Guinée: Un gendarme écope de 10 ans de prison

(Photo d'archives) mots-clés : cellule, prison, prison, couloir de la mort, exécution, crime, châtiment, peine capitale

Mais les défenseurs des droits humains dénoncent une justice lente, pas assez sévère au regard des faits et aussi l'usage excessif de la force par la police et l'armée.

En prononçant un verdict de dix ans de prison contre un gendarme dans un pays habitué aux violences politiques, la justice est venue soulager, en partie seulement, la tristesse de la famille d'un garçon de 19 ans, Thierno Mamadou Diallo, abattu lors d'une manifestation, le 1er juin 2022.

Il s'agit d'une peine exceptionnelle pour un membre des forces de sécurité, depuis la prise de pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya lors d'un putsch, le 5 septembre 2021. Pour le juriste Mamoudou Diakité, c'est donc un signal fort.

"D'abord, cela envoie un message aux manifestants pour leur dire que leur vie compte, que leur vie a de la valeur. Mais aussi aux forces de l'ordre pour leur dire que leur travail est le maintien de l'ordre et non le fait d'attenter à la vie des citoyens", a déclaré à la DW, le juriste Mamadou Diakité.

Un verdict clément ?

Mais alors que le procureur avait requis 25 ans de prison contre le sous-officier Moriba Camara, la peine de dix ans prononcée par le juge du tribunal de Dixinn est encore trop peu pour la famille de Thierno Mamadou Diallo.

Alassane Souaré, consultant indépendant sur les questions de droits l'Homme et de développement, estime aussi que la sentence devrait être plus lourde.

"C'est quelqu'un qui a ôté la vie à un adolescent. Une condamnation de dix ans : pour nous, cette sentence est insuffisante. Nous espérions qu'il serait condamné à 20 ans, 30 ans ou bien qu'il écoperait de la prison à vie", explique Alassane Souaré.

L'adjudant-chef Moriba Camara est l'un des premiers gendarmes à être condamné en vertu de l'engagement, pris par les militaires au pouvoir, de rompre avec les agissements du passé.

Pas de remise en cause de l'institution

Mais sa condamnation est individuelle et ne met donc pas en cause l'armée ou le fonctionnement dans son ensemble des forces de l'ordre.

Pour Rafiou Sow, du Parti du renouveau et du progrès, c'est aussi une justice aux ordres de la junte qui, rappelle-t-il, a interdit toute manifestation dans le pays.

"On ne doit pas s'en féliciter puisqu'il y a eu dix personnes tuées depuis l'arrivée des militaires qui ont renversé (l'ancien président) Alpha Condé. Et donc nous pensons qu'il y a beaucoup à faire et nous encourageons dans ce sens à commencer par l'autorisation des manifestations telle que décrite dans la charte de la transition. Et ça, il va falloir que les autorités guinéennes de transition respectent cette charte", selon Rafiou Sow.

Alors que Les tensions ont repris en Guinée, l'opposition dénonce un exercice solitaire et autoritaire du pouvoir par les militaires, ainsi que l'instrumentalisation de la justice contre ses leaders qui réclament le retour rapide des civils au pouvoir.

L'opposition politiqueaffirme avoir dénombré 18 morts depuis le mois de mai 2022.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.