Madagascar: Installation d'un fragile équilibre entre pouvoir et opposition

Lentement mais sûrement. La vie politique malgache est en train de se bipolariser. Il y a le régime du président Andry Rajoelina et une opposition qui s'affirme et qui dénonce tous les travers du pouvoir.

C'est dans une atmosphère de plus en plus tendue que ses députés, lors de la réunion organisée par le FFKM au Le Hintsy, ont lancé une attaque en règle contre la HCC dont ils contestent la légitimité. La charge fut particulièrement sévère et à travers elle, c'est le camp présidentiel qu'elle a visé. Le chef de l'État et ses partisans, pour le moment, préfèrent rester silencieux et affirment que c'est à travers les réalisations, qu'ils sont en train d'accomplir, qu'il faudra les juger. Mais dans le même temps, les autorités multiplient les interdictions de manifestations organisées ici et là par les membres de cette opposition. Les foyers de tension qui se multiplient, en ce moment, sont le terreau d'une contestation de plus en plus vive de l'autorité de l'État. Les étudiants de l'université de Vontovorona, que l'on croyait être rentrés dans le rang, sont de nouveau sortis du campus et se sont affrontés avec les membres des forces de l'ordre.

La colère des producteurs de vanille de Sambava a failli dégénérer en émeute, mais le calme est quand même revenu après un appel à l'apaisement lancé par un ancien député en présence de trois ministres. Une marche, entre Ambanidia et Ambohijatovo, organisée par une association pour protester contre la hausse du prix du riz, a été dissuadée par une présence massive des forces de l'ordre dans toute la ville. Ces brusques poussées de fièvre montrent que le pays traverse une véritable crise, mais que pour le moment, le sang froid des acteurs de la vie politique finit par l'emporter sur la passion. Tous veulent agir dans la légalité et désirent que le cadre républicain soit respecté.

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Sur le plan international, l'actualité reste toujours focalisée sur la guerre russo-ukrainienne. La situation sur le front semble toujours figée, chaque camp semblant se préparer sérieusement avant le déclenchement d'une prochaine offensive. Le président Vladimir Poutine a reçu son homologue chinois Xi Jinping qui n'a pas fait de déclarations fracassantes, mais qui lui a apporté son soutien amical. Les occidentaux suivent très attentivement l'évolution des relations entre la Chine et la Russie. Ils voient se dessiner un partenariat inquiétant, néanmoins ils estiment que la politique étrangère des Chinois se conçoit à l'aune de leur vision futuriste de l'état du monde. Ces derniers se projettent dans l'avenir et espèrent devenir la première puissance mondiale dans les années cinquante.

Les yeux du monde entier sont, eux aussi, braqués sur la France où la situation sociale est en train de s'envenimer. La réforme des retraites, quoique adoptée à l'Assemblée, continue de susciter des remous. La contestation continue maintenant dans la rue et elle devient de plus en plus violente. Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre risquent de dégénérer. Certains craignent une " giletjaunisation " du mouvement. Le président Emmanuel Macron, qui a été interviewé à la télévision, a essayé d'apaiser les tensions, mais à entendre les intervenants sur les chaînes d'information, la situation risque d'empirer. C'est dans ce contexte que la visite d'Etat du roi Charles III qui devait commencer lundi prochain a été reportée.

La Grande île traverse une zone de turbulences politiques qui semblent cependant bien maîtrisée par l'ensemble des acteurs de la vie politique. Entre pouvoir et opposition s'est établi un équilibre certes fragile, mais que tous voudraient maintenir en l'état. L'avenir n'est pas écrit, mais chacun voudrait que la situation soit gérée en bonne intelligence.

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