Saint-Louis — Le village de Nder, dans la commune de Gnith, département de Dagana (Saint-Louis, nord), rendu célèbre par la résistance opposée par ses femmes à l'invasion des Maures du Trarza, est aujourd'hui confronté à divers problèmes, dont l'enclavement, l'absence de poste de santé et d'un réseau téléphonique.
Le mardi 7 mars 1820, des femmes de ce village sous la houlette de la Linguère Mbarka Dia, avaient préféré s'immoler par le feu que d'être réduites en esclaves par les troupes maures. Selon la tradition orale, une seule d'entre elles avait été épargnée. Et c'est elle qui avait raconté ce sacrifice ultime.
Chaque année, les descendants de ces martyres essaient de se remémorer cette date historique connue sous le nom de "talatay Nder" (mardi de Nder), pour se projeter vers l'avenir et permettre à la localité de retrouver son prestige d'antan.
Aujourd'hui, cette localité peuplée d'un millier d'habitants est confrontée à divers problèmes, déplore le secrétaire général de l'Association des ressortissants de Nder, Moustapha Sall, dans un entretien téléphonique avec l'APS.
"Nder est enclavé, et pour le joindre, il faut parcourir, à partir du croisement de Colona, une piste latéritique longue de 27 km, mais que les véhicules font en une heure quasiment", explique M. Sall, un des leaders de cette association mise en place dans les années 2010 pour défendre les intérêts de Nder.
Il égrène d'autres maux qui minent le développement de la localité, parmi lesquels l'absence d'un réseau téléphonique fiable. La zone, déplore-t-il, étant mal desservie par les différentes sociétés de téléphonie, les habitants rencontrent d'énormes difficultés pour communiquer.
La localité est aussi dépourvue d'une structure de santé digne de ce nom. Elle ne dispose que d'une case de santé construite en 1975. "Certes, elle s'agrandit mais peine à atteindre la taille d'un poste de santé, et nos évacuations se font sur Richard-Toll, à 47 km [de Nder]", renseigne-t-il.
Le poste de santé le plus proche se trouve à 10 kilomètres de Nder, mais, comme d'habitude, les malades sont référés à Richard-Toll, où ils préfèrent d'ailleurs aller se faire soigner, explique-t-il.
Les populations, surtout les femmes évoluant dans le secteur agricole, ne reçoivent aucun financement des structures mises en place par l'Etat, déplore Moustapha Sall.
Malgré la proximité du lac de Guiers, fustige-t-il, seules deux bornes-fontaines alimentent le village, et les femmes doivent patienter dans de longues files pour s'approvisionner en eau potable.
Il se félicite de ce que le cri de coeur des populations pour une restauration de la mémoire des femmes de Nder a eu un écho favorable auprès du ministère de la Culture. Selon lui, un musée des femmes a été érigé sur les lieux du drame. Mais bien qu'étant "prêt', ce musée n'a ni été "réceptionné" encore moins équipé, dit-il, saluant néanmoins cet effort des autorités étatiques.
Toujours dans le sens de perpétuer la mémoire de ces femmes du Walo, cette année, un programme a été concocté par la commune de Gnith pour commémorer ce sacrifice héroïque des femmes.
Toutes les festivités organisées cette année tendaient à mettre en valeur le patrimoine culturel de Nder et contribuer à son rayonnement, souligne M. Sall. Il souhaite l'érection du 7 mars en une journée nationale et l'introduction de l'histoire de Nder dans les programmes scolaires du Sénégal, pour que l'histoire de ses martyres soit connue des générations futures.