Madagascar: Inertie préoccupante dans la lutte contre la surpêche du thon dans l'Océan Indien

Protéger l'environnement, c'est aussi protéger la mer et les ressources qu'elle contient. En tant qu'île, Mada­gascar a des atouts incommensurables mais qui sont en danger.

Actuellement, des organisations non gouvernementales de protection de l'environnement dont des organisations locales et internationales sonnent le glas sur leurs profondes préoccupations quant à la quasi-inexistence des efforts mis en oeuvre pour mettre fin à la surpêche du thon et des espèces apparentées.

Pourtant, cette surpêche met même en péril les moyens de subsistance des pêcheurs locaux de Madagascar. Le manque de sérieux de certains pays et organisations membres de la Commission des Thons de l'Océan Indien (CTOI), qui est chargée de gérer les espèces hautement migratoires, dans cette lutte contre la surpêche, laisse perplexe. Aucune mesure de conservation et de gestion efficace n'a été adoptée ou mise en oeuvre, mettant en péril la recons­titution des stocks tel est le cas de l'albacore de l'Océan Indien déclaré en état de surpêche dès 2015.

Lors de la récente réunion de la CTOI en février 2023 à Mombassa, Kenya, une importante résolution visant à améliorer la gestion des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants utilisés par les thoniers senneurs industriels de l'Union Européenne pour attirer les thons, a été adoptée. C'est la première fois depuis plusieurs années qu'une mesure significative a été prise pour réduire l'effort de pêche sur les captures de juvéniles d'espèces de thon tropical. Notons par exemple que l'albacore et le thon obèse sont tous deux surexploités dans l'Océan Indien, ce qui a un impact supplémentaire sur la santé des stocks.

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Cette résolution, soutenue par de nombreux pays côtiers de l'Océan Indien, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024, prévoit une réduction progressive du nombre de DCP dérivants autorisés par navire de 300 à 250 la première année et à 200 jusqu'en 2025. Elle charge également le comité scientifique de la CTOI de recommander des mesures de gestion appropriées pour les DCP dérivants, fondées sur des données scientifiques crédibles, avant la fin de l'année 2023. Conformément à l'approche de pré­caution, une fermeture de 72 jours des DCP dérivants entrera automatiquement en vigueur en 2024, à moins que des données scientifiques crédibles produites par le comité scientifique ne montrent que cette approche ne contribuera pas à la reconstitution des stocks.

Il est bien établi que, outre les effets néfastes des DCP dérivants sur les popu­lations de poissons juvéniles, l'utilisation des DCP entraîne également des niveaux élevés de prises accessoires d'espèces en voie de disparition, menacées et protégées, ainsi que des enchevêtre­ments, une pêche fantôme, une pollution marine et des dommages aux écosystèmes sensibles lorsqu'ils sont perdus ou abandonnés.

L'heure est donc à l'action. Les organisations signataires de l'alerte appuyées par de multiples citoyens du monde parlent d'une même voix pour demander à l'Union Européenne de faire preuve d'un leadership responsable en adhérant à la résolution récemment adoptée par la CTOI, dans l'intérêt des stocks de thon tropical de l'Océan Indien et des nombreux autres pays et communautés qui en dépendent. Mais aussi et surtout au Gouvernement Malagasy de défendre les droits des communautés côtières et de collaborer avec d'autres pays côtiers pour réclamer la justice océanique et continuer à soutenir la résolution.

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