La classe politique, toutes tendances confondues, les institutions, le corps diplomatique et la société civile ont été représentés au Novotel Ivandry. Sur le plan de la représentativité, la CENI a réussi son pari quant à la concertation multi-acteurs sur les élections.
Un tour de force. Dans la conjoncture actuelle, la performance mérite d'être soulignée. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), est parvenue à réunir au même endroit dans une ambiance relativement apaisée l'ensemble des tendances politiques, hier. Ceci dans le cadre de la concertation multi-acteurs sur les processus électoraux, surtout la présidentielle, au Novotel, Ivadry.
L'événement a été retransmis en direct sur la télévision publique TVM, jusqu'à 17 heures. Cette affluence n'était pas gagnée d'avance après que des entités d'opposition aient claqué la porte de la réunion technique sur l'audit de la liste électorale, lundi. Les chefs des institutions parlementaires, et Florent Rakotoarisoa, président de la Haute cour constitutionnelle (HCC), étaient de la partie. La présidence de la République était également représentée.
Le gouvernement qui a dépêché trois ministres, dont ses deux porte-paroles, à savoir Pierre Holder Ramaholimasy, ministre de l'Aménagement du territoire, et Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communication et de la culture, avec Marie Michelle Sahondrarimalala, ministre de l'Éducation nationale. L'opposition a aussi eu une forte représentation, avec Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, anciens présidents de la République, en figure de proue. Dans la catégorie des anciens Chefs d'État, Norbert Lala Ratsirahonana a été présent à Ivandry ainsi que des probables aspirants à la présidentielle que sont les Hajo Andrianainarivelo, Siteny Randrianasoloniaiko, August Paraina, ou encore Roland Ratsiraka. Même le parti "Mpitolona ho an'ny fandrosoan'i Madagasikara" (MFM), qui a crié à tout vent qu'ils boycotteront l'événement étaient bel et bien présents.
Tribune
Comme le reconnaît Olivier Rakotovazaha, leader du MFM, l'appel à tous les acteurs électoraux d'y prendre part, lancé par le Conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), leur a mis un coup de pression. Un coup de pouce bénéfique pour la CENI. Ce qui explique pourquoi son président a remis en main propre l'invitation au FFKM. Les quatre chefs des églises au sein du FFKM ont tous répondu présents, justement. Tout comme les dignitaires d'autres confessions et des autorités traditionnelles.
La grande messe des acteurs électoraux hier a permis de voir des scènes rares. Comme la discussion entre les deux anciens alliés que sont Marc Ravalomanana et Jean André Soja, dit Kaleta, conseiller spécial du président de la République actuel aux affaires politiques, sous les regards de la ministre Sahondrarimalala. Le rendez-vous s'est déroulé de 10 heures à 19 heures. "La réussite du processus électoral dans un climat d'apaisement dépend de tous", déclare Andrianarisedo Retaf Arsène Dama, président de la CENI. Il se réjouit que les parties prenantes aient répondu massivement à l'invitation de la Commission électorale et met l'accent sur l'attachement "aux valeurs du dialogue". Souligné dès l'entame, le cadre de concertation n'a pas débouché sur une résolution.
L'événement a surtout donné une tribune à tous ceux qui avaient des choses à dire au sujet des préparatifs électoraux. Pour la CENI, il s'agissait de démontrer sa bonne foi et sa volonté d'organiser des élections crédibles, transparentes et inclusives. Pareil pour la HCC. Le gouvernement a assuré haut et fort que la course à la magistrature suprême se tiendra cette année. A l'issue du discours d'ouverture par le président de la CENI, c'est le pasteur Ammi Irako Andriamahazosoa, président du FFKM, qui a ouvert la valse des prises de parole.
"(...) Ça m'étonnerai si, nous Malgaches, ne parvenons pas à trouver une solution à nos problèmes dans un esprit de vérité. Puisque seule la vérité nous permettra de sauver notre nation", soutient-il. Une brève allocution sous le sceau de l'apaisement. Ce qui a probablement inhibé les ardeurs de certains. Aussi, les anciens présidents Ravalomanana et Rajaonarimampianina ont eux aussi tenu des discours d'apaisement. "Je suis content puisque c'est le moment que nous attendions tous. J'espère qu'il nous mènera vers des élections acceptées de tous. (...) On m'a demandé tout à l'heure si j'avais confiance en la CENI. Oui je lui fais confiance", déclare entre-autres le résident de Faravohitra. Il a toutefois dénoncé les "entraves et interdictions des meetings politiques". Celui de Tsimbazaza lui aussi appelle à l'apaisement et "au respect de la Constitution".
Par ailleurs, Hery Rajaonarimampianina demande à tous de "taire les egos au profit de l'intérêt supérieur de la nation". Des mots pour introduire la déclaration qui allait venir, visiblement. Si les chefs ont retenu leurs coups, leurs lieutenants ont été cash. Les représentants d'une nouvelle entité se présentant comme le Groupe des cinq (G5), dont fait partie les partis des deux anciens Chefs d'État ont lu une déclaration affirmant le rejet de la CENI sous sa forme actuelle et soutenant que "la seule solution est la concertation nationale".