Afrique: Accès universel a l'eau potable - Le Sénégal au défi de la qualité, la disponibilité et la sécurité

Avec des taux d'accès à l'eau potable de près de 99% en zone urbaine et de 95% en milieu rural, le Sénégal peut se réjouir d'être sur la bonne voie pour l'effectivité de l'accès universel des populations au liquide précieux et l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) dans ce sous-secteur de l'eau et de l'assainissement. Seulement, ces statistiques cachent mal des inégalités dans la répartition des ressources en eau, la qualité, la sécurité et la disponibilité notamment avec les nombreuses coupures et baisses de pression. Notamment à Dakar et Saint-Louis, à titre d'exemple.

"Le Sénégal a mobilisé des financements importants pour la construction d'ouvrages d'adduction d'eau et d'assainissement qui ont considérablement accru les capacités de production d'eau et de traitement des eaux usées, avec des taux d'accès à l'eau de près de 99% en zone urbaine et de 95% en milieu rural." C'est le ministre sénégalais de l'Eau et de l'Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, qui vantait ainsi les "performances" de notre pays en matière d'accès des populations à l'eau potable, lors de la grande Conférence des Nations Unies (ONU) sur l'Eau, tenue les 22, 23 et 24 mars 2023 à New York, aux Etats-Unis d'Amérique (USA).

Du haut de la tribune de l'ONU où il a co-présidé, au nom du Sénégal et en binôme avec la Suisse, le Dialogue Interactif numéro 4 portant sur "L'Eau et la Coopération", Serigne Mbaye Thiam, qui a "dépoussiéré" la "Déclaration de Dakar" issue du 9e Forum mondiale de l'Eau (Dakar 2022 organisé à Diamniadio à partir du 22 mars 2022) qualifiée de "Blue Deal pour la Sécurité de l'Eau et de l'Assainissement pour la Paix et le Développement", a expliqué que "l'engagement du Sénégal autour de l'accès à l'eau est indissociable de sa foi en la coopération".

"NOUS SOMMES ENCORE LOIN DES CIBLES EN MATIERE D'ACCES UNIVERSEL A L'EAU..."

Cette rencontre mondiale devrait servir de tribune d'évaluation des Objectifs de développement durable (ODD - 2030) et de plaidoyer pour un accès universel à l'eau et à l'assainissement. Alors que "plus de 2,2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable... les changements climatiques continuent d'amplifier ; la compétition pour l'accès à la ressource eau risque d'augmenter les conflits ; les événements extrêmes liés à la sécheresse et aux inondations". Bref, près d'un demi-siècle après la première Conférence de l'ONU sur l'Eau et à sept (7) ans de l'échéance des ODD, en 2030, "nous sommes encore loin des cibles en matière d'accès universel à l'eau et à l'assainissement", a reconnu le ministre.

D'ailleurs, force est de relever que ces chiffres et statistiques brandis par Serigne Mbaye Thiam ne sont pas nouveaux et rejoignent ceux déjà vendus par son prédécesseur à la tête du département de l'Hydraulique, concernant la période 2017 à 2021. En effet, la tutelle a informé, en 2021, que le "taux d'accès à l'eau potable (urbain) passe de 98% en 2013 à 98,8% en 2017". Mieux, 6.374.796 personnes sont desservies par branchements domiciliaires et 594.870 par bornes fontaines, en milieu urbain. Pour ce qui est du monde rural, le "taux d'accès à l'eau potable passe de 84,1% à 91,3% sur la période", note la source, soulignant la réalisation de branchements sociaux dont une bonne majorité subventionnée et un taux de conformité bactériologique qui "reste stable autour de 99% entre 2013 et 2018".

En plus de la "Construction et réhabilitation de 264 forages, 136 châteaux d'eau et 163 réseaux d'accès à l'eau potable" et la mise en place de la Délégation au Service Public de l'Eau avec la création des Offices des forages ruraux (OFOR) et la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) dont le degré de mise en oeuvre (0-100) "est passé de 40 à 53,9 entre 2013 et 2017". Selon toujours le ministère de l'Eau et de l'Assainissement, le "Volume d'eau sécurisée disponible dans le Lac de Guiers est passé de 1,34 milliards de m3 à 2,34 milliards de m3" et la "disponibilité de l'eau pour un potentiel agricole supplémentaire de 57.000 hectares". Tout en travaillant au renforcement des centres déficitaires pour éviter les problèmes de production en eau, le ministère, alors dirigé par Mansour Faye, de préciser que les indicateurs du secteur de l'Hydraulique prévus en 2019 et 2023 étaient de : Taux d'accès à l'eau en milieu rural : 95% en 2019, 97% en 2020, 99% en 2021 et 100% 2022 et 2023.

RESSOURCES EN EAU INEGALEMENT REPARTIES, FORTE TENEUR EN SEL, ENFLUOR ET EN FER, ET DU MERCURE ET DE L'ARSENIC DANS LES NAPPES DANS CERTAINES ZONES DU PAYS

A l'arrivée, des progrès ont été réalisés, certes. Mais l'on est encore loin des objectifs fixés notamment en milieu rural. En effet, malgré l'abondance des ressources en eau dont dispose le Sénégal, la disponibilité n'est pas toujours effective pour toutes les populations, surtout en milieu rural, dans régions périphériques et les zones de frontières, mais aussi par endroits en milieu urbain et périurbain où les coupures d'eau et baisses de pression sont toujours d'actualité (Nord Foire, Cité Damel...), malgré les nouveaux forages réalisés. Par endroits, en banlieue Dakaroise, c'est la qualité de l'eau (parfois l'odeur ou la couleur) qui inquiète certains consommateurs.

Mais aussi l'autre souci, c'est le fait que ces ressources en eau sont inégalement réparties, avec des risques de teneurs élevées en sel et fluor dans les nappes du centre, en sel dans certaines zones du Sud comme Ziguinchor, en fer au Nord-Est et en mercure et arsenic dans les zones d'orpaillage du Sud-Est (Kédougou). Un véritable défi à relever, en attendant la mise en marche de l'usine de dessalement de l'eau des Mamelles (Ouakam, Dakar) pour résorber le gap du déficit d'approvisionnement sécurisé, et à long terme, en eau potable de la capitale et ses environs.

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