L'opération de marquage d'armes de la police et de l'armée s'est clôturée ce jeudi 30 mars dans la ville de Beni. Soutenue et financée par le service de lutte anti-mines de la MONUSCO (UNMAS), elle avait pour objectif d'identifier des armes détenues par des policiers et des militaires afin d'en assurer un meilleur suivi.
Marquer une arme, c'est lui donner une identité pour mieux la contrôler et éviter ainsi qu'elle ne finisse entre des mains non autorisées.
«A la base, toutes les armes ont des numéros de série, des numéros de fabriquant, explique Grégoire de Nantes, chef du projet armes légères et de petit calibre d'UNMAS/MONUSCO. Le principe du marquage, c'est d'enregistrer au niveau national et de pouvoir faire un meilleur suivi de ces armes. Il est très important que ces armes soient marquées et enregistrées.»
Pour lui, le marquage d'armes est d'autant plus important dans une zone instable comme Beni où l'insécurité continue de faire des victimes civiles.
«Il faut marquer les armes les plus exposées au mouvement. Et en zones d'insécurité, c'est les armes les plus susceptibles de disparaitre, d'être volées soit lors d'un transfert massif d'armes d'une région à l'autre soit au niveau du combattant individuel qui est plus exposé au vol», fait savoir Grégoire de Nantes.
Il rappelle que des opérations similaires ont déjà eu lieu en Ituri et au Tanganyika avant 2021.
«Après une opération de marquage au Tanganyika, se souvient-il, il y a eu des armes qui avaient été marquées moins de trois mois auparavant et qui se sont retrouvées saisies dans des stocks illégaux dans la région du Tanganyika. Ça a permis de retracer tout de suite l'origine de ces armes. Ça a prouvé l'efficacité du marquage.»
Dans son mandat, UNMAS soutient le travail de la Commission nationale de contrôle des armes légères et de petit calibre (CNC-ALPC) mise en place par le gouvernement pour lutter contre la circulation illicite et la prolifération des armes en RDC.
Plus de deux mille armes marquées
Hervé Kalonda, chef de mission de la CNC-ALPC, venu de Kinshasa pour participer à cette opération révèle qu'au total 2 600 armes ont été marquées pendant les deux semaines où le marquage a été effectué. De son propre aveu, «il reste un besoin immense».
«Il y a plusieurs armes qui sont restées non marquées. Il y a un besoin urgent de marquage dans cette ville. C'est important pour la sécurité de la population», souligne-t-il.
Hervé Kalonda dit espérer que cette équipe va «revenir pour continuer l'opération».
C'est aussi le voeu du maire de Beni, présent à la clôture de cette opération.
Le commissaire supérieur principal Narcisse Muteba Kashale plaide pour que le travail de marquage des armes continue dans sa ville, encore en proie à l'insécurité.
«Nous sommes dans une zone où l'insécurité bat son plein. Nous avons des armes qui circulent ça et là dans cette ville. Cette cérémonie était importante pour nous pour qu'il y ait régularité des armes dans la ville. [...] Nous avons beaucoup à faire. C'est comme cela que j'ai demandé à cette équipe venue de Kinshasa de revenir parce qu'il y encore beaucoup à faire. Nous voulons qu'ils reviennent pour continuer l'opération», soutient-il.
De son côté, le chef de bureau de la MONUSCO a Beni, note que c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui demande que soient mises en oeuvre les mesures prises sur le plan national pour contrer la menace que représentent le transfert illicite, l'accumulation déstabilisante et le détournement d'armes légères et de petit calibre ainsi que le détournement d'armes au profit des groupes armés dans le pays.
Josiah Obat insiste sur le fait que parmi les tâches prioritaires de la MONUSCO, il y a la protection des populations civiles. Ce qui justifie ce soutien à la Commission nationale de contrôle des armes légères et de petit calibre dans cette opération de marquage des armes.
Ces opérations de marquage vont se poursuivre. Du 14 au 28 avril prochain, une autre sera organisée au Sud-Kivu. Comme le mentionne Grégoire de Nantes, «les provinces de l'Est sont les plus prioritairement ciblées».
Car pour lui, «le contrôle des armes légères et de petit calibre, ainsi que la lutte contre leur usage abusif est un pas important dans la réduction de la violence armée.»