Afrique: Sommet pour la démocratie - Une voix unique pour l'Afrique

29 Mars 2023

L'Afrique doit avoir une seule voix pour défendre ses intérêts sur le plan mondial. C'est l'avis de Dr Paul-Simon Handy qui a présidé la cérémonie d'ouverture du deuxième sommet pour la démocratie qui se tient du 27 au 31 mars à Lusaka (Zambie).

Le deuxième sommet pour la démocratie s'est ouvert, hier, à Lusaka, en Zambie. Ce sommet, qui va durer cinq jours, se tient simultanément aux États-Unis, avec le Costa Rica, les Pays-Bas, la République de Corée et la République de Zambie comme co-organisateurs. En Zambie, c'est Open Society-Africa, en collaboration avec le Centre des Études sur la sécurité, qui dirige la planification. L'ouverture a réuni plusieurs participants, notamment des diplomates de plusieurs pays du continent, des panafricains, des défenseurs des droits humains, entre autres. Se tenant dans un contexte où 25 pays africains se préparent à des élections présidentielles ou parlementaires, ce sommet servira de tribune pour parler de fond en comble de l'état de la démocratie en Afrique.

La cérémonie d'ouverture, réunissant plusieurs personnalités africaines, dont des diplomates, des membres de la société civile africaine a été présidée par Dr Paul-Simon Handy, Directeur régional Afrique de l'Est et représentant auprès de l'Union africaine. Selon lui, ce sommet vient à son heure d'autant plus que les enjeux pour le continent sont énormes et il est temps que l'Afrique réagisse. C'est un sommet qui, selon lui, vise à repositionner l'Afrique dans son engagement en développement. Ainsi, pense-t-il : « Les États africains doivent avoir une voix commune pour relever les défis auxquels ils font face. Lesquels sont les changements climatiques, la dette, l'adhésion au G20... Il faut que nos Chefs d'État s'entendent sur les priorités pour avoir un continent développé. Il faut une vision commune », dit-il, tout en soutenant que cette idée de citoyenneté doit être au centre des préoccupations.

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Poursuivant, il pense qu'il est important que les États africains se focalisent sur la diplomatie économique. D'après lui, ils doivent avoir une façon de communiquer entre eux pour mieux défendre leurs intérêts. Cependant, il constate, pour s'en désoler : « qu'il n'y a pas de cohérence entre les petits États et les grands États. Nous devons réformer cela et nous devons être plus pragmatiques pour faire avancer le continent ». Poursuivant, il pense que les États africains ne peuvent pas continuer à avoir des positions divergentes sur des sujets majeurs.

DEUXIÈME SOMMET POUR LA DÉMOCRATIE

Les États africains invités à redéfinir leurs partenariats étrangers

Ibrahima Kane d'Open Society-africa a invité, hier, les États africains à redéfinir leurs relations avec les partenaires étrangers. Il s'exprimait à l'occasion de l'ouverture du deuxième sommet pour la démocratie à Lusaka, en Zambie.

Le thème d'ouverture du deuxième sommet pour la démocratie a porté sur comment « redéfinir les relations entre les États africains avec leurs partenaires étrangers ». Panéliste de ce thème, Ibrahima Kane, conseiller chargé des questions de l'Union africaine (Ua) à Open Society-africa, estime qu'aujourd'hui, il faut un traitement plus équitable des questions posées par les Africains. Pour étayer ses propos, il évoque l'accès aux vaccins qui, à ses yeux, doit se baser sur des règles équitables et non « sur des rapports entre dominants et dominés ». D'après lui, quand les États africains ont créé l'Union africaine, tout le monde pensait que les États allaient s'engager dans le processus d'intégration pour changer la nature des relations avec l'occident.

Mais, constate-t-il pour le regretter : « tel n'est pas le cas. Jusqu'à présent, les États africains continuent de considérer l'Union africaine comme juste une organisation de coopération, à la limite, une organisation qui permet d'arrondir les angles, mais pas comme une organisation qui peut porter la voix du continent ». Et pourtant, souligne-t-il : « c'est à travers cette organisation qu'on a créé et adopté, en 2013, l'agenda 2063 qui était une manière, pour l'Afrique de se projeter dans les 50 prochaines années. Et quand une organisation pose ce genre d'actes, il a besoin d'un accompagnement. C'est-à-dire trouver les instruments qui vont lui permettre de mettre en oeuvre cet agenda. Et, le premier instrument, c'est la Commission de l'Union africaine ».

Renforcer la Commission de l'Union africaine

De l'avis de M. Kane, cette commission n'est pas seulement un secrétariat. Elle est, d'après lui, le visage du continent en termes de développement de relations avec le reste du monde. Mais, se désole-t-il : « on a comme l'impression qu'en Afrique, on ne veut pas avoir une Union africaine forte, qui va demander aux États membres de respecter les normes qui sont édictées. Si l'on veut avoir une relation gagnant-gagnant avec l'Europe, il nous faut avoir nos propres stratégies avec l'Occident. Les États peuvent le faire collectivement. Mais tant que la commission n'aura pas les moyens pour agir, on n'ira nulle part ». Sur ces entrefaites, il regrette le fait que les Européens financent 60% du budget de l'Union africaine. « Il y a beaucoup de choses qui doivent changer. Et politiquement, les États africains doivent décider, à partir de maintenant, de financer leur agenda à travers la Commission de l'Union africaine. Cette Commission doit être renforcée, mieux outillée et ses recommandations doivent être suivies par les États. « Pendant ces dix dernières années, toutes les ressources qui ont été mobilisées par le continent, les 80% ont servi à régler les problèmes de paix et de sécurité. Il n'y a que 20% de ces ressources qui ont servi à régler des investissements. Avec cela, on ne peut aller nulle part. On ne pourra jouer un rôle que si l'on est en paix avec soi-même ».

Renouvellement de la classe politique

Par ailleurs, Ibrahima Kane a anticipé sur le thème consacré qui doit être abordé aujourd'hui. Ce, parce qu'il estime qu'il y a forcément un lien entre la démocratie et les partenariats. « Si l'on veut que ces partenariats puissent nous aider à aller de l'avant, il faut qu'on soit dans des sociétés où les gens vivent librement, se déplacent librement. Il faut qu'on vive dans des sociétés où il y a un renouvellement de la classe politique régulièrement à travers des élections, à travers le respect des constitutions, entre autres ». À son avis, la démocratie qui mérite d'être mise en exergue, c'est celle de la conquête des libertés permanentes. Or souvent, on oublie, selon lui, les contre-pouvoirs. « Ce qui mérite une réflexion dans nos sociétés, c'est le statut de l'opposition. Il faut que les oppositions aient un statut dans nos pays. On ne peut pas se retrouver dans des situations où c'est celui qui est au pouvoir qui dicte sa loi. Il faut délimiter les rôles et responsabilités des uns et des autres », a-t-il dit, plaidant le renforcement et l'accompagnement de tous les acteurs de la société qui ont leur mot à dire dans les affaires de la cité.

ADHÉSION DE L'AFRIQUE AU G20

« L'Afrique ne peut pas aller désunie dans ce combat »

L'Afrique souhaite avoir un siège permanent au G20. Cette revendication a été bien menée par le Président sortant de l'Union africaine, Macky Sall, qui a eu le soutien de plusieurs États. Mais, selon Ibrahima Kane d'Open Society-africa « l'Afrique ne peut pas aller désunie dans ce combat, c'est l'Afrique qui doit, dans ses relations avec le reste du monde, imposer sa présence. Il faut qu'on ait des institutions capables de mener le combat », dit-il.

(Envoyé spécial à Lusaka)

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