Tchad: Des manifestants toujours portés disparus au pays

Vue aérienne de Ndjamena (image d'illustration).

Au Tchad, des questions demeurent sur le sort de centaines de manifestants dont est toujours sans nouvelles.

Le président Mahamat Idriss Déby Itno a gracié, lundi 27 mars, 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir, réprimée dans le sang, le 20 octobre 2022. En plus des 139 autres libérés en décembre 2022, ils sont désormais près de 400 personnes libérées. Mais des questions demeurent sur le sort de centaines de manifestants dont est toujours sans nouvelles. Sont-ils morts ? Que dit ou fait le gouvernement à leur sujet ?

Des portés disparus

Si le nombre des libérés est important, les chiffres restent toutefois éloignés du nombre exact de personnes arrêtées lors des manifestations d'octobre dernier : plus de 600, selon l'opposition et la société civile.De nombreuses familles sont en effet toujours sans nouvelles de leurs proches portés disparus.

Sitack Yombatina Beni est l'un des vice-présidents du parti Les Transformateurs, l'un des organisateurs de la manifestation du 20 octobre. Il vit désormais en exil et selon lui : "la junte avait reconnu le nombre de 648 personnes arrêtées. Donc si vous faites le compte, il reste quand même beaucoup de gens qui manquent à l'appel. Rien que sur les chiffres de la junte, on aurait des centaines de personnes qui ne sont ni parmi les disparus, ni parmi les libérés et qui sont probablement morts. Donc vous voyez que c'est une situation encore très confuse".

Un avis partagé par l'avocat Max Loalngar, par ailleurs porte-parole de la coalition Wakit Tama qui avait coorganisé la manifestation du 20 octobre.

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Demande d'une enquête internationale

Max Loalngar, qui vit également en exil, continue d'exiger l'ouverture d'une enquête internationale sur ces événements dramatiques qui ont causé la mort de 73 personnes selon les autorités, de plusieurs centaines selon la société civile et l'opposition.

"La grâce présidentielle accordée à nos camarades manifestants n'est ni plus ni moins qu'une comédie, une fumisterie dont le but réel est de faire en sorte qu'on ne parle plus des évènements du 20 octobre 2022. Il faut une enquête indépendante qui permette vraiment de situer les faits. Qu'on puisse nous clarifier déjà sur les chiffres que le gouvernement lui-même a communiqué. Où sont partis nos camarades qui ne répondent pas à l'appel ?" explique à la DW Max Loalngar.

A noter qu'une enquête ouverte, depuis bientôt quatre mois, par la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale n'a jusque-là pas rendu son rapport.

Nos tentatives pour avoir l'avis du gouvernement sur le sujet sont demeurées sans succès. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, qui s'est exprimé au sujet de cette grâce présidentielle à la télévision nationale, a affirmé que le président de la transition montrerait ainsi qu'il veut agir" pour la paix et la réconciliation définitive du Tchad" .

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