La dégradation du fleuve Niger inquiète les défenseurs de l'environnement. Alors que le pays est en pleine période sèche où le fleuve est à son plus bas, ils appellent à la mise en place de mesures strictes pour freiner le rétrécissement de ce cours d'eau, qui alimente aussi les populations d'autres États riverains, comme le Mali, le Bénin, la Guinée et le Nigeria. Au Niger, cela passera par la lutte contre la pollution.
Une eau qui revêt des couleurs anormalement sombres à cause de produits chimiques, l'absence de végétation aux endroits où des déchets sont déversés : la pollution du fleuve Niger est largement visible à Niamey.
Pour Sani Ayouba, directeur exécutif de l'ONG Jeunes volontaires pour l'environnement au Niger, le cours d'eau est aussi devenu un déversoir de déchets, comme il l'explique au micro de Christina Okello : « Tout finit dans le fleuve, que ce soit en saison des pluies, ou dans les quartiers périphériques au bord du fleuve en cas de ruissellement des eaux. Les gens en profitent pour déverser leurs ordures ménagères directement dans le fleuve. Ça s'accentue d'année en année avec le nombre de gens qui peuplent Niamey. On avoisine les 3 millions habitants, alors qu'avant c'était 1 million d'habitants. »
Les actions des riverains et des industries autour du fleuve Niger ont fait baisser le cours d'eau et perturbent les activités économiques comme la pêche. « Moi, quand j'étais enfant, nous avions l'habitude d'aller pêcher mais aujourd'hui ce sont les zones où il n'y a plus de poissons parce que l'eau est polluée, poursuit Sani Ayouba. Ça fait une réduction assez conséquente de la quantité du poisson. Il y a beaucoup de villages de pêcheurs au bord du fleuve où les gens maintenant sont obligés d'abandonner cette activité ».
Les défenseurs de l'environnement, comme Sani Ayouba, appellent les autorités nigériennes à encadrer le déversement des déchets ménagers et industriels dans le fleuve et à mieux sensibiliser les populations.
« Il faut d'abord mettre en place un comité de suivi du fleuve »
Autre facteur de la dégradation du fleuve Niger, l'ensablement, aggravé par la déforestation des arbres autour de la capitale. Conséquence : une hausse des inondations dans la ville, qui se produisent désormais une année sur deux en moyenne, comme l'explique le docteur Alassane Hado Halidou, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement de Niamey.
« La ville de Niamey était extrêmement boisée, donc dans les années 1950, explique-t-il au micro de Christina Okello. Et, maintenant, la déforestation de ses hauts-plateaux, aux alentours de la ville de Niamey, a contribué à accroître le degré de ruissellement, donc à augmenter la charge de sédiments transportés. Depuis quelques années, malheureusement, on assiste à une remontée de la nappe phréatique, ces eaux ayant inondé déjà quatre quartiers. Donc, il y a actuellement quatre quartiers de la ville de Niamey qui observent ces phénomènes d'inondation liés à la nappe ».
Il poursuit : « Malgré le caractère perceptible de ces menaces, celles-ci n'ont pas fait l'objet d'une quantification réelle. Vous allez avoir peut-être, maintenant, à l'échelle de ces bassins, des travaux qui vont commencer à mettre en évidence cette pollution et dès qu'il arrive à son terme le projet disparait. Il faut d'abord qu'on mette en place peut-être un comité de suivi du fleuve globalement. Du coup, ils seront obligés de laisser les données après que le projet ait fini d'être travaillé. »