne de 6,3%. Les hypothèses concernant les taux d'intérêt mondiaux sont revues à la hausse, compte tenu du durcissement effectif et annoncé des politiques monétaires des principales banques centrales depuis octobre 2022. Le rapport fait ressortir que la croissance dans les pays émergents et les pays en développement d'Asie devrait s'accélérer pour atteindre 5,3% et 5,2% en 2023 et 2024, respectivement, après un fléchissement plus marqué que prévu à 4,3 % en 2022, imputable à la situation économique de la Chine. Pour la première fois en plus de 40 ans, le taux de croissance de la Chine a été inférieur à la moyenne mondiale.
Tout comme pour l'économie mondiale, l'économie tunisienne devrait continuer à pâtir des conséquences de la guerre russo-ukrainienne. Ainsi, la croissance perdra en vitesse (une croissance du PIB de 1,6% en 2023 contre 2,4% en 2022), l'inflation sera galopante, les déficits jumeaux seront toujours dans une situation préoccupante et l'endettement public sera de plus en plus insoutenable.
En 2022, la baisse de l'investissement, la persistance des retombées du Covid-19 et de la crise russo-ukrainienne ont continué de peser sur l'activité des opérateurs économiques en Tunisie. Les indicateurs économiques de 2022, font état d'une croissance économique faible, d'une inflation galopante, d'un niveau de réserves en devises qui s'érode et d'un élargissement des déficits jumeaux (déficit courant et déficit budgétaire). La reprise économique est minée par le flou politique et par l'absence de plan de relance, de réformes et de visibilité.
Durant l'année 2022, le PIB a été freiné par la baisse des investissements, la persistance des effets de la crise sanitaire et l'impact de la guerre russo-ukrainienne sur le tissu productif. Il n'a progressé que de 2,4%, contre 4,3% en 2021.
En attendant le "staff-level agreement " du FMI
Aussi, l'inflation s'est nettement accélérée entre janvier et décembre 2022, passant de 6,7% à 10,1%, portant le taux d'inflation annuel moyen à 8,3%, contre une moyenne de 5,7% enregistrée en 2021. Cette évolution a résulté essentiellement du fort rebond de la composante sous-jacente (7,9% après 5,4% en 2021), qui s'est conjugué à la flambée des prix des produits alimentaires frais (14,1% après 7,1% en 2021), en relation avec la persistance des problèmes au niveau des chaînes d'approvisionnement (sécheresse, hausse des coûts des intrants, ...). Également, le prix des produits administrés a poursuivi sa tendance haussière (6,3% après 5,8%), sous l'effet de l'ajustement à la hausse des prix de certains produits et tarifs publics tout au long de l'année 2022.
Selon le rapport de "Tunisie Valeurs ", la Tunisie devrait pousser un soupir de soulagement après l'obtention du " staff-level agreement" du FMI pour un financement de 1,9 milliard de dollars étalé sur quatre ans. Loin d'être une solution miracle pour l'économie du pays, cet accord avec le FMI-- toujours en attente de validation par le Conseil d'Administration de l'institution de Bretton Woods-- représente un appel d'air et une bouffée d'oxygène pour une économie et des finances publiques en souffrance. Il permet de desserrer la bourse des crédits bilatéraux et multilatéraux pour alimenter nos réserves en devises, financer le budget (salaires, dépenses de compensation et paiement du service de la dette, etc..) et envisager l'avenir proche avec moins de craintes et d'appréhensions.
Dans un climat qui offre peu de visibilité, l'année 2023 s'annonce mitigée. Alors que les incertitudes économiques et politiques nous incitent à la prudence, trois facteurs accréditent la thèse d'une poursuite du rebond boursier. Il s'agit de la croissance des bénéfices, la poursuite des introductions en Bourse et le plan de relance économique annoncé par le Gouvernement dans le cadre du programme de financement préliminaire conclu avec le FMI.
Placement en Bourse contre épargne
D'abord, la croissance des bénéfices. Soutenue par le secteur bancaire et par son autre poids lourd, la " Sfbt ", la cote devrait enregistrer une croissance notable de sa masse bénéficiaire (29,3%), selon " Tunisie Valeurs ". Ensuite, il y aura la poursuite des introductions en Bourse.
Ainsi, l'année 2023 devrait connaître une poursuite du rythme des introductions en Bourse. Après l'IPO réussie de " STA " au début de cette année (une capitalisation boursière de 34MD) et l'entrée sur le marché de " Assurances Maghrebia Vie " réalisée à la fin de l'année (une capitalisation boursière de 152MD), pas moins de deux nouvelles sociétés devront faire leur entrée en Bourse en 2023. La réussite de ces opérations dépendra des niveaux de valorisation proposés qui ont tout intérêt à être attrayants pour attirer de nouveaux investisseurs (locaux ou étrangers) et améliorer l'offre de papier.
Sur le plan de la relance économique annoncé par le Gouvernement dans le cadre du programme de financement conclu avec le FMI, le Gouvernement a annoncé, il y a peu de temps, un ambitieux programme de relance économique qui s'articule autour de quatre grands axes prioritaires. Selon la note de recherche de l'intermédiaire en Bourse, " ce programme est faisable malgré l'ambiance politique délétère ". " Bien que ce programme de relance contienne plusieurs signaux positifs pour l'investissement en Bourse, la réaction du marché face à ces mesures d'urgence a été limitée, jusqu'à présent. Les investisseurs attendent le passage à l'acte avant de faire leur retour", précise le rapport.
Déjouer la morosité du marché
Ce rapport de "Tunisie Valeurs" essaye de répondre à une question capitale : "L'économie étant encore à la peine et l'épargne au plus bas, le placement en Bourse garde-t-il un effet d'appel ? ". La réponse apportée est dans une certaine mesure réconfortante. "Le placement boursier pourrait constituer un rempart contre l'érosion de la valeur de la monnaie étant donné l'hypothèse de résistance des marges des entreprises sélectionnées à la hausse des prix".
La conjoncture actuelle a incontestablement de quoi désorienter plus d'un épargnant. Ces derniers seront désorientés face à la hausse des taux d'intérêt, le retour d'une forte inflation et la volatilité imprévisible sur les placements boursiers. L'équation est, en effet, complexe car la rémunération réelle des placements sans risque traditionnels reste faible alors que l'inflation atteint désormais--et de façon semble-t-il durable-- des sommets.
Pour ne pas subir l'érosion monétaire de son capital, la prise de risque devient donc nécessaire, la question étant : quel type de risque faut-il prendre ? La solidité des fondamentaux, la qualité du management et le faible profil de risque restent la ligne de conduite prônée par "Tunisie Valeurs" pour faire face aux vicissitudes de l'environnement et à la grisaille ambiante.
L'horizon de placement est, également, un facteur non négligeable dans la stratégie de placement de l'intermédiaire en Bourse. Pour déjouer la morosité actuelle du marché et profiter d'un bon retour sur investissement, "Tunisie Valeurs" recommande un horizon de placement de moyen terme, d'au moins deux ans.