Franklin était en tête d'affiche de la reprise parlementaire d'hier. On pouvait sentir la crispation de la majorité qui ne pouvait plus faire comme si Jean Hubert Celerine et son réseau n'existaient pas. Le speaker a essayé de casser l'élan du leader de l'opposition en évoquant le fait que la PNQ était déjà dans les journaux du matin, mais personne ne l'a pris au sérieux puisque ce n'est certainement pas une pratique nouvelle, même si Xavier-Luc Duval est moins expansif que certains de ses prédécesseurs.
Sur les conseils de ses stratèges en communication, Pravind Jugnauth a tenté de faire d'une pierre deux coups : relier la PNQ et les autres interpellations du PMQT sous une même thématique : drogue et mafia. Du coup, il a pris 70 minutes au total pour expliquer que son gouvernement, qui, a-t-il rappelé, a mis sur pied la commission Lam Shang Leen et a mis en application le rapport Parry sur les courses hippiques, est sérieux dans son combat contre la drogue et la mafia.
Sauf que tout ne s'est pas déroulé comme prévu. À un moment, quand il a évoqué la commission rogatoire, il a perdu son calme quand il a entendu le leader de l'opposition parler d'une «invisible hand» qui protège Franklin des autorités réunionnaises. Plus tard, il devait perdre sa cool attitude quand on lui a brandi des photos de lui avec des prête-noms de Franklin, ou celle de lui avec Dewdanee. Il a alors choisi d'évoquer des photos (qu'il n'avait pas sous la main), dont celle des dirigeants travaillistes avec des trafiquants (il n'a pas nommé Bruneau Laurette) ou celle de la candidate mauve Jasmine Toulouse avec le dénommé Franklin. Pravind Jugnauth parlait à visage découvert, mais, à côté de lui, Alan Ganoo et Steven Obeegadoo avaient choisi de cacher leur expression faciale derrière des masques sanitaires, de même que Maneesh Gobin derrière lui.
Dans le fond, le Premier ministre a quand même avoué que la France a réclamé, «les 21 et 22 février», l'extradition de Franklin et de Nono. Pourquoi maintenant, s'est étonné Pravind Jugnauth ? Réponse immédiate de Xavier-Luc Duval : «C'est grâce à la presse !» En effet, l'express a révélé, dès la mi-janvier 2023, les antécédents juridiques de Franklin, ce qui nous a valu des réclamations de Rs 25 millions de la part du condamné du tribunal de St-Denis, parce qu'il voulait faire croire qu'il était Mr Propre, et que c'était nous qui avions sali sa réputation. La longue tirade du Premier ministre a, du reste, confirmé le lourd dossier de celui-ci et les zigzags de nos agences gouvernementales dans ce dossier qu'on n'est pas près de refermer...
Le rapport de l'Audit et le bilan de la Banque centrale regorgent d'informations les unes plus révélatrices du dysfonctionnement politique. C'est à bien des égards deux encyclopédies de la destruction de valeur, pour ne pas dire pillage. Un exemple. 1) Page 146 du rapport de l'Audit : sous le titre Investments costing Rs 20,9 billion were stated at Zero Fair Value as of 30 June 2022. On parle ici de Maubank Holdings, National Property Fund Ltd, Mauritius Post Ltd. Source : Treasury Investment Register and Treasury Workings. Autre exemple : Statement of Financial Position de la Bank of Mauritius. Sous l'item Capital and Reserves, les réserves sont passées de Rs 3 milliards en 2021 à... Rs 900 millions en 2022 (contre + Rs 21 milliards en 2015 !). Ils ont encore puisé de ce fonds virtuel, qui est réalimenté par la dépréciation continue de la roupie.