Afrique: Coopération - La hausse des investissements américains en Afrique se confirme

La vice-présidente des États-Unis Kamala Harris avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo, le 27 mars 2023.

Les dirigeants américains veulent actuellement passer à la vitesse de croisière pour réaliser le vaste partenariat avec l'Afrique tant prôné par l'administration Biden. C'est dans ce cadre que s'inscrit la tournée de la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, dans ce continent largement ignoré par l'ex-président Donald Trump (2017-2021) et longtemps délaissé par Washington.

Le périple de Kamala Harris au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, prévu jusqu'au 2 avril, lui a d'ores et déjà permis d'annoncer une nouvelle enveloppe d'aide de 100 millions de dollars pour renforcer la sécurité des côtes d'Afrique de l'Ouest. Ce montant qu'investira le gouvernement américain permettra d'aider le Ghana, le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Togo à lutter contre la menace djihadiste. Les Occidentaux, avec les Etats-Unis en tête, ont décidé d'aider les pays du golfe de Guinée contre les violences djihadistes après le retrait des troupes françaises du Mali.

L'appui financier américain est annoncé au moment où la société de sécurité russe Wagner, qui opère dans plusieurs pays africains, a été sanctionnée par l'Union européenne après des accusations de violation des droits humains. La présence du groupe paramilitaire russe au Sahel préoccupe non seulement les Européens, mais aussi Accra que Washington. « Nous avons clairement exprimé nos inquiétudes », a déclaré, par exemple, Nana Akufo-Addo, le président ghanéen. « Cela crée la possibilité très réelle (...) qu'une fois de plus, notre continent devienne le terrain de jeu de l'affrontement des grandes puissances », a-t-il affirmé.

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Le Ghana figure parmi les pays qui bénéficieront prioritairement du programme d'investissement américain. C'est pour cela que les États-Unis fourniront à Accra une aide de 139 millions de dollars l'année prochaine, notamment pour financer des initiatives économiques, commerciales et culturelles, ainsi que dans le secteur de la santé, précisément un plan de lutte contre le paludisme.

La Tanzanie, qui a signé un contrat de 2,2 milliards de dollars avec une entreprise chinoise pour une ligne ferroviaire reliant le principal port du pays à ses voisins, est également l'une des destinations des investissements américains, tout comme la Zambie. Ce qui pousse Washington à faire pression pour obtenir de la part des créanciers de Lusaka l'allègement de sa dette. « Nous continuerons à faire pression pour que les principaux créanciers, bilatéraux et du secteur privé, participent de manière significative à l'allègement de la dette de la Zambie, en particulier la Chine », affirmait récemment la secrétaire d'État américaine au Trésor, Janet Yellen.

Washington n'entend délaisser aucun pays

D'autres Etats africains ne seront pas laissés au bord du chemin puisque Washington s'est engagé à renforcer les partenariats ainsi que les liens économiques avec l'Afrique « en augmentant les niveaux tant en termes d'investissement que de flux commerciaux ». Des promesses ont été faites dans ce sens en décembre dernier lors du sommet Etats-Unis/Afrique : l'administration Biden avait alors dévoilé son intention d'investir 55 milliards de dollars pour toute l'Afrique, afin d' améliorer les infrastructures de santé, promouvoir les énergies renouvelables, le numérique et repousser la faim.

Au sujet de la volonté affichée pour investir davantage en Afrique, la vice-présidente américaine estime que cela s'avère nécessaire parce que « les idées et innovations africaines façonneront l'avenir du monde ». « Nous devons investir dans l'ingéniosité et la créativité africaines, qui déboucheront sur une croissance économique et des opportunités incroyables », a déclaré à plusieurs reprises Kamala Harris au cours de sa tournée africaine.

« Je suis très enthousiaste quant à l'impact de l'avenir de l'Afrique sur le reste du monde, y compris les États-Unis », a-t-elle souligné, ajoutant que sa visite est « une nouvelle affirmation de la relation et de l'amitié durables » entre les États-Unis et le continent africain. Pour ce faire, Kamala Harris a appelé à davantage d'investissements dans l'innovation en Afrique, assurant que son pays resterait « un partenaire inébranlable pour le progrès » du continent noir.

La tournée africaine de la vice-présidente des Etats-Unis fait suite au récent séjour en Afrique de Jill Biden. Elle fait partie d'une longue série de voyages de hauts responsables américains sur le continent cette année. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, y a séjourné du 18 au 28 janvier dernier dans trois pays (Sénégal, Zambie et Afrique du Sud) et l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'Organisation des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, s'est rendue au Ghana, au Mozambique et au Kenya, du 25 au 29 janvier. Les Américains cherchent donc à affirmer leur présence face à la Russie qui y gagne du terrain alors que la Chine, premier créancier mondial des pays pauvres et en développement, investit massivement en Afrique.

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