Ile Maurice: Les défis d'une reprise longuement attendue !

Serait-ce une utopie que de s'attendre à un Parlement pouvant fonctionner correctement, entre personnes civilisées, dans un pays dit démocratique ? Après plus de trois mois de (trop) longs congés de nos élus, est-ce que les citoyens peuvent enfin espérer avoir des réponses sur leurs principales préoccupations ? Quelles sont les raisons profondes de leur continuelle perte de pouvoir d'achat dans un climat d'inquiétude économique ?

Pourquoi est-ce que le gouvernement n'arrive pas à gérer cette épouvantable toile qu'est le trafic de drogue enveloppant dangereusement notre société ? Pour quelle raison est-ce que le Premier ministre continue de blesser notre démocratie en ne respectant pas la séparation des pouvoirs ?

Est-ce que la réouverture de l'Assemblée nationale nous donnera toutes ces réponses ou est-ce que les élus de la majorité continueront à ne pas rendre des comptes légitimes aux contribuables ? Doit-on déjà prévoir le mauvais rôle que jouera le Speaker, grossier personnage qui, depuis sa nomination, se comporte en bouclier du pouvoir, protégeant le Premier ministre des questions embarrassantes, allant de l'assassinat de Kistnen (sujet figurant une nouvelle fois à l'agenda ce mardi) aux accusations de sniffing ?

Quelle stratégie utilisera cette fois Phokeer pour secourir Pravind Jugnauth et son équipe, appelés à s'expliquer (entre autres) sur l'influence de la mafia au sein de quelques institutions, les permis alloués au clan Franklin concernant l'exploitation des terres de l'État, le manque de coopération entre Maurice et La Réunion pour que le même Franklin purge sa peine à l'île soeur ? Doit-on s'attendre à la carte préférée du Speaker qui, pour diminuer le nombre de voix démocratiques, passe les députés de l'opposition à la guillotine sans raisons valables, à l'exemple d'Arvin Boolell, toujours sous le coup d'une expulsion depuis novembre et dont la demande de réintégration a été solidairement réclamée par ses camarades parlementaires ce samedi ?

C'est le leader de l'opposition qui, dans une stratégie offensive, explique déjà que tout refus éventuel par la majorité de répondre aux questions des élus de l'opposition serait un signe : "Souvan pa pou ena repons. Kan Premye minis refiz reponn, se enn repons..." Xavier Duval prévoit ainsi "les nombreuses difficultés auxquelles (nous) ferons face à partir de ce mardi". Mais l'opposition, en "fighting mood", a pour objectif de faire jaillir un "maximum de transparence dans tout ce qui s'est passé depuis la fermeture du Parlement, tout en exposant le népotisme et l'incompétence du pouvoir actuel".

Si tous les regards sont tournés vers la rentrée parlementaire de ce mardi 28 mars, c'est aussi parce qu'elle a lieu à un moment où l'échiquier politique est en ébullition avec l'obligation de tenir les élections municipales avant fin juin, tandis que des spéculations ont lieu sur d'éventuelles législatives ! Mais il n'y a pas que la majorité qui avance prudemment ses cartes en gardant jalousement - et indignement - pour elle les dates des futurs rendez-vous aux urnes afin d'avoir un avantage sur les autres partis ! L'opposition traditionnelle, après ses nombreux épisodes de querelles, se donne désormais pour mission de présenter une image "plus unie que jamais" - dixit Duval -, alors que Boolell estime que "l'opposition doit se fédérer".

C'est dans cet esprit que tous les élus opposants ont entouré Xavier Duval lors d'une conférence de presse ce samedi 25 mars pour bien démontrer que l'ordre dispersé fait partie du passé ! Du coup, on aura assisté au retour de Bodha qui a rangé ses hostilités envers les Rouges au placard pour se retrouver à la même table qu'Assirvaden et ses camarades, la finalité étant, selon lui, de "marye pike" au Parlement pour que le gouvernement "rann kont".

Ce retour à l'Assemblée nationale survient également sur toile de fond de nouvelles négociations des trois partis de l'opposition et des rencontres qui se succèdent rapidement entre les leaders ! Cette semaine, c'est Ramgoolam qui a fait le compte-rendu des discussions entre lui, Bérenger et Duval. S'il a tenu à faire état des échanges qu'ont eus le trio concernant les attaques du pouvoir envers le judiciaire et également sur l'assurance recherchée auprès de la commission électorale pour éviter des "irrégularités" en marge de prochaines législatives, le leader du PTr reste muet sur les négociations.

En démentant le nombre de tickets évoqué dans la presse, il tente de rassurer les partisans de chaque parti concerné, le but étant d'aplanir les gros macadams qui s'annoncent déjà. Et ce, dans la perspective d'une nouvelle alliance. D'où l'importance pour les trois partis de réussir ensemble leur entrée commune à la reprise de l'Assemblée nationale ce mardi !

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