Tchad: Grace présidentielle accordée à des rebelles du Act - Deby fils peut et doit mieux faire

Président du conseil militaire de transition au Tchad, Mahamat Idriss Deby,
analyse

Les choses sont allées très vite au Tchad. En effet, jugés et condamnés en première instance et en appel pour actes de terrorisme, enrôlement de mineurs, atteinte à la sécurité nationale et atteinte à la vie du chef de l'Etat, 380 rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) ont été graciés.

Arrêtés depuis 2021 suite au décès de l'ex-président Idriss Deby Itno, ils respirent désormais l'air de la liberté retrouvée. Ainsi en a décidé le président de la Transition, Mahamat Idriss Deby qui, on s'en souvient, avait pris l'engagement de procéder à la libération des prisonniers de guerre.

C'est tout à son honneur pour avoir tenu promesse surtout en cette période charnière que vit le Tchad où les rebellions poussent à la pelle tels des champignons. Il faut d'autant plus saluer la flexibilité de Déby fils qu'elle fait suite à un autre geste d'apaisement qu'est le retour au bercail de certaines personnalités politiques en exil depuis quelques années et cela, à la faveur de la signature de l'Accord de Doha qui a favorisé la tenue d'un Dialogue national inclusif souverain (DNIS).

Conscient donc que les conclusions du DNIS ont plus divisé les Tchadiens, Deby fils cherche désormais à se poser en rassembleur non seulement pour desserrer l'étau autour de lui, mais aussi pour rassurer l'opinion nationale et internationale qui ne cachait pas ses appréhensions surtout après la journée sanglante du 20 octobre 2022 au cours de laquelle plusieurs cadavres avaient été laissés sur le carreau. L'acte est fort, la symbolique aussi surtout que la grâce accordée à ces combattants du FACT intervient durant la période de Ramadan où le pardon et la tolérance doivent être des valeurs partagées.

Cela dit, le tout n'est pas d'élargir des prisonniers de guerre. Il faudra veiller à leur réinsertion sociale, et cela, à travers un partage juste et équitable des richesses du pays qui, pendant des années, ne profitaient qu'à Déby père et à son clan. Autrement, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets si les uns vont continuer à rouler carrosse pendant que les autres tirent le diable par la queue.

S'il veut donc sortir le Tchad de l'ornière et de la chienlit, Deby fils peut et doit mieux faire. Il doit multiplier les gestes d'apaisement en faveur de ses contempteurs dont certains, on le sait, ont été contraints de quitter le pays au lendemain de la manifestation réprimée du 20 octobre dernier. Pourquoi ne pas les inviter à regagner le bercail avec l'assurance de ne jamais être inquiétés ?

Il en est de même pour les groupes politico-militaires non signataires de l'Accord de Doha à qui Mahamat Idriss Deby ferait mieux de tendre la main ; tant ils disposent toujours d'une capacité de nuisance redoutable à même de mettre le Tchad à feu et à sang. A preuve, parmi eux, figure le FACT qui ne compte pas pour du beurre et dont le leader, condamné à perpète par contumace, est sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par la Justice tchadienne. Peut-on se réconcilier dans la persécution ? La question reste posée.

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