La coopération française au Sénégal compte mettre l'accent sur la jeunesse grâce à un soutien accru aux politiques d'éducation, de formation et d'appui à l'emploi. La revue du partenariat technique et financier entre les deux pays a permis d'évaluer les programmes en cours et de dresser "le bilan de ce qui fonctionne et de ce qui peut encore être amélioré".
La revue conjointe du programme de coopération entre le Sénégal et l'Agence française de développement (Afd) et le Sénégal a eu lieu hier à Dakar, six ans après le dernier conclave de ce genre. Ce fut l'occasion de faire un point exhaustif de l'état d'exécution des opérations de l'agence de coopération française dans ses différents secteurs d'activités.
La rencontre a permis d'identifier les défis et les principales contraintes rencontrées dans la mise en oeuvre des projets et programmes, et de formuler des recommandations pertinentes devant permettre d'en améliorer l'efficacité. Elle a aussi offert l'opportunité d'envisager de nouveaux chantiers de collaboration. D'emblée, la Directrice de cabinet du Ministre de l'Économie a souligné qu'avec une contribution globale de 1,5 milliard d'euros (975 milliards de FCfa) sur la période 2019-2023, "la France se positionne comme le premier bailleur bilatéral du Sénégal".
Parmi les plus importantes initiatives de la coopération française au Sénégal, Mme Khardiata Ndiaye a cité le Programme d'appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes (Pavie) mis en oeuvre par la Der/Fj, pour un montant de 20 millions d'euros, soit environ 13 milliards de FCfa ; le projet Madiba (Manufacturing in Africa for Disease Immunization and Building Autonomy) pour un montant de 25 millions d'euros, soit environ 16,5 milliards de FCfa.
Il s'agit d'un financement d'envergure en faveur de la nouvelle usine de fabrication de vaccins de l'Institut Pasteur de Dakar, pionnier dans ce domaine en Afrique ; le projet de réhabilitation d'infrastructures sportives en perspective des Jeux olympiques de la jeunesse (Joj) de Dakar 2026 pour un montant de 45 millions d'euros, soit environ 29,7 milliards de FCfa. Elle a aussi rappelé la signature d'une déclaration de contrat de financement pour la restructuration du réseau de bus de la ville de Dakar pour un montant de 100 millions d'euros, soit environ 65 milliards de FCfa, le 27 février dernier au Luxembourg.
Priorité à la jeunesse
À sa suite, Florian Blazy, Ministre-conseiller à l'ambassade de France au Sénégal a relevé le caractère "exceptionnel" de la coopération entre les deux pays, qui vient encore de s'illustrer avec la 5ème édition du séminaire intergouvernemental franco-sénégalais tenu à Paris le 8 décembre dernier sous la présidence des Premiers ministres, Mme Elisabeth Borne et Amadou Bâ, "le seul de ce genre en Afrique subsaharienne".
Le diplomate a ensuite fait savoir que "ce partenariat a désormais une priorité, définie ensemble lors du séminaire inter-gouvernemental en cohérence avec le "Plan Sénégal émergent" : soutenir la jeunesse, toutes les jeunesses, dans un monde marqué par une succession de crises, qu'elles soient climatiques, sanitaires, alimentaires ou énergétiques". Et selon lui, la revue conjointe portera logiquement la marque de cette priorité, "celle consistant à rechercher des solutions concrètes pour la jeunesse, c'est-à-dire près des deux tiers de la population sénégalaise, dans une logique, non pas d'aide, mais d'investissement social et solidaire".
Ces réponses devraient se traduire côté français par un soutien aux politiques d'éducation, de formation et de soutien à l'emploi. Mais aussi la construction ou la réhabilitation de centres de formation professionnelle dans des secteurs stratégiques, l'appui au Jeux olympiques de la jeunesse (Joj) et au Consortium jeunesse (société civile), le développement de la filière audiovisuelle et "une attention particulière pour Kédougou et sa jeunesse".
Le chronogramme des projets à la loupe
Les discussions entre experts sénégalais et français, hier au Radisson de Dakar, peu après le lancement officiel de la Revue conjointe des activités de l'Afd, ont montré l'ampleur de la coopération et la diversité des secteurs pris en charge, mais elles ont aussi été l'occasion de mettre le doigt sur les contraintes qui freinent l'atteinte de tous les objectifs à 100%.
Et parmi ces difficultés, le chronogramme des actions. Sous la direction de Mamour Ousmane Bâ, Directeur de la Coopération économique et financière au Ministère de l'Économie, en présence de Mihoub Mezaoughi le représentant au Sénégal de l'Agence, les échanges ont consisté à l'analyse des programmes, secteur par secteur, conjointement par un fonctionnaire sénégalais et un agent responsable de l'Afd. Si l'ancienneté de la coopération entre les deux pays n'est plus évoquée, par contre, la pertinence de son action a été au coeur des interventions des hauts fonctionnaires et responsables de projets.
L'action de l'Afd touche tous les domaines nécessaires à la croissance économique significative, à savoir la santé, l'éducation, la formation professionnelle, les infrastructures de base, l'eau, l'électricité, l'accès au numérique. Disséqué programme par programme, le portefeuille de l'Afd au Sénégal va du développement rural au climat, en passant par l'énergie, les transports, l'eau et l'assainissement... "C'est un bailleur très important", a résumé un responsable de programme non sans plaider pour "la réduction du temps entre la signature des conventions de financement et le démarrage effectif des projets".
Une situation imputée en partie à certains ministères qui ne diligenteraient pas assez vite leurs procédures. Autre rectification attendue, la configuration des projets. En effet, selon des participants à la revue, il arrive qu'un financement disponible soit "anesthésié" par les lenteurs administratives inhérentes à la mise en place du projet. S. KAMARA