Sénégal: Une information judiciaire ouverte à l'encontre du médecin Babacar Niang pour des faits d'homicide involontaire

Dakar — Une information judiciaire a été ouverte à l'encontre du docteur Babacar Niang, propriétaire d'une clinique à Dakar, "pour des faits d'homicide involontaire, de non-assistance à personne en danger et de mise en danger de la vie d'autrui", a déclaré mardi le procureur général de la cour d'appel de Dakar, Ibrahima Bakhoum.

Seyda Berthe, son épouse, est également concernée par la même procédure, de même que le médecin généraliste Cheikh Mbacké Médina Sèye, a ajouté M. Bakhoum lors d'un point de presse.

L'information judiciaire les concernant a été ouverte à la suite de la mort de Mamadou Ly, un agent de la mairie de La Médina, à Dakar.

"Dans le cadre de cette enquête, les plaignants, à savoir Cheikh Tidiane Ly, représentant de la famille de Mamadou Ly, le maire de La Médina, Bamba Fall, signataire de la plainte en tant qu'employeur de l'agent municipal, ont été entendus", a ajouté Ibrahima Bakhoum.

Selon le procureur général de la cour d'appel de Dakar, il est ressorti de leur audition "des faits susceptibles de constituer des présomptions graves et concordantes pouvant justifier la poursuite de l'enquête à l'encontre [du] docteur Babacar Niang et [du] médecin généraliste Cheikh Mbacké Madina Sèye".

Seyda Berthe, épouse de M. Niang, est concernée par la procédure judiciaire en raison de son statut de "copropriétaire" de la clinique, selon M. Bakhoum.

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Babacar Niang a été cueilli dans un village du nord du pays, plusieurs jours après que l"'invitation" lui a été faite, "deux ou trois fois", de déférer à la convocation des enquêteurs, a-t-il dit.

Selon Ibrahima Bakhoum, l'agent de la mairie de La Médina a succombé à une blessure causée par "une pierre reçue à l'arcade sourcilière, qui a fini par atteindre le crâne et le cerveau en engageant son pronostic vital".

"La clinique a reçu d'autres patients, qui ont été apparemment l'élément déclencheur de la négligence" dont aurait été victime l'employé de la mairie, a-t-il dit.

Selon plusieurs médias, l'employé de la mairie de Dakar s'est blessé dans des heurts survenus près de la mairie de La Médina, le 16 mars, en marge du procès en diffamation opposant le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, à l'opposant Ousmane Sonko.

Malgré la "nécessité" de référer le client à l'hôpital Principal de Dakar, ce dernier a été "laissé en rade à la clinique" et "n'a été consulté par aucun médecin, n'a été soulagé par aucune sage-femme, encore moins un aide-soignant", a soutenu le magistrat.

A la suite d"'une forte insistance de sa famille", Mamadou Ly a été acheminé à l'hôpital Principal, où son décès a été constaté, a-t-il poursuivi.

"Mon client n'est pas du tout inculpé pour mise en danger de la vie d'autrui"

Selon le procureur général de la cour d'appel de Dakar, la famille du patient s'était pourtant "acquitté de tous les frais de soins" nécessaires à sa prise en charge médicale à la clinique.

"C'est pour toutes ces raisons qu'il (Babacar Niang) n'a pas pu justifier de soins que sa structure aurait dû prodiguer à [...] Mamadou Ly, malgré le fait qu'il se soit acquitté du paiement de tous les honoraires inhérents à sa prise en charge", a insisté Ibrahima Bakhoum.

"Le docteur Babacar Niang était à Médina Madina-Ndiathbé (dans le nord du Sénégal) à ce moment. Comment peut-il avoir une quelconque responsabilité dans la mort de Mamadou Ly ? Ce qu'il faut savoir, a argué M. Bakhoum, c'est le mode de fonctionnement de la clinique. Toutes les décisions en termes de prise en charge sont dictées par le docteur Babacar Niang, qui en est l'administrateur."

Il ajoute que "c'est au bénéfice de tout cela que des poursuites sont engagées, sous le respect de la nécessité d'enquête, de la présomption d'innocence..."

M. Bakhoum rappelle que Babacar Niang a fait l'objet d'une garde à vue avant d'être libéré et placé sous contrôle judiciaire "pour des faits d'homicide involontaire, de non-assistance à personne en danger et de mise en danger de la vie d'autrui, dont serait victime Mamadou Ly".

"Le dossier fera l'objet d'une information judiciaire, dont le traitement relèvera de la compétence d'un juge d'instruction", a-t-il précisé.

Me Abou Alassane Diallo, l'avocat chargé de la défense de Babacar Niang, a reconnu que son client a été inculpé d'homicide involontaire et de non-assistance à personne en danger. Mais aucune charge relative à la mise en danger de la vie d'autrui ne figure dans son dossier, a-t-il soutenu.

"Je préfère ne pas répondre au procureur. Je veux répondre à votre question. Le procureur a visé deux infractions : l'homicide involontaire et la non-assistance à personne en danger [...] Mon client n'est pas du tout inculpé pour mise en danger de la vie d'autrui", a dit Me Diallo à l'APS.

Babacar Niang a refusé d'être surveillé à l'aide d'un bracelet électronique. "Nous avons plaidé la mise sous contrôle judiciaire sans bracelet électronique. Et le doyen des juges a fait droit à notre demande, il l'a acceptée", a-t-il expliqué.

En raison du contrôle judiciaire dont il est l'objet, M. Niang ne doit pas sortir du territoire national et est obligé de se présenter au doyen du juge le dernier vendredi de chaque mois, selon son avocat.

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