Sénégal: Bignona - Mamadou Korka Ba est mort d' "une destruction cérébrale causée par l'impact d'un explosif', selon le procureur

Ziguinchor — La mort de Mamadou Korka Ba, un jeune tué le 20 mars dernier lors d'une manifestation à Bignona (sud), a été causée par l'impact d'un explosif, a déclaré mercredi le procureur du tribunal de grande instance (TGI) de Ziguinchor (sud), Ismaïla Diallo, sur la base d'un rapport d'autopsie.

Lors d'un point de presse, M. Diallo a rappelé les dispositions qu'il a prises après avoir appris le décès de cet élève de 22 ans, inscrit en terminale au collège privé René-Coly, à Bignona.

Il dit avoir appris, le 20 mars, "par voie téléphonique", qu'un corps sans vie avait été déposé devant le camp militaire de Bignona, à la suite d'échauffourées survenues dans cette ville.

"Dans l'immédiat, nous avons demandé au commandant de la brigade de gendarmerie de Bignona de procéder aux premières constatations d'usage", a expliqué Ismaïla Diallo en présence du procureur général de la cour d'appel de Ziguinchor, Salifou Mbaye.

Il affirme que "les gendarmes ont constaté une plaie béante sur le front" de la victime.

"Une réquisition à personne qualifiée aux fins d'autopsie médicale a été établie le 21 mars 2023 pour déterminer les causes de la mort du défunt", a ajouté M. Diallo.

Selon le procureur, le rapport d'expertise médicolégale établi par une équipe de trois médecins a "conclu à une mort par plaie béante pénétrante du cuir chevelu, avec une destruction cérébrale causée par l'impact d'un explosif".

%

Il assure que Sadio Dramé, âgé de 19 ans, se porte bien. Cet adolescent avait été admis dans un établissement de santé de Bignona, puis à l'hôpital régional de Ziguinchor. "Le médecin traitant avait évoqué un hémothorax gauche. Admis d'abord en réanimation, il est aujourd'hui hors de danger", a déclaré M. Diallo.

Le procureur du TGI de Ziguinchor affirme qu'une enquête judiciaire a "été ouverte dans le but d'élucider les circonstances" de la mort de Mamadou Korka Ba et de la blessure de Sadio Dramé, afin d'en "situer les responsabilités". Il assure que "l'enquête suit normalement son cours".

Depuis les manifestations du 16 mars dernier, 96 manifestants ont été arrêtés et déférés au parquet de Ziguinchor, a annoncé Ismaïla Diallo.

"Soixante-quatre personnes ont été placées sous mandat de dépôt. Trente-deux autres personnes, des mineurs et des élèves pour la plupart, ont été remises en liberté", a-t-il précisé.

M. Diallo souligne qu"'aucune procédure d'information judiciaire" n'a jusque-là été engagée, concernant les personnes maintenues en détention. "En termes de démarche de politique criminelle, au regard de nos particularités, il ne nous semblait pas nécessaire, pour le dénouement de ce dossier, de saisir le juge d'instruction", a-t-il expliqué.

"Aucune procédure d'information judiciaire n'a pour le moment été ouverte, car les dossiers présentés ne nécessitaient pas ce type de règlement, puisque, dans tous les cas, les mis en cause ont été appréhendés, soit au moment des faits ou dans un temps très voisin de l'action", a précisé le procureur général de la cour d'appel de Ziguinchor.

"Maintenant, si au cours des enquêtes nous tombons sur des dossiers qui nécessitent l'ouverture d'une information, nous aviserons. Pour le moment, il n'y a que des poursuites de flagrant délit", a expliqué Salifou Mbaye.

Dans la région de Kolda (sud), qui relève de la cour d'appel de Ziguinchor, aucune manifestation d'envergure de nature à troubler l'ordre public n'a eu lieu, selon le procureur général.

Dans la région de Sédhiou (sud), en revanche, 10 personnes ont été arrêtées à Bounkiling, le 17 mars, et déférées au parquet. Poursuivies en justice pour des faits de "participation à des manifestations non autorisées et trouble à l'ordre public", elles ont été relaxées lors d'une audience tenue le 23 mars 2023, selon M. Mbaye.

Mamadou Korka Ba a été tué le 20 mars, après que des heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et des jeunes descendus spontanément protester dans les rues de Bignona. Ils réclamaient la libération de leurs camarades arrêtés la veille.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.