Afrique: Grâce présidentielle au Tchad - Quand le fils absout les assassins du père !

Les manifestants brûlent des pneus usagés dans un quartier de la capitale, N’Djamena.

Aussitôt condamnés, aussitôt graciés ! Qui eut cru à cette magnanimité à la vitesse grand V du président Idriss Mahamat Deby envers les rebelles qui ont officiellement assassiné son père parti inspecté les troupes au front en avril 2021 ?

En effet, à peine le tribunal de grande instance de Ndjamena a-t-il condamné 400 ex-rebelles dont 380 ex-combattants du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) le 21 mars dernier, qu'ils sont graciés par le président de la République. L'homme fort de Ndjamena n'aura même pas attendu que sèche l'encre du verdict pour signer le décret de grâce présidentielle pour ces condamnés à perpétuité. Excusez pour la célérité comme. C'est comme s'il y avait urgence en la demeure tchadienne. Oui, cette urgence c'est assurément pour le régime du Conseil militaire de transition de mettre des bouchées doubles pour renforcer le climat social apaisé actuel dans le pays avant que les vieux démons des sempiternelles divisions, querelles et dissensions ne s'y invitent à nouveau, rallumant les foyers de rébellions armées. Et pour cause, le régime des colonels tchadiens est passé en force sur la non-tenue des élections qui devrait mettre fin à l'actuelle transition en octobre 2022, tout comme il était passé en force sur les conclusions non consensuelles du Dialogue national inclusif et souverain, n'hésitant pas à tirer contre les manifestants du parti des Transformateurs faisant une cinquantaine de victimes et des centaines de blessés.

Depuis lors, Succès Masra, leur leader s'est exilé on ne sait où tout comme Mahamat Ali Mahadi, le président du FACT. 2 fortes personnalités de l'opposition dans la nature, cela donne à réfléchir au président Mahamat Deby et à ses soutiens qui, on s'en doute, ne voudraient pas les voir faire la jonction de leurs idées et de leurs moyens dans une nouvelle rébellion armée. Pour sûr, les autorités tchadiennes veulent voir venir octobre 2024, nouvelle échéance fixée pour des élections de sortie de transition, dans la sérénité. Car ce ne sera pas rien pour le président Mahamat Deby de ne se prévaloir d'avoir éteint par la force, la négociation et aussi par la justice, tous les foyers de tensions, ramenant ainsi la paix au Tchad.

Alors, si la réconciliation nationale passe par une grâce présidentielle y compris pour des rebelles aux mains ensanglantées, va pour cela et honni qui mal y pense !

Pourtant les 380 ex-combattants du FACT étaient accusés et condamnés pour " actes de terrorisme, d'atteinte à la sécurité nationale, de mise en danger de la vie du chef de l'Etat, de recrutement de mineurs, etc. " La liste de leurs crimes est bien longue et y figure pas moins la complicité d'assassinat du président Idriss Itno Deby, le père du "bon Samaritain" qui leur rend la liberté, le gîte et le couvert, ajoutent les mauvaises langues.

Quoi qu'il en soit, que cette grâce présidentielle ait été négociée dans les coulisses avec des conditionnalités sur la sécurité et la réinsertion de ces ex-combattants ou pas, la magnanimité du président Mahamat Deby a de quoi leur arracher un repentir, isolant le chef de guerre du FACT, Mahamat Ali Mahadi qui va se retrouver orphelin de plus de 350 combattants.

Ici et maintenant, c'est Deby fils qui tire profit de cette absolution de complices des assassins de son père et comptera surfer sur le retour de la paix dans le pays pour mieux asseoir son impérium sur le pays. Pour combien de temps ? Pronostic interdit.

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