Le président de la transition tchadienne Mahamat Idriss Deby a multiplié les gens d'apaisement au cours d'une semaine, graciant de centaines de combattants du Fact et des manifestants arrêtés lors des manifestations du 20 octobre 2022. Des mesures prise alors que le pays se dirige vers un référendum sur la réforme de l'État contestée par l'opposition. Si celle-ci, avec la société civile, se réjouit de ces libérations, elle estime qu'on est encore loin du compte.
Opposition politique et société civile sont tous sont unanimes : les grâces présidentielles accordées aux manifestants et aux combattants du Front pour l'alternance et la concorde (Fact) sont « un pas dans le bon sens, mais pas suffisant pour désamorcer les tensions qui pèsent sur le pays », explique l'un d'eux.
Ils continuent d'exiger du président de transition la grâce présidentielle pour les leaders du Fact, condamnés eux aussi à la prison à vie par contumace et qui ont été exclus de cette mesure.
Mais ils exigent aussi une enquête internationale indépendante et impartiale pour faire la lumière sur la répression sanglante du « jeudi noir » : « On a jugé les victimes de la répression et non les bourreaux qui leur ont tiré dessus », a martelé l'opposant Yaya Dillo, président du parti socialiste sans frontières.
Les parties appellent également à de véritables négociations entre le pouvoir avec ceux qui ne font pas partie de l'actuelle gouvernement de transition, pour qu'ils puissent arriver à « des élections inclusives et apaisées ».
Tentative de décrispation en vue des prochaines échéances ?
De son côté, gouvernement estime que « la grâce, qui est un acte discrétionnaire, appartient au chef de l'État » et est un signe qu'il veut donner des « chances supplémentaires pour une paix définitive au Tchad », a réagi le porte-parole du gouvernement Aziz Mahamat Saleh.
Il estime que le dialogue « n'a jamais été rompu par le gouvernement », assure-t-il en rappelant que « des médiateurs et facilitateurs agissent dans ce sens pour la paix au Tchad ». Cela dans une allusion à la communauté catholique de San't Egidio, qui tente depuis des mois de relancer les pourparlers avec les 18 mouvements politico-militaires non signataires de l'accord de Doha, avec l'assentiment de Ndjamena, selon nos sources.
Le politologue tchadien Evariste Ngarlem Toldé replace dans le contexte actuel la décision du président de transition : il estime que Mahamat Idriss Deby tente de décrisper la situation, mais ça ne sera pas facile vu les prochaines échéances au rendez-vous.
La grâce a été annoncée alors qu'«il est prévu d'ici la fin de l'année le référendum constitutionnel», un calendrier délicat, estime politologue tchadien Evariste Ngarlem Toldé