Madagascar Airlines bénéficie des largesses financières de l'État. Qui se porte garant dans ses locations d'appareils. Ce qui suscite quelques interrogations sur les accords passés avec le Fonds monétaire international.
Est-ce une entorse aux conditionnalités de la Facilité élargie de crédit, FEC, du Fonds monétaire international, FMI ? S'il est trop tôt pour se prononcer, il est acquis que l'État se porte garant des locations des aéronefs au service de Madagascar Airlines. Pour une somme souveraine de 20 millions de dollars pour l'Embraer 190 E92 devant assurer les vols nationaux et régionaux de Madagascar Airlines, via la compagnie Tsaradia. Pourtant, le FMI a émis des recommandations en vue de la prochaine revue de la FEC.
Il s'agit d'augmenter les dépenses pour les ministères à vocation sociale que sont l'Education nationale, la Santé publique, l'Eau-assainissement-hygiène, la Population et la promotion féminine, la mention des risques budgétaires pouvant influencer le taux de croissance et le taux d'inflation, la gestion des catastrophes auxquelles le pays s'expose, la mise en place d'un mécanisme d'ajustement automatique des prix du carburant dès l'année prochaine et faire savoir au FMI tout déblocage financier pour Air Madagascar.
Comme ces 20 millions de dollars sont destinés à Madagascar Airlines, et prévus dans la loi de finance initiale 2023, il se peut que le FMI ne formule aucune objection particulière. Il est presque averti de ces affectations budgétaires. Comme la Banque mondiale. Même si au décollage, au mois d'octobre, il a été programmé l'acquisition en dry lease de cet Embraer 190 E2, attendu au mois de juin, et un Dreamliner pour les vols long-courrier. La location vaudra alors 245 000 dollars par mois, par l'entremise de la société Azorra, ayant son siège social aux États-Unis, qui collabore depuis toujours avec l'avionneur brésilien, dans ce partenariat avec Madagascar Airlines.
Défi personnel
Cet apport conséquent de l'État s'inscrit dans la rubrique de la dette publique garantie. Le président de la République Andry Rajoelina, a fait d'un défi personnel la réussite de l'opération
sauvetage d'Air Madagascar. Selon les dernières estimations, il faudrait trouver 60 millions de dollars pour la sortir de l'impasse financière avec Tsaradia. Par des choix stratégiques douteux et incohérents, ce qui fut le porte-étendard de l'économie nationale est devenu un lourd fardeau pour les finances publiques .Ce nouvel épisode de location sera-t-il le dernier acte d'un long feuilleton à rebondissements ? Un premier vrai test pour Thierry de Bailleul, le directeur général de Madagascar Airlines, censé piloter les réformes structurelles à venir.