Premier établissement scolaire de la commune de Bargny, l'École mixte fête, cette année, son centenaire. Le lancement des activités a été effectué, le samedi dernier. Créé en 1922 par le colon, cet établissement qui a vu le passage de plusieurs générations de fils et filles de la localité, compte profiter de cet événement pour retrouver un souffle nouveau.
RUFISQUE- Samedi, jour de congé à l'École mixte de Bargny. Malgré ce repos, trois enseignants, maîtres de classes de CM2, s'activent en classe. Ils poursuivent les enseignements-apprentissages avec les élèves pour des séances de renforcement. Des cours gratuits que ces enseignants ont consenti à faire pour améliorer les performances scolaires et le classement de leur établissement dans l'académie de Rufisque. En remontant l'histoire, on se rend compte que l'École mixte de Bargny est la première à être implantée dans ce village traditionnel lébou. Créé en 1922, l'établissement scolaire célèbre, cette année, son centenaire. Cet événement dont le lancement a été effectué, samedi passé, en présence de la communauté éducative et des anciens pensionnaires de l'établissement, sera marqué par différentes manifestations durant toute l'année, comme l'a indiqué le comité d'organisation.
L'École mixte de Bargny, un établissement du cycle élémentaire, est installée sur une vaste superficie et constitue un point de jonction entre les quartiers de Bargny Guedj, Ngoudd et Ndaaldali. Avec son architecture qui renvoie au style colonial, l'école est constituée de salles de classe construites en blocs. Ses murs en pierre présentent des stries sous l'effet conjugué de l'âge et de l'humidité ambiante liée à la proximité avec la mer. Le décor témoigne, aujourd'hui, de la vétusté de l'établissement.
Cent ans d'existence au service de l'enseignement, l'École mixte de Bargny a été un creuset d'excellence qui a produit des générations d'élites qui ont servi le pays à des niveaux très élevés. Des sommités de la République ont fait leurs premiers pas dans cet établissement. Parmi eux figurent deux généraux de corps d'armée : Mamadou Mansour Seck et Abdoulaye Fall. On peut citer aussi d'anciens maires de Bargny comme Mar Diouf, Gaye Abou Seck et l'actuel édile de la commune, Djibril Faye. Toutes ces figures sont passées par cette école. L'actuel Secrétaire général adjoint du Gouvernement, Alyoune Badara Diop, l'ancien Ministre socialiste Alassane Dialy Ndiaye, le journaliste Khalifa Ababacar Ndiaye du Soleil, ont également fréquenté l'établissement. Au fil des années, celui-ci a grandi pour devenir, aujourd'hui, un groupe scolaire avec deux sections que sont : l'école Mixte A et Mixte B. Les deux écoles regroupées comptent plus de 1.300 élèves répartis dans 24 salles physiques pour autant de classes pédagogiques. Le personnel enseignant et d'encadrement est composé de 30 membres dont 24 maitres craie en main pour tout ce qui concerne l'enseignement en français et 4 maîtres d'arabe. Deux directeurs s'occupent du management.
Le poids de l'âge de plus en plus ressenti.
Malgré son passé glorieux, l'école est aujourd'hui confrontée à des difficultés liées à la vétusté des bâtiments. La célébration du centenaire est une opportunité pour les populations de Bargny ainsi que les alumnis (anciens pensionnaires de l'école) pour faire de la réhabilitation de l'école, une préoccupation. " La célébration est un devoir de mémoire par rapport à ceux qui nous ont précédés dans cette mythique école dont le mur est totalement construit en pierre. L'infrastructure croule sous le poids de l'âge et devait être réhabilitée depuis très longtemps. Il n'est pas concevable qu'à Bargny, qu'on soit à 80 voire 105 élèves par classe ", a déclaré le colonel Ousseynou Pouye, coordonnateur général du Comité d'organisation du centenaire de l'école mixte de Bargny. Il a saisi le lancement des activités du centenaire de l'établissement pour inviter les populations de Bargny à se joindre à cet élan pour que leur école retrouve son lustre d'antan.
