Mali: Un chroniqueur radio et une influenceuse poursuivis pour «association de malfaiteurs»

Bamako, Mali

Ras Bath et « Rose vie chère » sont désormais poursuivis pour « association de malfaiteurs ». Le chroniqueur radio, Mohamed Youssouf Bathily de son vrai nom, et l'influenceuse Rokia Doumbia, étaient déjà incarcérés et en attente de leur procès. D'autres charges pèsent à présent contre eux dans le cadre d'une nouvelle procédure.

Ras Bath a été sorti de sa cellule mardi 28 mars « enchaîné », selon son avocat, et présenté à un juge d'instruction du tribunal de la Commune IV de Bamako. De source proche du parquet, Ras Bath a été inculpé d'« association de malfaiteurs » et d'« atteinte au crédit de l'État pris dans sa gouvernance judiciaire et politique ».

Accès au dossier refusé

« De quels malfaiteurs parle-t-on ? », s'interroge l'avocat de Ras Bath, Maître Kassoum Tapo, qui indique que l'accès au dossier lui a été refusé.

Il y a deux semaines et demie, le 13 mars, Ras Bath avait été incarcéré après avoir déclaré, lors d'une réunion politique publique, que Soumeylou Boubeye Maïga avait été « assassiné », sans préciser par qui. L'ex-Premier ministre est mort en détention il y a un an. Les autorités maliennes de transition avaient refusé son évacuation sanitaire, en dépit des recommandations médicales.

« L'empêcher de tenir des propos critiques »

Ras Bath doit déjà comparaître le 13 juin prochain pour « simulation d'infraction » et « atteinte au crédit de l'État pris dans les actions judiciaires, par le biais d'un système d'information ».

« Ils savent que cette procédure ne tient pas, alors ils tentent autre chose pour le maintenir en prison et l'empêcher de tenir des propos critiques », estime Maître Kassoum Tapo, qui avait déposé la semaine dernière une demande de mise en liberté provisoire.

« Rose vie chère » aussi

L'avocat défend également Rokia Doumbia, influenceuse connue pour dénoncer la cherté de la vie sur les réseaux sociaux, et inculpée à son tour mercredi 29 mars par le même juge d'instruction et pour les mêmes motifs que Ras Bath.

Celle que l'on surnomme « Rose vie chère » avait été placée sous mandat de dépôt le 15 mars dernier, après avoir estimé dans une vidéo que la Transition était « un échec » en raison de l'augmentation du prix de nombreux produits de base. Dans cette vidéo, elle interpellait directement les « colonels » qui dirigent le pays, à commencer par Assimi Goïta, chef de l'État.

Rokia Doumbia doit comparaître le 14 juin prochain pour, notamment, « incitation à la révolte » et « outrage et violences envers le chef de l'État ». Les charges qui pèsent contre elle sont donc désormais plus lourdes.

Ras Bath et Rose « font ainsi l'objet de deux mandats de dépôt désormais, l'un du parquet et l'autre du juge d'instruction devant lequel d'autres personnes sont également visées », indique la même source proche du parquet du tribunal de la Commune IV de Bamako. Et de glisser ce commentaire : « La situation se complique pour eux, car devant un juge d'instruction, il faut compter le temps. »

« Ces poursuites sont inadmissibles », estime quant à lui Me Kassoum Tapo, qui ajoute : « L'instrumentalisation de la justice doit cesser. »

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