" La communauté éducative de Bargny et les autorités municipales ont pensé qu'il fallait se lever et confier cette tâche à un groupe d'individus et de ressources humaines de qualité afin de relever ce défi qui ne doit pas dépasser les 12 mois ", a dit le colonel Pouye. Il affirme que les alumnis de l'école sont appuyés, dans ce projet, par tous les intellectuels de Bargny et de la diaspora. Dans cette perspective, le comité d'organisation du centenaire de l'établissement a lancé un appel pour une levée de fonds afin de mobiliser le financement nécessaire. Une vision qui, d'après le comité d'organisation, pourrait s'étendre aux autres écoles de la commune. " Les manuels de procédures pour les dépôts d'argent et les dépenses ont déjà été élaborés pour garantir la transparence et la traçabilité ", rassure Ousseynou Pouye.
Pour sa part, la mairie annonce déjà une ligne budgétaire en guise de contribution de la municipalité à ce projet de réhabilitation de l'école mixte de Bargny. " Nous avons, cette année, mis dans notre budget, une enveloppe de 26 millions de FCfa pour la réhabilitation des locaux de l'école mixte A et de l'école mixte B. Nous avons prévu aussi, sur le plan communal, une commande de 500 tables-bancs et je crois qu'avec le centenaire, l'école mixte sera prioritaire ", affirme le 1er adjoint au maire de Bargny. De l'avis de Mapathé Samb, la mairie compte aussi mettre à contribution les industries qui soutiennent la ville de Bargny dans la responsabilité sociétale d'entreprise (Rse). " Ce qui est sûr, ces industries vont contribuer autant que nous ou bien plus même que nous dans ce projet de réhabilitation et l'on va profiter du centenaire pour mieux poser les problèmes de l'école mixte de Bargny, car elle a été une école d'excellence ", a dit Mapathé Samb.
Présent à la journée de lancement, le Général Mamadou Mansour Seck, produit de l'école mixte, a insisté sur la nécessité de mobiliser toute la communauté pour venir au chevet de l'établissement. L'ancien Chef d'État-major général des armées du Sénégal (Cemga) a fréquenté l'école mixte de 1947 à 1950 avant d'entrée au lycée Van Vollenhoven de Dakar, actuel lycée Lamine Guèye. Il a déjà remis une contribution en matériels au comité d'organisation et promet d'accompagner celui-ci. " Je m'engage à être à vos côtés pour vous aider dans ce projet ", a dit le Général Seck.
VIOLENCE À L'ÉCOLE, DÉFIANCE DE L'AUTORITÉ...
Le Général Mansour Seck interpelle les parents
Interpellé sur les violences à l'école et les attitudes de défiance vis-à-vis de l'autorité, en marge de la cérémonie de lancement du centenaire de l'école mixte de Bargny, le Général Mansour Seck indexe les parents. Pour lui, les parents doivent revenir aux fondamentaux en assurant leur devoir d'éducation. Pour lui, le fait de refuser de corriger les enfants risquent de compromettre leur avenir. Il souligne, à ce sujet, le rôle capital que jouait l'enseignant. Mansour Seck se souvient de l'époque où celui-ci jouissait d'une véritable autorité sur l'apprenant avec la possibilité de le corriger sans risque de se faire poursuivre. Pour lui, c'était juste pour inculquer aux enfants une éducation de base solide et non un signe de méchanceté.
" Je me rappelle encore nos enseignants, en particulier M. Guèye Gabin qui était un enseignant non seulement compétent, mais très rigoureux. M. Gabin a joué un rôle très important puisque je me rappelle, un jour, il a même tapé un élève, l'a blessé et c'était pour son bien et personne n'a essayé de faire un recours contre lui. Au contraire, les parents des élèves l'ont même félicité. Aujourd'hui, on me dit même qu'il y a des enseignants qui ont peur des élèves et je crois que c'est le monde à l'envers, parce qu'un enseignant c'est comme le parent. Je pense que, de ce côté-là, il faudrait un retour en arrière et faire en sorte que les parents jouent leur rôle de parent, car comme le disent les anglais " spare the rod, spoil the child ( si vous négligez la cravache, vous gâtez l'enfant ".